Le général Duschène contre-attaque
Trois semaines après le déclenchement de l'affaire Schleck, le chef d'état-major réplique pour la première fois et assure qu'il n'a pas muté d'office l'adjudant-chef en raison de son activisme syndical. Un poste lui a été proposé ce mercredi. Christian Schleck a huit jours pour se prononcer.
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Non, l'adjudant-chef Schleck n'a pas subi de mutation sanction au sein de l'armée. C'est en substance le message livré par le général Duschène au Luxemburger wort ce mercredi. «M. Schleck n'a pas encore été muté. Pour l'administration, il est toujours à son poste de sous-officier du Bureau d'Information de l'Armée (BIA)», rétorque le numéro 1 de l'armée luxembourgeoise aux accusations portées contre lui par le président du Syndicat Professionnel de la Force Publique (SPFP). Pascal Ricquier avait réclamé mardi, une seconde fois, le limogeage du général Duschène pour avoir menti dans l'affaire Schleck.
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Christian Schleck, le président du Syndicat Professionnel de l'Armée Luxembourgeoise (SPAL) au centre de cette affaire de présumée entrave à la liberté syndicale, «s'est effectivement vu proposer un nouveau poste car nous avons un principe de rotation au sein de l'armée -tous les 3 à 5 ans- qui permet d'évoluer dans sa carrière», explique Alain Duschène en précisant que tel est le cas «dans toutes les armées alliées. Nous ne l'avons pas inventé».
«Schleck était lui-même candidat au poste»
Comme M. Schleck est en poste au BIA depuis 2014, «nous pensons à le muter parce que nous voulons du personnel jeune dans ce bureau de recrutement. Des jeunes doivent recruter des jeunes», estime le général. L'intéressé a décliné en juillet une première proposition de poste au bureau «budget et finances» du centre militaire à Diekirch, au motif de ses nombreuses réunions syndicales à mener à Luxembourg-Ville.
«Le sous-officier que M. Schleck doit remplacer (au BOI) est aussi membre actif d'un syndicat», assure le général Duschène et écarte l'idée d'incompatibilité du poste avec un engagement syndical. © PHOTO: Gerry Huberty
Alain Duschène raconte comment il a croisé Christian Schleck dans un couloir et lui a répondu qu'il pouvait envisager une mutation au Bureau d'Ordre auxiliaire (BOA)». Sur trois candidatures, c'est «à lui qu'on a donné le poste» car c'est lui qui avait «le plus d'ancienneté» et parce qu'«il était lui-même candidat à ce poste», assure le chef d'état-major.
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M. Schleck a déjà participé à plusieurs réunions et suivi des cours, la semaine passée, pour se préparer à son nouveau job au BOA qui n'est pas «top secret» et ni incompatible avec son exposition syndicale, contrairement à ce qu'a laissé entendre Pascal Ricquier mardi. Le BOA, succursale du Bureau d'ordre de Senningen où entre tout le courrier émanant de l'OTAN et de l'Union européenne, des documents secrets donc, n'est nullement incompatible avec l'engagement syndical de Christian Schleck, pose le général. D'autant que «le sous-officier que M. Schleck doit remplacer est aussi membre actif d'un syndicat».
Huit jours pour répondre
La véritable procédure écrite pour signifier à l'adjudant qu'il serait muté, «ne vient que de démarrer», contrairement à ce qu'affirment les syndicats. Pour la simple raison que «l'organigramme pour organiser tout cela vient juste d'être signé par le ministre (de la Défense, dnlr) le 9 décembre», assure le chef d'état-major.
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«Normalement il recevra aujourd'hui la lettre dans laquelle nous avons notifié toutes les raisons pour lesquelles nous voulons le muter et que c'est mon intention. Il pourra alors me présenter ses objections et on verra bien», pose Alain Duschène qui laisse toutes les portes ouvertes. Christian Schleck dispose désormais de huit jours ouvrables pour accepter ou rejeter l'offre. Donc d'ici le 24 décembre.
Christian Schleck peut-il retourner à son poste au bureau d'information ? Seulement s'il s'avère que son affectation au BOA est impossible et qu'aucune autre position ne puisse être trouvée. Mais de nombreux autres postes seraient envisageables sans qu'il n'y ait d'incompatibilité avec l'action syndicale, glisse le général.
Traitement de faveur
Réagissant pour la première fois aux reproches formulés par le SPFP dans les colonnes du Quotidien, le ministre de la Défense (déi gréng), François Bausch, explique que l'adjudant-chef Schleck a bénéficié d'un traitement de faveur mais que «le fait d'être syndicaliste et de respecter les droits syndicaux ne doit pas déboucher sur un choix à la carte de son poste (...). Vendre cette mutation après coup comme une sanction est très fort de café».
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A l'état-major, route d'Esch à Luxembourg, le bureau BAO ne se trouve pas très loin de celui du général. Ce dernier a déposé une plainte au Parquet pour diffamation à l'encontre de Pascal Ricquier. Lors de notre entretien, le général n'a jamais cité le nom du président du SPFP.