La CNS reste dans le rouge
D'ici la prochaine quadripartite, les propositions d'un groupe de travail sur la protection à long terme devraient être disponibles.
La ministre de la Santé Paulette Lenert s'inquiète de la situation tendue dans les services d'urgence. © PHOTO: Chris Karaba
C'est, traditionnellement, la situation financière de la Caisse nationale de santé (CNS) qui est au centre de la quadripartite d'automne. La ministre de la Santé Paulette Lenert (LSAP) a annoncé, mercredi, à l'issue de la réunion, que les prévisions pour 2022 étaient légèrement moins bonnes que ce qui avait été estimé en mai dernier. Le déficit ne serait pas de 48 millions, mais de 55,1 millions d'euros, contre 55,7 en 2021. «Nous avions déjà constaté lors de la dernière quadripartite que les réserves devaient être activées. Cela se confirme maintenant».
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En 2023, celui-ci devrait être dix millions d'euros, «ce qui implique un petit décalage d'un ou deux ans avant que les réserves ne soient épuisées. Jusqu'à présent, nous comptions sur 2025-2026», a constaté la ministre. En 2021, la réserve de la CNS s'élevait encore à 903,2 millions d'euros (24,9% des dépenses annuelles), il en restera 848,2 millions en 2022 (22,1% des dépenses courantes). «Nous devons réfléchir à la durabilité, car les dépenses vont continuer à augmenter, notamment en raison de la forte inflation».
Les dépenses vont continuer à augmenter, notamment en raison de la forte inflation.
En attendant, le rapport du groupe de travail sur la viabilité financière à long terme de l'assurance maladie, initié lors de la quadripartite de printemps, en mai dernier, et chargé de proposer des pistes pour préserver l'équilibre financier, a du retard. Le groupe commence seulement à travailler, les premières propositions sont attendues pour la prochaine quadripartite.
Les services hospitaliers sont payés par l'État
«Mais l'évolution financière dépendra aussi des discussions qui auront lieu lors du Gesondheetsdësch (table ronde de la santé, NDLR) sur les prestations et services futurs, de la mise en réseau prévue du secteur hospitalier avec davantage de prestations ambulatoires dans leurs antennes et également du plan national de santé qui sera présenté à la fin de l'année», a souligné Mme Lenert. Elle a également annoncé que l'État «met sur la table une enveloppe plus importante pour financer les services de garde et d'urgence dans les hôpitaux» et que la CNS n'en serait pas affectée. Un accord avec le corps médical sur le montant de la rémunération n'a toutefois pas encore été trouvé.
Pour lutter contre la pandémie et ses conséquences, la CNS a préfinancé différentes mesures, comme le congé familial élargi, toujours en vigueur. Comme il ne s'agit pas d'une prestation typique de l'assurance maladie, la CNS se fait rembourser ces frais, estimés à 386 millions d'euros, par l'État : 200 millions en 2020 et 62 millions pour chacune des années 2021 à 2023.
«Pour l'instant, 37,5 millions d'euros doivent encore être versés, le chiffre exact dépendra de l'utilisation qui sera faite de ce congé à l'avenir», a expliqué Paulette Lenert mercredi. Le Parlement procédera prochainement à l'amendement correspondant à la loi spéciale de financement.
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L'accent a également été mis sur le thème récurrent, depuis 2016, du renforcement du remboursement des soins dentaires. Mme Lenert a annoncé des nouveautés concernant le remboursement des traitements de racines et des couronnes, mais aucun accord n'a encore été trouvé pour les amalgames dentaires (plombages) et les implants. Il y aura également un tarif pour les images 3D, qui sera basé sur un forfait dépendant de la durée de vie de l'appareil et non sur une location d'appareil. «Nous empruntons ainsi une nouvelle voie, qui sera également suivie pour les appareils IRM en dehors des hôpitaux et pour d'autres investissements».
Faire de la publicité pour les médecins de famille
Le groupe de travail sur les longs délais d'attente dans les polycliniques va également reprendre ses travaux. «Les assurés doivent davantage recourir à la médecine primaire et chercher un médecin de famille. C'est pourquoi nous voulons leur faire découvrir notre système de santé», a expliqué Mme Lenert. Car rien que dans les cliniques, l'affluence aux urgences a augmenté de 25%: «Nous espérons disposer d'une meilleure compréhension du phénomène d'ici la prochaine quadripartite».
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Le président de l'association de médecins AMMD, le Dr Alain Schmit, a salué le projet. «C'est une demande de longue date de notre part de promouvoir le fait que les patients prennent un médecin de famille. Sa place est importante». M. Schmit a regretté que les politiques ne soient pas conscients du caractère explosif de la situation des patients. «Il est urgent d'éviter que l'embouteillage des patients dans l'accès aux médecins ne s'aggrave».
Le représentant de l'association des entrepreneurs UEL, Jean-Paul Olinger, s'est en revanche inquiété des finances. «Les déficits de la CNS concernent aussi fortement la rentabilité des entreprises et de l'État, la pression sur les coûts est déjà très élevée», a-t-il averti. «Nous devons réfléchir, notamment aux dépenses de la CNS. Elles ont doublé entre 2014 et 2022, les seules indemnités de maladie s'élèvent à 900 millions d'euros par an».
Du côté des syndicats, on a rappelé qu'il fallait enfin faire bouger les choses en matière de remboursement des soins dentaires. «C'est là que les assurés doivent payer le plus, avec une moyenne de 50%», a déclaré Christophe Knebeler du LCGB. Il s'est dit déçu que l'Etat ne participe toujours pas davantage aux dépenses de maternité, d'autant plus que les dispenses ont fortement augmenté. Pour lui, il y a des dépenses qui ne doivent pas passer par la CNS, comme la participation de 20% aux frais de construction des hôpitaux.
Pour Lynn Settinger de l'OGBL, il ne faut pas économiser sur les prestations pour les assurés - dans ce cas, il faudrait plutôt augmenter les cotisations. Il faudrait surtout mettre fin aux doubles examens inutiles. «Les documents issus de différents systèmes informatiques doivent être conçus de manière à pouvoir être échangés».