La colère gronde dans les rangs
Quand un syndicat en vient à demander la démission du chef d'état-major de l'armée, c'est que la situation est grave. Le SPFP réclame ainsi des têtes mais surtout des mesures pour que les métiers de la force publique retrouvent leur attrait.
L'armée doit devenir plus attrayante : tel est le souhait du Syndicat professionnel de la force publique (SPFP). © PHOTO: Guy Wolff
(pj avec Steve Remesh) Le charme de l'uniforme n'opère plus au Grand-Duché. Les métiers de militaires, policiers, gardiens de prison, douaniers et même facteurs) peinent ainsi à recruter. Et lors de l'Assemblée générale annuelle du Syndicat professionnel de la force publique (SPFP), cette préoccupation a été centrale dans les débats. Un regret commun d'ailleurs avec le syndicat de police SNPGL et le syndicat de l'armée SPAL.
Et le ton de la rencontre a vite monté quand il s'est agi de commenter les initiatives prises par les plus hauts gradés concernés. Ainsi, ni le général Alain Duschène qui gère les troupes militaires, ni Philippe Schrantz, chef de l'administration de la police ne trouvent grâce aux yeux de Pascal Ricquier, président de SPFP, et ses militants. Avec un constant cinglant : «La force publique aura bientôt plus de véhicules que d'hommes».
Pascal Ricquier a parlé avec sa double casquette de président du syndicat SPFP et du syndicat de police SPFP. © PHOTO: Gilles Kayser
La tête du chef d'état-major a clairement été demandée. En effet, les syndicalistes ne tolèrent pas que leur vice-président se soit vu muté et ait subi des pressions de la part du général Duschène. Une enquête disciplinaire à l'encontre du haut gradé est donc réclamée. Son attitude ne viserait en effet qu'à rendre le travail syndical impossible dans l'armée.
Pour relancer l'intérêt de l'engagement, le syndicat a pourtant des propositions. A commencer par offrir de meilleures perspectives de carrières aux recrues, ou permettre aux jeunes de passer un diplôme de fin d'études secondaires alors qu'ils sont sous les drapeaux. Un rapprochement de l'état-major par rapport aux préoccupations des engagés serait également un plus appréciable.
Des policiers fatigués
Du côté de la police, le SPFP en vient à craindre pour la sécurité des hommes sur le terrain. Moins nombreux et surtout ne disposant plus du repos nécessaire entre deux prises de poste. Selon le syndicat, les heures supplémentaires des policiers dépassent l'entendement. Il serait question de 443 fois plus de dix heures de service prestées sur quatre mois, et 90 fois plus de douze heures pour les 70 agents du service de garde et de protection.
Autant de dépassements qui, regrettent le syndicat et ses partenaires, n'ont pas l'air d'émouvoir la hiérarchie. Compris le ministre de la Sécurité intérieure, François Bausch (déi Gréng) qui en a, lui aussi, pris pour son grade dans les critiques exprimées. Et si pour l'heure, aucun mouvement de contestation n'est prévu, l'ensemble des syndicats des forces publiques ont prévu de se retrouver en janvier 2020 pour discuter d'une possible action collective.