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Nature

La forêt se porte plutôt mal au Luxembourg

Le dernier inventaire phytosanitaire révèle que la plupart des arbres ne sont pas en bonne santé. Les pluies de l'été dernier vont sans doute aider à améliorer la situation mais la forêt doit mieux se préparer au changement climatique.

Ces dernières années, les arbres ont beaucoup souffert de la sécheresse et des parasites.

Ces dernières années, les arbres ont beaucoup souffert de la sécheresse et des parasites. © PHOTO: Getty Images/iStockphoto

Journaliste

Notre forêt n'est pas en grande forme. C'est le constat que dresse le dernier inventaire forestier. La santé de la forêt luxembourgeoise, qui couvre un tiers du territoire, s'est détériorée ces dernières années. La faute à des températures estivales extrêmes et des périodes de sécheresse de plus en plus longues. La forêt doit faire face à des pénuries d'eau et à la multiplication des parasites, qui l'affaiblissent.

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Lors de cet inventaire phytosanitaire, quelque 1.200 arbres ont été analysés sur 50 emplacements répartis sur l’ensemble de la forêt du Grand-Duché. Les cinq experts en charge de cette observation notent que l'importante dégradation de l'état de santé des forêts, qui a commencé en 2019, s'est quelque peu résorbé en 2021.

Les dommages constatés sur les arbres analysés sont notamment les conséquences des étés 2018-2020, marqués par des périodes de chaleur et de sécheresse ainsi que par des hivers peu pluvieux et peu enneigés. Bonne nouvelle: cette tendance à l'amélioration pourrait se poursuivre en 2022, grâce aux pluies de l'été 2021.

51,3% des arbres fortement endommagés

Les experts ont constaté durant l'inventaire réalisé l'été dernier que 51,3% des arbres, toutes essences confondues, ont été nettement voire fortement endommagés ou étaient des arbres morts. 16% des arbres étaient sains. Le reste (32,70%) a subi de légers dégâts.

Mais les dégâts observés sur le terrain varient d'une essence à l'autre. Ainsi, l'état de santé des hêtres reste particulièrement préoccupant et continue de se dégrader, constatent les experts. Seul 1,4 % des hêtres sont sans dégâts. Les arbres dépérissants et morts ont augmenté de 60 % par rapport à 2020, soit de 12 % à 19 % sur le total des hêtres observés.

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Pour les chênes, une amélioration de l'état sanitaire est constatée. Concernant les résineux, la forte dégradation de leur état de santé observée de 2018-2019 s’est stabilisée. Le nombre d'arbres sans dommages s'est même amélioré. La tendance selon laquelle plus du tiers des résineux sont en mauvais état s’est cependant confirmée en 2021.

«Une gestion proche de la nature»

Face à ce constat peu encourageant, «une gestion forestière proche de la nature n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui», insiste le ministère. Le gouvernement entend bien soutenir les propriétaires forestiers dans la gestion durable de leurs forêts afin de faire face au changement climatique. Au Luxembourg, 55% du territoire forestier appartient à des propriétaires privés.

Pour aider les propriétaires forestiers, une série d'outils a été mise en place dans le cadre du plan national intégré en matière d’énergie et de climat, afin d'améliorer la protection et la gestion durable des écosystèmes forestiers, tout en assurant un approvisionnement en bois durable et une amélioration de l’état de conservation des forêts.

Une prime et des incitants

Le programme «Klimabonus» valorise ainsi par une prime de base la mise en œuvre d’une sylviculture proche de la nature. En 2021, 299 dossiers ont été traités pour une surface d’environ 5.000 hectares dont 3.000 en zone protégée.

L'autre aide constitue en un règlement grand-ducal, en cours de publication, qui incite les propriétaires forestiers à continuer à améliorer et à renforcer tous les écosystèmes forestiers pour les rendre plus résilients face au changement climatique. Un défi majeur auquel vont devoir faire face nos forêts dans les prochaines années. Il est donc capital de mettre en œuvre dès aujourd'hui une gestion différenciée de la forêt qui puisse répondre à ce challenge.

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