Virgule

La douleur et des questions après l'explosion du Waldhof

Après la terrible explosion au dépôt de munitions du Waldhof qui a coûté la vie à deux des siens, la famille de l'Armée luxembourgeoise est meurtrie. Tous ses drapeaux sont en berne. Les deux sous-officiers blessés sont toujours hospitalisés. L'enquête, elle, se poursuit.

Comment l'obus a-t-il pu exploser au dépôt de munitions du Waldhof alors qu'il n'y avait plus de détonateur? C'est une des questions-clefs auxquelles va tenter de répondre l'enquête.

Comment l'obus a-t-il pu exploser au dépôt de munitions du Waldhof alors qu'il n'y avait plus de détonateur? C'est une des questions-clefs auxquelles va tenter de répondre l'enquête. © PHOTO: Guy Jallay

Maurice Fick

Que deviennent les deux soldats blessés par l'explosion? Comment les soldats de l'Armée luxembourgeoise vivent-ils ce drame? Que sait-on de l'enquête? Au lendemain de l'explosion mortelle d'un obus au dépôt de munitions de l'Armée du Waldhof, qui a coûté la vie à deux démineurs expérimentés et a blessé deux sous-officiers du Centre militaire de Diekirch, l'affaire est sur toutes les lèvres. Faisons le point:

Drapeau en berne et minute de silence

L'explosion qui s'est produite jeudi à 10h30 sur le site de stockage de munitions a tué sur le coup deux démineurs du Service de déminage de l'armée luxembourgeoise (SEDAL) et blessé deux sous-officiers attachés au Centre militaire du Herrenberg à Diekirch, a profondément meurtri l'Armée. «Elle se caractérise par le fait d'être une grande famille. Nous travaillons tous ensemble, c'est plus qu'un simple travail. Cette situation est très difficile à vivre pour chacun», témoigne de l'intérieur la porte-parole de l'Armée luxembourgeoise. Les deux militaires de carrière expérimentés décédés sont connus de tous, vu le nombre d'années cumulées au service de l'Armée. Elle compte près de 1.000 hommes et femmes.

Ce vendredi matin tous les drapeaux se trouvant sur des enceintes de l'Armée ont été mis en berne.

Le général Duschène, chef d'état-major de l'Armée, a rassemblé ce vendredi à 11h30 ses troupes -militaires et civils- dans la grande salle du Centre militaire du Herrenberg à Diekirch pour les informer des faits, de l'état de santé des camarades blessés et surtout rendre hommage aux deux sous-officiers décédés, connus de tous. L'assistance, très nombreuse, a observé une minute de silence en leur honneur.

Une cérémonie d'adieu

Aucune date n'a encore été fixée pour l'heure quant aux funérailles des deux sous-officiers morts dans l'exercice de leur fonction. Le chef d'état-major de l'Armée luxembourgeoise a, par contre, déjà décidé qu'une cérémonie d'adieu aurait lieu -sans doute la semaine prochaine- dans l'enceinte du Centre militaire à Diekirch.

Le blessé grave «va s'en sortir»

Les deux sous-officiers du Centre militaire qui se trouvaient dans une autre zone du hangar où a eu lieu l'explosion et qui ont été blessés sont toujours hospitalisés au Luxembourg ce vendredi en fin de journée. Ils sont âgés de 41 et 44 ans.

L'un d'eux, blessé au point que son pronostic vital était engagé, avait été longuement opéré jeudi après-midi. «D'après les dernières informations, il va s'en sortir», explique la porte-parole de l'Armée luxembourgeoise. Son collègue, touché plus légèrement, «est toujours hospitalisé».

L'enquête: des questions restent ouvertes

L'affaire de l'explosion du Waldhof pose plusieurs questions, la principale étant sa cause. Mais aussi: comment l'obus de 40 kg de la Seconde Guerre mondiale a-t-il pu exploser alors qu'«il n'y avait plus de détonateur», comme l'a expliqué le général Duschène? C'est aux experts du service de déminage de l'Armée belge -dont six membres étaient au Waldhof jusque jeudi soir- de trouver la réponse. Elle pourrait être liée à l'âge de l'engin. Il est connu dans le milieu des expertises de déminage que la dégradation de l'explosif dans le temps peut rendre l'obus plus sensible, y compris à un choc même s'il n'est pas très violent.

Lire aussi :Les principaux points sur l'explosion mortelle du Waldhof

L'enquête confiée dès jeudi midi par le Parquet de Luxembourg à une juge d'instruction devra éclaircir les circonstances exactes de l'accident. Interrogé lors de la conférence de presse au ministère de la Défense, jeudi, le Procureur d'Etat adjoint n'était pas en connaissance des protections vestimentaires que portaient ou non les deux hommes tués au Waldhof.

Les autopsies réalisées ce vendredi matin au Laboratoire national de Santé à Dudelange et tous les prélèvements effectués sur place par la police technique du Service de police judiciaire apporteront leur lot de réponses aux enquêteurs.

«Impossible» pour l'heure de dire combien de temps nécessitera l'instruction du dossier, pose Henri Eippers, porte-parole de l'administration judiciaire avant de rappeler que «les juges d'instruction traitent en moyenne 200 dossiers».

Le ministre face aux députés

Accompagné du chef d'état-major, le général Duschène et du Procureur d'Etat adjoint, Georges Oswald, le ministre de la Défense François Bausch s'est retrouvé face à la commission de la Défense pour faire le point avec les députés sur cette affaire.

Il a notamment été question des modalités de stockage et de transport des obus d'artillerie comme celui qui a explosé au Waldhof. Trois ou quatre obus de ce type sont découverts et neutralisés chaque année au Luxembourg.

François Bausch a demandé qu'on laisse le temps aux experts en charge du dossier de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de l’explosion. Les modalités d'accompagnement des familles des victimes ont aussi été discutées.

Le couple grand-ducal au chevet d'un blessé

Le ministre et le chef d'état-major ont également été reçu en audience par le Grand-Duc et la Grande-Duchesse. En fin d’après-midi, tous se sont rendus au Centre hospitalier de Luxembourg, au chevet d’un des deux blessés.

Sur le même sujet