Le déficit de la CNS se creuse de plus en plus
En 2023, le solde des opérations courantes devrait être négatif, à -9,7 millions d'euros, et ceci pour une quatrième année d'affilée.
Les dépenses augmentent donc largement plus que les recettes, impactant grandement les réserves financières. © PHOTO: D.R.
En octobre dernier, Paulette Lenert (LSAP), la ministre de la Santé, tirait déjà la sonnette d'alarme à propos des finances de la CNS. Elle annonçait que les prévisions pour 2022 étaient légèrement moins bonnes que ce qui avait été estimé en mai dernier, parlant d'un déficit de 55,1 millions d'euros contre les 48 millions attendus. Pour rappel, celui-ci avait atteint 55,7 millions d'euros en 2021.
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Un bilan budgétaire confirmé à son tour par la Caisse nationale de Santé cette semaine. «Le déficit sur les opérations courantes de l'AMM (Assurance Maladie-Maternité) perdure avec, pour 2021, un résultat négatif sur les opérations courantes de -55,7 millions d'euros et, pour 2022, un résultat négatif estimé sur les opérations courantes de -55,3 millions d'euros», entame-t-on dans un communiqué.
Les dépenses augmentent donc largement plus que les recettes, impactant grandement les réserves financières. Et la situation n'ira pas en s'arrangeant en raison du nombre croissant d'assurés et de l'inflation qui devrait impliquer une augmentation des dépenses. Et ce, malgré la fin de la crise sanitaire. «En 2023, le solde des opérations courantes est prévu pour rester négatif avec -9,7 millions d'euros, et ceci pour une quatrième année d'affilée», commente ainsi la CNS. «Selon les prévisions, le rapport entre la réserve globale et les dépenses courantes passera de 24,9% en 2021 à 21,6% en 2022 et à 19,8% en 2023.»
Un système qui se fragilise davantage
De son côté, l'État contribuera en 2023 au financement des mesures Covid-19 avec une dotation supplémentaire à celle de 2020 de 37,5 millions d'euros. «La dotation spéciale maternité de 20 millions d'euros à charge de l'État est encore due jusqu'au 31 décembre 2023, au-delà de cette date, il n'y a plus de base légale. Il importe de rappeler que malgré la dotation de 20 millions d'euros perçue depuis la réforme du système de santé de 2010, l'AMM est en présence de moins-values de recettes concernant le volet maternité».
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Autant dire que la CNS est de plus en plus affaiblie financièrement, les recettes courantes ne permettent pas de financer les dépenses courantes. «Le contexte géopolitique et inflationniste actuel risque de fragiliser davantage le système de financement de l'AMM. Pour la CNS, la situation financière actuelle de l'AMM exige un comportement responsable de tous les acteurs du système en matière de consommation de prestations et de discipline budgétaire ainsi qu'une collaboration constructive de toutes les parties prenantes pour rendre le système de santé plus efficace et efficient dans les années à venir», conclut la CNS.
Pour rappel, les sources de financement du régime luxembourgeois d'AMM proviennent à 98% de cotisations payées par les assurés, les employeurs et l'Etat. Au niveau des dépenses, environ 83% proviennent des soins de santé, et 14% des indemnités pécuniaires. Les dépenses restantes comprennent entre autres les frais administratifs.
En 2023, l'AMM du Luxembourg couvrira une population protégée prévisible d'environ 955.300 personnes, dont deux tiers de résidents et un tiers de non-résidents.