La tripartite se décide dans l'après-midi
C'est en conseil de gouvernement, ce mercredi, que le Premier ministre choisira (ou non) de rassembler les partenaires sociaux. Mais au sortir de leur rencontre avec Xavier Bettel, OGBL, LCGB et CGFP étaient optimistes sur une prochaine rencontre possiblement dans la première quinzaine de juillet.
Le Premier ministre a d'abord accueilli les syndicats avant de rencontrer les représentants du patronat. © PHOTO: Gerry Huberty
Le suspense n'est plus que relatif. Il y aura bien une tripartite dans les semaines à venir. Les syndicats y sont favorables, le patronat ne s'y opposera pas et Xavier Bettel (DP) a choisi ce 10 mai et la rencontre à Senningen avec chacun pour prendre le pouls sur cette attente. Une dernière fois cet après-midi il en discutera avec son conseil de gouvernement et, à 18h mercredi, la nouvelle devrait être confirmée.
En tout cas, au sortir de leur rendez-vous matinal avec le Premier ministre, aucun des trois syndicats (LCGB, OGBL et CGFP) n'en doutait plus une seconde. Reste à savoir si c'est leur coup de colère de lundi dernier, l'urgence de la situation ou le respect du dialogue social "à la luxembourgeoise" qui aura primé dans cette décision. «Il faut parfois savoir ne plus regarder en arrière, avançait en vieux sage des joutes d'influence Patrick Dury, président du LCGB. Là, le Premier ministre nous a écoutés, il veut notre avis, ne gâchons pas le moment.»
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Pour l'heure, les trois syndicats ont été informés de la situation générale du pays. La situation sanitaire s'améliore, mais les principaux ministres impliqués dans la gestion de crise (parmi les sept présents) sont revenus sur l'état des lieux. Finances publiques, sécurité sociale, aides aux entreprises et bien entendu marché de l'emploi: les détails ont été donnés à des syndicats avides d'informations et plein d'interrogations. Avec ce premier soulagement partagé : la progression du chômage ne serait «pas aussi catastrophique - pour le moment- qu'attendu», dixit Nora Back.
Attention, précarisation
Mais la présidente de l'OGBL se montre prudente : «D'abord parce que l'Adem ne publiera les vrais chiffres officiels que le 20 juin. Ensuite parce que les chiffres révèlent aussi des tendances qui nous préoccupent». Ainsi, les employeurs du pays ne seraient plus très chauds à signer des CDI, préférant des contrats à durée déterminée. «Je comprends l'incertitude des employeurs, mais il ne faut pas que la sortie de crise se traduise par une précarisation de l'emploi. On sait que cela affecterait non seulement le climat social mais même l'équilibre des individus», indique la responsable syndicale.
Un avis rejoignant le récent constat du Statec qui révélait que près de 25% des résidents se sentaient en situation de fragilité face au marché de l'emploi.
Pour le secrétaire général de la CGFP, la rencontre du jour a bien porté ses fruits. «Ton cordial mais l'on s'est dit des choses», résume ainsi Steve Heiliger. Le syndicat faisant part, notamment, de son regret que le gouvernement n'ait pas sollicité l'avis de la Chambre des fonctionnaires et des employés publics lors de la mise en rédaction des projets de loi covid. «Il y a eu un problème d'écoute que la Confédération et les autres partenaires regrettent, d'autant que nous avons aussi notre part de la solution qui permettra au pays de s'en sortir.»
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Et de réclamer au passage plus de concertation au sujet de la protection des données sanitaires que le gouvernement souhaiterait voir stocker jusqu'à six mois, ou moins d’excès dans certaines mesures coercitives. «On parle à un moment de pouvoir interner toute personne infectée par le virus et qui ne respecterait pas les règles d'isolement, ça va loin...» Aussi, oui, les trois syndicats ont redit d'une seule voix leur attachement à la tenue de la tripartite. Plus que quelques heures à attendre pour savoir s'ils ont bien été entendus.