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Santé

La politique de don de sang est discriminatoire selon Paulette Lenert

La ministre de la Santé s’est prononcée sur la question des conditions requises pour faire don de son sang, fustigeant le maintien de l’interdiction pour les hommes homosexuels de faire partie des donneurs.

La Croix-Rouge a cessé d'interroger les donneurs de sang sur leur orientation sexuelle mais leur demande tout de même s'ils ont eu au moins un rapport sexuel avec une personne du même sexe.

La Croix-Rouge a cessé d'interroger les donneurs de sang sur leur orientation sexuelle mais leur demande tout de même s'ils ont eu au moins un rapport sexuel avec une personne du même sexe. © PHOTO: Shutterstock

L'interdiction faite aux hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes de donner du sang repose sur une politique discriminatoire, a déclaré vendredi dernier la ministre de la santé, Paulette Lenert (LSAP), dans une interview accordée à RTL.

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Les hommes qui ont eu des rapports sexuels avec d'autres hommes au cours de l'année écoulée n'ont pas le droit de donner des globules rouges et des plaquettes au Luxembourg.

Cette politique est injuste et n'est pas étayée par des faits selon la ministre de la Santé. «Ce qui pose problème, c'est le comportement sexuel à risque qui, selon nous, se réfère principalement au fait d'avoir des partenaires multiples», a-t-elle précisé.

La ministre de la Santé estime que «l'orientation sexuelle du donneur de sang ne devrait pas avoir d'importance aujourd'hui», d'après une réponse de Dora Da Costa, attachée de presse du ministère, au Luxembourg Times, dans un courriel envoyé le 24 mars.

La loi luxembourgeoise sur le don de sang est basée sur des données qui suggèrent que les rapports sexuels entre personnes de même sexe exposent les hommes à un risque plus élevé d'infection par le VIH, précise Michel Simonis, directeur de la Croix-Rouge, à RTL. Il a regretté que les données actuelles sur le risque de VIH se limitent à l'orientation sexuelle et à la toxicomanie, et a plaidé en faveur d'un examen plus approfondi.

Des critères d'acceptation des dons qui changent

Les critères d'acceptation des dons de sang sont en train de changer dans toute l'Europe, a d'ailleurs déclaré Paulette Lenert dans une question parlementaire à laquelle elle a répondu en juillet 2021.

Elle y soulignait également le changement de politique opéré par la Croix-Rouge en janvier 2021, qui a cessé d'interroger les donneurs de sang sur leur orientation sexuelle et leur a demandé à la place s'ils avaient eu au moins un rapport sexuel avec une personne du même sexe au cours des douze derniers mois.

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Auparavant, on demandait également aux donneurs de sang s'ils avaient eu des rapports sexuels avec des personnes du même sexe au cours de leur vie. «Ce n'est pas encore satisfaisant, mais c'est au moins un premier pas», avait à ce propos écrit l'organisation à but non lucratif LGBTQ+ Rosa Lëtzebuerg en juin 2021 en réponse au changement opéré par la Croix-Rouge.

La Croix-Rouge luxembourgeoise gère 17 sites de collecte de sang et parvient à répondre aux besoins du pays avec une moyenne de 80 dons par jour. Elle s'appuie sur un pool de plus de 13.000 donneurs réguliers. En 2021, environ 14.000 personnes ont donné leur sang, l'âge moyen étant de 43 ans.

En janvier, l'association a exhorté les gens à faire des dons pour reconstituer les stocks épuisés. Le groupe lance entre 1.500 et 1.700 appels aux dons chaque semaine.

Cet article a initialement été publié sur le site du Luxembourg Times (Traduction: Megane Kambala)

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