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Le détournement de fonds à l'ADEM en cinq questions

24 heures après l'annonce d'un détournement de fonds par un agent de l'administration pour l'emploi, de nouveaux éléments émergent sur l'affaire et son contexte.

© PHOTO: Anouk Antony

Par Marc AUXENFANTS et Maurice FICK

Mercredi soir, l'ADEM a informé la presse qu'un de ses agents aurait «détourné des fonds» au sein de son administration. Contactée par nos soins, l'ADEM reste muette mais plusieurs questions se posent:

De quel département de l'ADEM s'agit-il?

Le département «Administration des fonds» cité par l'administration dans son communiqué daté de mercredi en fin de journée, et dans lequel «l'un de ces agents» travaillait, n'existe pas en tant que tel dans l'annuaire de l'Agence.

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Le collaborateur qui aurait détourné des fonds travaillait au sein du service chômage de l'ADEM, comptant 41 personnes réparties sur cinq sites dans le pays. Ils sont douze à Luxembourg-Ville et une grande partie, 22 personnes, travaillent à Esch-sur-Alzette. Le service chômage assure les versements des prestations de chômage aux demandeurs d'emploi.

Les collaborateurs de l'ADEM ont-ils été informés?

Plusieurs collaborateurs de l'ADEM ont indiqué à wort.lu/fr qu'ils avaient été informés ce mercredi soir, par un message posté sur l'intranet de l'Agence pour le développement de l'emploi.

«Oui, nous avons été briefés tout de suite mercredi par un mail nous informant qu'il y avait eu un incident en interne et qu'un collaborateur avait eu un comportement inadapté en détournant de l'argent», confirme un agent qui préfère garder l'anonymat.

Ordre a clairement été donné de ne pas communiquer vers l'extérieur sur l'affaire. Ce jeudi matin, une nouvelle communication interne plus détaillée redemandant d'être discret, est arrivée dans les boîtes mails des 580 collaborateurs.

Qui contrôle les comptes de l'ADEM?

Les comptes sont audités par la Direction du contrôle financier. Contactée par wort.lu/fr, cette dernière n'était pas en mesure de répondre à nos questions ce jeudi après-midi.

Cependant, la Cour des Comptes peut également effectuer un contrôle spécial des comptes de l'ADEM, à la demande de la Chambre des députés. Celle-ci passe alors en revue le fonctionnement financier, les procédures, ainsi que toutes les opérations financières de l'établissement étatique. Elle établit ensuite un rapport qu'elle envoie aux parlementaires. De par le passé, cette procédure n'a encore jamais eu lieu.

Quand les députés en sauront-ils plus?

Les députés siégeant à la Commission du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale seront informés mercredi 24 avril 2019 sur le fond de l'affaire par Dan Kersch, le ministre du Travail tutélaire de l'agence pour l'emploi. Les parlementaires sont convoqués à 8 heures.

Lire aussi :Détournement de fonds à la CNS: deux agents falsifiaient les factures

Réagissant à la disponibilité du ministre du Travail, le groupe parlementaire CSV, a demandé ce jeudi matin, par le biais de sa présidente Martine Hansen et du député Marc Spautz (par ailleurs vice-président de la commission) que cette réunion soit convoquée afin d'«obtenir plus d'informations» sur le détournement de fonds au sein de l'ADEM.

Que dit la CGFP, le syndicat des fonctionnaires?

Difficile de dire si le collaborateur incriminé dans l'affaire dispose ou non du statut de fonctionnaire d'État. Parmi ses 580 collaborateurs l'ADEM compte en effet des fonctionnaires mais aussi des personnes détachées, des consultants, des indépendants et des employés. Tous sont soumis au «code de conduite ADEM» qui tient en six pages et traite de questions déontologiques sur la loyauté et l'intégrité, la protection des données ou encore du comportement sur le lieu de travail.

Fait est que «nous n'avons pas été approchés jusqu'à présent et que nous ne disposons pas d'informations autres que celles divulguées par la presse, sur ce cas précis», indique le responsable de la communication de la Confédération générale de la fonction publique (CGFP).

Le seul syndicat de la fonction publique au Luxembourg souligne toutefois que «le taux d'agents publics qui ne respectent pas la bonne conduite est extrêmement faible, ce sont vraiment des cas isolés. La très grande majorité des agents sont sérieux, responsables et travaillent de manière engagée.» Le credo lors des négociations salariales de la CGFP avec son patron, l'État luxembourgeois, est que des rémunérations correctes permettent justement d'éviter dysfonctionnements et corruption.

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