Virgule

La ligne Bruxelles-Luxembourg peine à accélérer

Ce n'est plus une liaison ferroviaire, c'est un serpent de mer. Des années que le trafic des trains tourne au ralenti sur ces 226 km. Jeudi, les ministres des Transports belge et luxembourgeois ont réaffirmé leur attente d'aides européennes. Mais quand arriveront-elles?

Les deux ministres des Transports écologistes, Georges Gilkinet et François Bausch, aspirent au soutien de l'Union européenne pour conforter la liaison ferrée entre les deux capitales belge et luxembourgeoise.

Les deux ministres des Transports écologistes, Georges Gilkinet et François Bausch, aspirent au soutien de l'Union européenne pour conforter la liaison ferrée entre les deux capitales belge et luxembourgeoise. © PHOTO: Chris Karaba

Patrick Jacquemot

Un jour viendra où chacun pourra relier, en train, Bruxelles à Luxembourg en 2h37. Mais certainement pas pour l'horizon 2023, comme l'avaient avancé les deux Premiers ministres Charles Michel et Xavier Bettel. D'ailleurs ce jeudi, à l'occasion d'une conférence de presse commune, les deux ministres de la Mobilité belge et luxembourgeois se sont bien gardés d'avancer un quelconque agenda précis... Les 3h38 actuelles de voyage ont donc encore quelques beaux jours devant elles.

Lire aussi :Les trains de nuit restent sur la voie de garage

Ce n'est pourtant pas faute, côté belge, d'avoir entamé des travaux conséquents. Mais le ministre Georges Gilkinet l'avoue : compte tenu de ses finances, impossible de faire avancer le chantier à la vitesse du TGV. Il faudra se contenter de l'allure de l'escargot avant de voir aboutir la «modernisation » (entamée depuis 2007!) des 226 km de l'axe 3 du réseau ferré du royaume. «Trop souvent le rail a été la variable d'ajustement budgétaire par le passé», soupire ainsi l'écologiste qui pousse pourtant les navetteurs belges à abandonner la voiture au profit des wagons des lignes 161 et 162.

Côté luxembourgeois aussi, il tarde que la liaison entre les deux capitales (et donc celle avec les provinces voisines) retrouvent une vitesse commerciale et des flux qui puissent favoriser la mobilité transfrontalière.«De ce côté-ci, les investissements ont été faits.», murmure François Bausch (Déi Gréng). Et il n'est pas dans l'intention du Grand-Duché de mettre la main à la poche pour aider la Belgique à financer la pose de caténaires ou avancer une partie des sommes nécessaires pour rectifier la plupart des 130 courbes jalonnant le parcours ou changer rails et ballast, voire consolider certaines parois rocheuses (entre Ciney et Libramont).

Si le Luxembourg ouvrira son portefeuille, ce sera à la station suivante. Une fois la liaison optimisée en... «je ne préfère plus avancer de date». Alors et alors seulement, le ministère de la Mobilité pourrait convaincre les CFL d'aider à l'exploitation de la ligne. Notamment en mettant en circulation des rames permettant au moins de rejoindre les gares situées juste de l'autre côté de la frontière. Pour ce qui est des aides, c'est à la porte de l'Europe que Georges Gilkinet et François Bausch veulent toquer.

Enfin, pas seulement toquer. Mais se faire entendre surtout. «Parce que n'avoir obtenu que 70 millions d'aides européennes sur ce chantier, c'est trop peu», soupire-t-on côté Luxembourg. Même reproche côté belge où les euros manquent pour réaliser une infrastructure digne d'une liaison entre deux capitales de l'Union. Il y a bientôt un conseil des ministres des Transports européens et la conférence de presse de ce jeudi n'avait pour autre but, finalement, que de donner un nouveau coup de klaxon : «Il faut qu'un budget substantiel soit apporté... sans cela», laisse planer Gilkinet.

Sans cela les lignes 161-2 tiendront toujours du tortillard, malgré les attentes des frontaliers belges qui se rendent au Grand-Duché chaque jour (48.000). Et l'on se souviendra avec nostalgie du bon vieux train Jean-Monet qui, de 2009 à 2011, assurait autrement mieux la liaison entre les deux capitales voisines et amies.

Sur le même sujet

Sur le même sujet