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La drôle d'année des transports gratuits

Monter dans bus, tram ou train sans débourser le moindre euro est devenu une réalité voilà tout juste un an. Une aubaine contrariée par la crise covid. Mais ce n'est que partie remise avant l'afflux des passagers, est persuadé le ministre de la Mobilité, François Bausch.

Patrick Jacquemot

Cela aurait dû être LA mesure-phare de 2020 : instaurer partout sur le territoire (et pour tous) la gratuité des transports publics. Sauf que le dispositif n'avait pas deux semaines à son actif que le covid venait lui voler la vedette. Un lockdown pour commencer, des craintes sanitaires, le passage en télétravail.... et alors qu'en ce mois de mars 2021, le ministère de la Mobilité devrait célébrer ce 1er anniversaire avec des chiffres de fréquentation élevés comme jamais, l'humeur est autre. Mais chacun comprend pourquoi.

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N'empêche du côté du ministre François Bausch, cet an II de la gratuité des bus, tram et trains est plus qu'attendu. «Je suis certain que lorsque le home-office aura moins d'effet dans la société, l'engouement pour les transports en commun reprendra de plus belle», assure l'écologiste. Et pour mieux en convaincre, il sort un chiffre : les pics à 42.000 passagers dans le tram enregistré certains jours de fin février. «La moyenne avant la crise était beaucoup plus basse. Donc dès qu'ils en ont la possibilité, les gens utilisent les liaisons qui leur sont proposées».

Marche avant

La gratuité, plus question d'ailleurs de faire machine arrière sur cette offre. «Je crois que chez beaucoup de monde, résidents comme frontaliers, c'était la dernière barrière à abattre pour convaincre du bien-fondé des transports en commun», estime avec le recul François Bausch. Mais le ministre pense aussi que le prix n'a pas été le seul élément incitatif pour que des milliers d'usagers décident de délaisser le siège de leur auto pour une place dans une rame de bus ou de train ou un fauteuil du tram.

«C'est bien parce que tout ce réseau était cohérent et massif que cela a fait sens», juge le ministre qui, à l'automne présentera sa vision des transports pour l'avenir. «Ce Plan de mobilité national 2035 ira plus loin dans l'offre de services et dans les nouvelles infrastructures à créer.»

Bientôt le feu vert

Car pas question pour le Luxembourg de se reposer sur ses lauriers. Car si, incontestablement, un pas immense a été fait pour faciliter les déplacements sur le pays, François Bausch ne se fait guère d'illusion : «Avec la sortie de crise, reviendront les anciens problèmes : engorgement des autoroutes, bouchons dans la capitale, wagons bondés, pollution».

A court terme, le ministre de la Mobilité sort quelques cartes de sa manche. La plus immédiate sera le redéploiement du réseau RGTR. Bus de nuit, cadencement rehaussé, liaisons le dimanche : jamais autant de cars n'auront autant sillonné le Grand-Duché. En espérant que les passagers suivent... Cet automne aussi, débuteront les premiers travaux d'élargissement de l'A3. Avec 2x3 voies de plus entre Luxembourg et Bettembourg à l'horizon, voilà qui devrait décongestionner cette portion d'autoroute.

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D'ici fin 2020, la gare centrale de Luxembourg disposera également de deux quais supplémentaires. Pas de quoi augmenter significativement le cadencement, mais un plus pour les CFL.

Des chemins de fer luxembourgeois qui, eux, ont vécu une année 2020 bien en deçà de leurs espérances. «Sur les dernières semaines, le nombre de clients à bord des trains était près de 39% inférieur à celui de l’année précédente au même moment.» Mais sur douze mois, la fréquentation sera bien moindre que les 25 millions de passagers pris en charge en 2019 (année record)...

En toute confiance

Pas sanitairement sûrs les transports en commun? François Bausch balaye les doutes d'un revers. «Déjà parce qu'aucune étude ne le prouve». Ensuite, argumente-t-il, parce que l'ensemble des passagers y portent un masque et que les trajets sont généralement brefs. «Difficile dans ces conditions d'imaginer le virus transformer une rame en cluster». Quant à la transmission par le contact des poignées, des boutons et autres accoudoirs, le ministre de la Mobilité n'y croit guère. «C'est par les voies aériennes que le covid circule le plus, bien moins que via les surfaces des matériaux qui nous entourent.»

Gel en cadeau

Toutefois, le ministre salue le respect des gestes barrières bien assimilés par la très grande majorité des usagers. Tout comme François Bausch applaudit les initiatives telles que celle des CFL «qui ont distribué près de 20.000 petits flacons de gel hydroalcoolique à leurs clients» (en plus d'avoir équipé en distributeurs 11 gares du pays).

Luxtram envisage de son côté d'équiper certains arrêts en distributeurs publics, là encore pour rassurer les usagers.

C'est LA réussite

Le 13 décembre, à la date promise, le tramway arrivait à la gare centrale. Un tronçon de plus, «le plus compliqué». Mais pour François Bausch, le déploiement de ce nouveau réseau de transports en commun en un claquement de doigt («cinq ans ce n'est rien») constitue un véritable motif de satisfaction. Et le ministre de la Mobilité voudrait bien en convaincre plus de monde : «Nous sommes partis de rien. Nous n'avons pas repris un tracé existant. Nous nous sommes faufilés dans un tissu urbain complexe. Nous avons tenu les délais malgré des météos et un virus qui ne jouaient pas en notre faveur».

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Début 2024, le réseau tram rejoindra l'aéroport du Findel. Avant cela, en 2022, les rails arriveront au pôle d'échange du lycée de Bonnevoie. La prochaine étape l'arrivée à Cloche d'Or fin 2023, avant de se lancer à la conquête du sud du pays. Un tram rapide étant espéré d'ici 2035 pour relier la capitale à Esch-sur-Alzette.

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