La lutte contre la chenille processionnaire s'organise
Afin de lutter contre l'insecte urticant, le ministère de l'Environnement étudie plusieurs pistes. Parmi elles, figure l'emploi de drones pour disperser un biocide sur les arbres envahis.
Les poils de la processionnaire du chêne sont particulièrement volatils et urticants. © PHOTO: Anouk Antony
Cet été, la municipalité de Guénange, non loin de Thionville (FR) a choisi d'employer un nouveau moyen pour atteindre les colonies de chenilles processionnaires s'attaquant à ses chênes: le drone. Facile d'utilisation, maniable, précis: l'appareil aspergeait un biocide, du Foray ES, sur les feuillages infestés. L'efficacité avait été au rendez-vous. Aussi pourquoi ne pas tenter cette méthode de ce côté-ci de la frontière?
La ministre de l'Environnement n'y est pas opposée. Et Carole Dieschbourg (Déi Gréng) l'a fait savoir dans une réponse parlementaire adressée au député Gusty Graas (DP) qui l'avait interpellée sur le sujet.
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C'est que la «Eichenprozessionsspinner» est devenue un problème au Grand-Duché depuis quelques années. Dès mai dernier, d'ailleurs, les larves avaient refait parler d'elles dans le pays. La Ville de Luxembourg signalait leur présence dans trois quartiers (Cents, Hamm et Bonnevoie). Un mois plus tard, toujours dans la capitale, deux parcs devaient être temporairement fermés au public. Et les exemples de se multiplier ainsi dans plusieurs communes.
Pourquoi chasser ces colonies aimant se regrouper dans les chênes? D'abord parce qu'elles nuisent aux arbres dont elles dévorent le feuillage. Ensuite, parce que les poils de ces petites bêtes constituent une nuisance pour la santé des hommes autant que des animaux.
En effet, ces poils -volatils par temps chaud et sec- peuvent venir se poser sur la peau et entraîner démangeaisons ou inflammations sérieuses.
La méthode de lutte la plus fréquente reste la pulvérisation via une intervention humaine directe. © PHOTO: Anouk Antony
Un groupe de travail est d'ores et déjà chargé de l'élaboration du plan d'action relatif à la processionnaire du chêne. Il étudie «différentes méthodes de lutte contre l'espèce, dont l'application de biocides par drone», informe la ministre de l'Environnement. Compris le drone.
Toutefois, il apparaît «prématuré de prendre position quant à l'efficacité de cette méthode et l'opportunité de son utilisation». Les craintes de la ministre portent notamment sur la nature même du biocide pulvérisé, plutôt que sur l'emploi d'un engin radiocommandé.
Agir au bon moment
Dans l'expérimentation lorraine, le Foray ES utilisé est ainsi non sélectif, «donc préjudiciable à d'autres insectes». Etant donné qu'aucun biocide n'est autorisé au Luxembourg pour la lutte contre la processionnaire du chêne, l'Administration de l'environnement étudie les différents biocides déjà utilisés dans les pays voisins. «Elle fera parvenir ses conclusions à la Direction de la Santé, à l'Administration de la nature et des forêts ainsi qu'aux autres partenaires du plan d'action», annonce Carole Dieschbourg.
Les scientifiques étudient notamment le juste produit à disperser sur les chenilles, et surtout à quel moment le faire. L'action préventive doit en effet avoir lieu avant le troisième stade larvaire, période où se forment les poils urticants.
En juin dernier, les ministres de l'Environnement et de la Santé avaient déjà évoqué la question de la chenille du chêne. Ils avaient pris une position plus radicale.«La méthode la plus efficace consiste à brûler et à aspirer les chenilles et leurs nids, de préférence tôt dans la saison, quand les poils urticants ne sont pas encore développés», expliquaient alors Carole Dieschbourg et Etienne Schneider.
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Et si la chenille reste un problème, l'été 2019 a vu aussi les tiques géantes faire leur apparition. La nature ne manque décidément pas de surprises pour l'homme.