Le covid motive l'Inspection du travail
La cinquantaine d'inspecteurs de l'ITM n'a pas chômé depuis l'apparition du virus. Depuis avril, ils ont réalisé pas moins de 1.629 contrôles d'entreprises ou de chantiers pour vérifier que tout était fait pour préserver les salariés d'un risque d'infection.
Seules une dizaine de sociétés ont dû être fermées pour non-respect des règles de prévention covid, signale le directeur de l'ITM, Marco Boly. © PHOTO: Alain Piron
20 mars - 19 avril. Six semaines de lockdown décrété par le gouvernement, et six semaines pendant lesquelles l'Inspection du travail et des mines (ITM), elle, a été chaque jour en alerte. «Au démarrage de ce confinement notre mission était d'un genre inédit, puisqu'il s'agissait de vérifier qu'effectivement les entreprises non essentielles avaient bien cessé leur activité.» Un mois et demi donc, pour les équipes dirigées par Marco Boly, à tourner dans tout le pays afin de contrôler que les machines étaient bien à l'arrêt et les personnels chez eux...
Depuis, le covid n'a cessé de bouleverser le quotidien des entreprises, des ateliers, des bureaux. Et par ricochet les journées des 51 inspecteurs du travail en action au Luxembourg. «Ainsi, depuis le printemps nous avons réalisé 1.629 contrôles en lien avec l'application des règles sanitaires covid-19», indique le directeur de l'ITM. Un Marco Boly pas peu fier de ses équipes qui, elles-mêmes exposées au risque d'infection, ont su rester mobilisées pour ces visites de terrain. «Car, nous aussi, avons été frappés par ce virus. Deux cas positifs qui ont pu être isolés avant d'infecter plus de personnes autour.»
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A nouveau risque, nouveau protocole. Les inspecteurs disposent désormais d'une check-list spécialement adaptée à l'épidémie en cours. Une fois arrivé, l'agent ITM va ainsi analyser le bon respect des consignes émises auprès des employeurs. De l'affichage des consignes de sécurité à la mise à disposition des produits d'hygiène recommandés en passant par l'aménagement des postes de travail ou le bon emploi des moyens de transports professionnels (comme les camionnettes de chantier).
Tout comme les visites ont aussi pour but de vérifier que c'est bien l'employeur qui assume la charge financière des protections exigées et non le salarié... «Fort heureusement, le bilan actuel est positif : une dizaine d'entreprises ont dû être mises à l'arrêt, une dizaine d'autres se sont mises dans les règles après un rappel écrit et un ''recontrôle'', dévoile Marco Boly. Cela fait donc peu de moutons noirs.»
Un œil sur le télétravail?
Syndicats et patronat peaufinent actuellement une nouvelle convention sur le télétravail. Depuis le récent débat public à la Chambre, le ministre du Travail a fait savoir que l'accès à cette pratique, demain, ne serait «ni un droit, ni une obligation». Mais quel rôle tiendra l'ITM dans le contrôle de cette autre forme de mission? Son directeur répond cash : «Aucun. Dans la mesure où il n'y aura pas de loi, nous n'aurons pas de cadre légal pour intervenir au domicilie des salariés pour vérifier s'ils sont suffisamment confortablement installés ou équipés en toute sécurité.»
Mais, dans le milieu professionnel comme dans le reste de la société, le directeur craint que la vigilance ne vienne à baisser avec le temps. «Pourtant la lutte contre ce virus est une course de longue haleine. De notre côté, nous poursuivrons ce marathon de veille.» Avec comme atout pour durer la montée en puissance constante des effectifs de l'ITM. «Si les résultats aux examens sont bons, nous devrions gagner une dizaine de nouveaux inspecteurs d'ici fin 2020.» A des années-lumière des douze agents en place en 2016 encore...
Sachant que, virus ou pas, l'Inspection se doit aussi de continuer ses visites ordinaires. Là encore, les renforts recrutés se traduisent par une efficacité accrue sur le terrain. L'ITM a ainsi déjà pu effectuer 7.996 contrôles ''classiques", en à peine dix mois. Un total qui a déjà dépassé le bilan record de l'an dernier avec 5.682 contrôles menés.
L'occasion pour Marco Boly, ancien d'ArcelorMittal, de la Croix-Rouge ou de Cita, de rappeler que son Inspection n'a pas vocation à fliquer les sociétés. Lui préfère parler de «plus-value pour le monde du travail». En expliquant : «Dans notre rôle de police sociale, nous sommes là pour soutenir les entreprises afin qu'elles préservent leur force de travail d'un risque d'accident ou de maladie, et donc qu'elles conservent leur force de frappe économique.» Partenaire plutôt que surveillant général donc.