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Le LCGB tire la sonnette d'alarme

La pénurie de médicaments courants inquiète

La Belgique, principal fournisseur de produits pharmaceutiques du Luxembourg, doit faire face actuellement à des ruptures de stocks qui s'aggravent. Au Luxembourg, la pénurie de médicaments couramment utilisés fait naître des craintes.

Généralement, des alternatives existent aux produits indisponibles.

Généralement, des alternatives existent aux produits indisponibles. © PHOTO: Shutterstock

Journaliste

Sirops contre la toux, traitements contre le diabète ou la sclérose en plaques... Ces dernières semaines, plus d'un malade peine à se procurer ces types de médicaments, pourtant couramment utilisés, dans les pharmacies luxembourgeoises.

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Si les ruptures de stocks de certains produits sont un phénomène connu, les pénuries de médicaments fréquemment utilisés le sont moins. Et elles se sont accentuées ces derniers mois. En 2022, le ministère de la Santé a reçu, en moyenne, une «cinquantaine de notifications d’indisponibilités temporaires de médicaments» par mois. Soit 22% de plus qu'en 2021.

Au Luxembourg, selon le ministère de la Santé, les pénuries «peuvent concerner tout type de médicaments et sont de durée variable». Cela concerne principalement «les médicaments agissant sur le système nerveux, le système cardiovasculaire, les anti-infectieux généraux et les médicaments agissant sur le tube digestif et le métabolisme», précise le ministère de la Santé.

Les ministres interpellés pour résoudre le problème

Ces rayons vides dans les pharmacies inquiètent tout particulièrement le syndicat LCGB, qui tire aujourd'hui la sonnette d'alarme et demande aux ministres de la Santé et de la Sécurité Sociale «d'aborder ce dossier de manière proactive et de s’engager pour une solution rapide à cette problématique.»

Les pharmaciens concernés ont fait savoir que ces ruptures de stock sont liées non seulement aux perturbations des chaînes d'approvisionnement, mais aussi au fait que le Luxembourg est dépendant d'autres pays pour s'approvisionner en médicaments. Et plus particulièrement de la Belgique, qui fournit 85% des produits pharmaceutiques qu'on trouve au Luxembourg, et qui rencontre également des problèmes d'approvisionnement.

Du côté belge, on explique que cette pénurie est due à la pression à la baisse sur les prix des médicaments, à la libre circulation en Europe et aux normes de qualité élevées imposées dans le secteur des médicaments, dont le processus de production est très complexe.

Une limitation en Belgique qui aura des répercussions?

Un point inquiète plus particulièrement le LCGB: la limitation que la Belgique aurait décidée sur l'exportation de médicaments qui présentent de manière récurrente des difficultés de livraison. Un arrêté royal a été publié courant du mois de janvier à ce sujet. Tous les médicaments ne sont cependant pas concernés par cette décision. «Il s'agira de médicaments vitaux pour lesquels il n'existe aucun substitut», nous a indiqué Sandrine Daoud, porte-parole du ministre fédéral belge de la Santé, Frank Vandenbroucke.

Ce dernier a expliqué à nos confrères de la RTBF que les grossistes devront d'abord demander un permis d'exportation pour un médicament qu'ils souhaitent vendre à l'étranger. Si l'indisponibilité est réelle, alors l'agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) pourra interdire l'exportation.

La Belgique étant le plus gros fournisseur de médicaments du Luxembourg, doit-on s'inquiéter que cette mesure vienne aggraver encore la pénurie rencontrée? Interrogé à ce sujet, le ministère luxembourgeois de la Santé se veut rassurant: la décision prise par la Belgique ne devrait pas avoir de répercussions au Luxembourg, d'après des échanges entre le ministère de la Santé et l'AFMPS.

«Des alternatives sont généralement disponibles»

Des informations révélées par nos collègues de Mediahuis en Belgique continuent cependant d'alimenter la crainte d'une aggravation de la situation au Luxembourg. Selon des informations des journaux Het Nieuwsblad, De Standaard et Het Belang van Limburg, la pénurie de médicaments serait plus grave que prévu dans le plat pays et concernerait, selon le premier grossiste répartiteur belge de médicaments, plus de 1.200 produits, au lieu des 326 annoncés par la plateforme spécialisée Pharmastatut. Ce serait donc près de 15% des médicaments disponibles sur le marché qui seraient pour l'instant en rupture de stocks.

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L’agence fédérale des médicaments a confirmé ces pénuries à nos collègues belges, mais en expliquant que des alternatives existaient en général pour remplacer un produit indisponible. Ce que confirme également le ministère de la Santé luxembourgeois, qui précise que des alternatives peuvent toujours être commandées dans d'autres pays.

Du côté des pharmacies au Luxembourg, on prend son mal en patience... Selon des témoignages d'assurés recueillis par le LCGB, aucune date exacte de réapprovisionnement ne peut actuellement être confirmée par les pharmaciens, «mais il semble fort probable que ces ruptures de stock s’étendent au moins jusqu’à fin mars 2023».

Arrêt de la fabrication de la Josacine

Dans ce contexte de pénurie, les autorités sanitaires françaises ont annoncé lundi que le fabricant de la Josacine, un antibiotique utilisé contre diverses maladies infectieuses, va arrêter la fabrication du médicament, qui va disparaître sous peu des pharmacies.

La Josacine est le nom commercial d'un antibiotique qui utilise la molécule josamycine. Celle-ci est utilisée contre diverses maladies infectieuses frappant les poumons, la gorge, les sinus... Or, «aucune autre spécialité à base de josamycine n'est disponible en France», prévient l'ANSM, alors que les derniers stocks devraient s'épuiser dès mars.

Cet arrêt est le fruit d'un choix du fabricant, qui l'a motivé par une «décision industrielle» sans plus de précision. La sécurité et l'efficacité du médicament ne sont pas en cause.

Le groupe a assuré qu'il avait prévu un plan pour permettre la présence pendant encore plusieurs années de la Josacine dans les étals. Mais, dans le contexte actuel de pénurie d'antibiotiques, les stocks se sont vidés bien plus que prévu.

Les médecins et pharmaciens peuvent se tourner vers des recommandations récentes des principales sociétés d'infectiologie, qui ont évalué comment remplacer au mieux la Josacine par des traitements de la même famille.

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