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«Le chef d'état-major doit être limogé»

Le Syndicat Professionnel de la Force Publique (SPFP) réclame le limogeage du général Duschène pour avoir menti dans l'affaire Schleck. L'adjudant-chef n'aurait jamais signé un document pour accepter une mutation au sein de l'armée. Il se retrouve muselé de fait.

De gauche à droite: Patrick Frantz, président honoraire du SPAL, Pascal Ricquier, président du SPFP, et Christian Schleck, président du SPAL.

De gauche à droite: Patrick Frantz, président honoraire du SPAL, Pascal Ricquier, président du SPFP, et Christian Schleck, président du SPAL. © PHOTO: Steve Eastwood

Maurice Fick

Dans cette affaire devenue politico-syndicale, le Luxembourg pourrait comparaître devant l'Organisation internationale du travail, une agence de l'ONU, pour atteinte à la liberté syndicale en matière d'emploi. Une menace clairement brandie par Romain Wolff, président de la CGFP, lundi soir au Parc-Hôtel Alvisse à Dommelange.

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Au cœur de la «causa Schleck», l'atteinte à la liberté syndicale et tous ses comportements «extrêmement graves», comme l'a expliqué le SPFP ce mardi matin dans le même hôtel, pourrait porter préjudice au général Alain Duschène. Aux yeux du syndicat qui a décortiqué en long et en large l'affaire, telle que Christian Schleck l'a vécue au sein de l'armée, «il ne peut y avoir qu'une seule sanction: le chef d'état-major doit être limogé», conclut Pascal Ricquier.

Au centre de l'affaire, l'adjudant-chef Christian Schleck, ne s'adresse à la presse qu'à travers son avocat Me Marc Kohnen.

Au centre de l'affaire, l'adjudant-chef Christian Schleck, ne s'adresse à la presse qu'à travers son avocat Me Marc Kohnen. © PHOTO: Steve Eastwood

Au cœur de la «causa Schleck», l'atteinte à la liberté syndicale et tous ses comportements «extrêmement graves», comme l'a expliqué le SPFP ce mardi matin dans le même hôtel, pourrait porter préjudice au général Alain Duschène. Aux yeux du syndicat qui a décortiqué en long et en large l'affaire, telle que Christian Schleck l'a vécue au sein de l'armée, «il ne peut y avoir qu'une seule sanction: le chef d'état-major doit être limogé», conclut Pascal Ricquier.

La demande de sanction n'est pas nouvelle. Le président du SPFP avait déjà demandé la destitution du numéro 1 de l'armée luxembourgeoise, fin novembre lors de l'Assemblée générale annuelle du syndicat. Ce qui avait d'ailleurs provoqué une démission en bloc de neuf membres du SPAL, le Syndicat Professionnel de l'Armée Luxembourgeoise, dirigé par Christian Schleck. Un sujet volontairement écarté, pour l'heure, par le SPFP.

«Merci et bonne assemblée générale»

Lors de cette conférence de presse marathon, Pascal Ricquier a présenté la chronologie précise des faits du point de vue syndical. En essayant de montrer la manière dont la direction de l'armée aurait fait pression et finalement écarté le président du SPAL aux propos trop virulents sur les conditions de travail réelles au sein de l'armée.

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«Le 13 mai à 16h57, précisément une demi-heure avant le début de l'assemblée générale annuelle du SPAL, Christian Schleck a reçu un sms pour le convoquer à un rendez-vous afin de discuter de son avenir au sein de l'armée luxembourgeoise. Le sms se termine par "Merci et bonne assemblée générale"», raconte Pascal Ricquier.

Petite nuance au moment de signer

Un sms d'intimidation qui signifie: «Fais attention à ce que tu dis», décrypte Pascal Ricquier et qui «ne doit rien au hasard», sait bien Patrick Frantz. Le président honoraire du SPAL qui a été muté «x fois au sein de l'armée» juge, au vu de sa longue expérience syndicale au sein de la «grande muette», que l'affaire Schleck est «un coup monté» et qu'«ils veulent juste lui poser une muselière».

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Tout en dénonçant les dysfonctionnements au sein de l'armée, le président du SPFP assure que jamais l'adjudant-chef Schleck n'a signé un document dans lequel il s'est dit d'accord avec les mutations proposées. Le 3 juin 2019, il a fini par apposer sa signature sur le formulaire qui lui avait été soumis par le chef d'état-major.

Mais il y a une nuance. Il a signé «avec les réserves les plus expresses formulées de façon écrite en précisant qu'il n'était absolument pas demandeur d'une nouvelle affectation et que même à l'avenir il n'acquiescerait pas à un quelconque changement de poste», souligne Pascal Ricquier.

© PHOTO: Steve Eastwood

Il précise que le général Duschène «omet d'indiquer» la nuance dans le courrier que le chef d'état-major a adressé au ministre de la Défense (déi gréng), François Bausch. De sorte que Henri Kox, ministre délégué à la Défense (déi gréng) est induit en erreur, à en croire le SPFP, lorsqu'il assure devant les députés que le formulaire avait été paraphé par toutes les parties.

Mutation sanction opérée

Dans les faits, l'adjudant-chef syndicaliste «ne peut pas refuser un poste, sans quoi c'est un refus d'ordre. Il a dû accepter un poste même s'il n'est pas d'accord», explique Pascal Ricquier. Car «c'est un système militaire. Ce que les gens ne comprennent pas toujours».

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Christian Schleck a compris le système à ses dépens. Depuis ce lundi 9 décembre 2019, il est officiellement affecté au poste dit BOA. Les initiales de «Bureau d'Ordre Auxiliaire». Un poste qui place désormais le président du SPAL dans une position très délicate. Le BOA «ce n'est pas secret mais top secret. Et quoi qu'il sorte, on se retrouve dans le volet pénal», prévient Pascal Ricquier.

En clair «dès qu'il sera à ce poste, il ne pourra plus prendre position dans son comité», pose Me Marc Kohnen, l'avocat de Schleck. S'inscrivant du coup, en faux, aux propos de Henri Kox qui avait assuré le 4 décembre que Schleck pourrait poursuivre ses activités syndicales. «Si l'armée avait été équitable elle aurait dit à Schleck: "vous devez arrêter votre activité syndicale"», conclut Pascal Ricquier. Mais il connaît le «système».

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