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Le DP égratigné par les résultats des législatives

En 2013, il n'y avait aucun moyen de contourner le DP. Mais cinq ans plus tard, les libéraux ont perdu une partie de leur splendeur et une carte pourrait être jouée par le CSV.

Si les négociations de coalition entre le DP, le LSAP et les Verts échouent, Xavier Bettel et les libéraux pourraient toujours rester dans le jeu avec le CSV.

Si les négociations de coalition entre le DP, le LSAP et les Verts échouent, Xavier Bettel et les libéraux pourraient toujours rester dans le jeu avec le CSV. © PHOTO: Guy Jallay

16,91% des voix et 12 sièges à la Chambre des députés. Le résultat du DP aux dernières élections est impressionnant et ce malgré des prévisions contraires. C'est un fait: les libéraux ont presque réussi à maintenir leur bon résultat de 2013 grâce au soutien actif des Verts. Il peut donc espérer la poursuite de la coalition et même en revendiquer la tête.

Pourtant, si l'on y regarde de plus près, de petites imperfections apparaissent. Si la perte de 1,34 point de pourcentage au niveau national n'est pas dramatique, celle de 6,58 % des suffrages dans la région Nord l'est. Les deux meilleurs candidats du DP, Fernand Etgen et Marc Hansen, n'ont pas réussi à recueillir plus de 17.000 voix dans l'ancien fief de Charel Goerens, au profit de la députée CSV, Martine Hansen, qui s'est démarquée dans cette région avec un score de 20.249 voix.

Dans le Sud, l'équilibre est mitigé: Pierre Gramegna a obtenu un excellent résultat pour sa première participation aux législatives avec un score de 18.383 voix et s'est classé en tête sur la liste du DP aux détriment du ministre de l'Education nationale, Claude Meisch qui a perdu 6.728 voix. Grâce au ministre des Finances, le parti libéral obtient tout de même 11.8% des suffrages.

Corinne Cahen est la vraie gagnante du DP.

Corinne Cahen est la vraie gagnante du DP. © PHOTO: Pierre Matgé

Dans l'Est, les deux députés Lex Delles et Gilles Baum se portent étonnamment bien. Et au Centre, le candidat national, Xavier Bettel, a obtenu le meilleur résultat des quatre meilleurs candidats, même s'il a subi quelques légères pertes.

Alors qu'il avait obtenu 32.064 voix, lors de sa fulgurante ascension en 2103, il obtient cette fois-ci, 30.774 voix. Le DP avait pourtant misé pleinement sur lui lors de la dernière phase de sa campagne.

Corinne Cahen: la vraie gagnante du DP

La présidente du parti, Corinne Cahen, a encore amélioré son excellent résultat de 2013 alors qu'elle participait pour la première fois aux élections.

Bien qu'elle ait été critiquée à plusieurs reprises pour ses décisions en tant que ministre de la Famille, elle a quand même réussi à améliorer son score et passe de 13.822 à 19.471 voix. Elle termine en deuxième position derrière Xavier Bettel, mais remplace Lydie Polfer qui se retrouve en troisième position. Corinne Cahen est la vraie gagnante du parti libéral. Ces résultats devraient d'ailleurs apaiser les critiques internes du parti.

Il y a des nouveaux visages dans la délégation du DP: le secrétaire général Claude Lamberty, le vice-président Lex Delles et le ministre des Finances Pierre Gramegna sont assis à la table des négociations pour la première fois.

Il y a des nouveaux visages dans la délégation du DP: le secrétaire général Claude Lamberty, le vice-président Lex Delles et le ministre des Finances Pierre Gramegna sont assis à la table des négociations pour la première fois. © PHOTO: Pierre Matgé

Il n'est donc pas surprenant que ce soit elle qui dirige les négociations de pourparlers de coalition pour le DP, même si elle n'a aucune expérience dans ce domaine. En 2013, elle n'était pas encore membre et elle n'a repris la présidence du parti de Xavier Bettel qu'en novembre 2015.

Le secrétaire général de DP, Claude Lamberty, le vice-président, Lex Delles, et le ministre des Finances, Pierre Gramegna, sont également nouveaux dans ce domaine. En raison du programme de rajeunissement interne du parti, les "vieux loups" manquent à l'appel. Seuls Lydie Polfer, Fernand Etgen et Claude Meisch étaient déjà à la table des négociations en 2013.

Avec des poids lourds comme Etienne Schneider, Alex Bodry et Nicolas Schmit pour le LSAP et François Bausch, Félix Braz et Carole Dieschbourg pour les Verts, les délégations des deux autres partis sont plus fortes.

Cela pourrait s'avérer désavantageux pour le DP qui subit des pressions de part et d'autre, malgré l'esprit de solidarité invoqué par tous les partis.

En tant que vainqueurs des élections, Déi Gréng va se battre avec acharnement afin de convertir leur victoire sensationnelle en influence politique. Cette fois-ci, ils ne se contenteront pas des trois ministères auxquels ils ont eu droit en tant que partenaires subalternes de la dernière législature.

Les socialistes sont dans une position de départ difficile en raison de leur faible score aux élections mais le LSAP fera aussi des demandes, après tout, il doit satisfaire ses électeurs.

Pour sa part, le DP laisse derrière lui deux des plus grands chantiers politiques de la dernière législature: le logement et l'éducation. Cela crée de la convoitise parce que les deux partenaires gouvernementaux potentiels doivent tenir leurs promesses électorales. Mais les Verts pourraient également jeter un coup d'œil au ministère de l'Agriculture, qui a été jusqu'à présent géré par le DP.

DS traduit par VO

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