«La loi et rien d'autre»
Greenpeace peaufine son appel contre la décision du tribunal administratif validant les modalités de construction, par Sotel, d'une ligne à haute tension en plein cœur d'une zone naturelle protégée. L'association réclame la stricte application de la loi et souhaite joindre au dossier un avis commandité auprès d'un expert français en matière d'environnement.
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Les travaux de construction d'une ligne à haute tenson de 2 x 225.000 volts par les sociétés Sotel et Créos – devant relier le réseau français au réseau luxembourgeois et alimenter des hauts fourneaux électriques d'Arcelor-Mittal, à Esch-sur-Alzette – sont à l'arrêt pour l'instant.
Et ce, sur base d'une décision du tribunal administratif ayant donné raison à Sotel mais contre laquelle Greenpeace, qui se bat contre ce projet depuis belle lurette, a interjeté un appel qui sera examiné à l'automne.
L'association considère que l'autorisation délivrée à Sotel par le ministère de l'Environnement s'est faite sans qu'une évaluation des incidences de cette ligne sur l'environnement naturel ait été effectuée et que Sotel se serait contentée d'une simple étude d'impact ne correspondant pas aux exigences légales.
«Toutes les zones Natura 2000 sont protégées à la suite d'études sérieuses et bénéficient d'une législation particulière pour éviter leur dégradation. Nous demandons simplement que cette législation soit appliquée sensu stricto au Luxembourg», a rappelé cette semaine Paul Delaunois, directeur de Greenpeace Luxembourg.
Sous la pression des industriels
Dans le cadre de la préparation de son appel, Greenpeace a commandité l'avis de Jean-Luc Mériaux, expert auprès de la cour d'appel de Douai et des juridictions administratives et par ailleurs consultant en Environnement, sur l'étude d'impact controversée.
Pour Roger Spautz, de Greenpeace Luxembourg, l'avis de cet expert est des plus clairs. Dans le respect de la loi luxembourgeoise et des textes communautaires, le ministre de l'Environnement n'aurait jamais dû accorder une autorisation pour la construction de cette ligne haute tension qui traverse une zone Natura 2000, sur la base d'une étude aussi lacunaire que celle réalisée par Sotel.
«C'est un cas classique au Luxembourg, les responsables de l'environnement cèdent à la pression des industriels et n'appliquent pas la législation en vigueur», a regretté Roger Spautz.
Dans ce contexte, Greenpeace a adressé une lettre au ministre délégué au Développement durable pour l'informer de l'avis de l'expert français et lui demander de suspendre immédiatement l'autorisation de construction accordée à Sotel jusqu'à ce que cette dernière présente une évaluation d'incidences comme l'exige la législation luxembourgeoise et européenne.