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Le gouvernement Bettel à Paris: enfin du concret pour les frontaliers

Un séminaire intergouvernemental a eu lieu ce mardi matin à Paris dans le cadre de la visite d'Etat du Luxembourg en France. Des accords ont été signés entre les deux pays, notamment sur le cofinancement d'infrastructures pour le trafic frontalier. Explications.

© PHOTO: SIP

Sophie Wiessler

Alors qu'une nouvelle voie ferrée est en cours de construction sur l'axe Luxembourg-Bettembourg, le Premier ministre Xavier Bettel et le ministre des Infrastructures et du Développement durable, François Bausch, ont annoncé ce mardi à Paris une série de mesures très attendues qui vont être mises en place dans les années à venir pour améliorer le transport transfrontalier.

Un accord pour renforcer la coopération en matière de transports transfrontaliers a été signé, comme annoncé depuis plusieurs jours. "Des avancées concrètes vont être mises en place", a annoncé d'emblée Xavier Bettel lors de la conférence de presse conjointe des deux Premiers ministres.

"C'est un enjeu urgent parce que les flux s'intensifient. L'engagement que nous venons de prendre prend en compte les préoccupations des citoyens des collectivités territoriales."

"Je suis très content d'investir dans l'amélioration de la qualité des transports et de la mobilité pour les 95.000 personnes qui traversent chaque jour la frontière pour aller travailler au Luxembourg”, a-t-il poursuivi.

"Nous voulons améliorer leur qualité de vie", a ajouté Xavier Bettel, tout en répétant qu'il ne souhaitait "pas payer pour les décorations de Noël des maires des communes frontalières", comme il l'avait déjà souligné au micro de Marc-Olivier Fogiel, lundi soir.

Un plafond de 120 millions d'euros pour "des projets précis"

Le Luxembourg va investir jusqu'à 120 millions d'euros "pour des projets précis de mobilité en Lorraine" et ce, jusqu'en 2028, a détaillé François Bausch. "Ce seront uniquement des projets qui auront un lien direct avec d'autres déjà existants au Luxembourg".

Plus précisément, 110 millions d'euros seront accordés à la mobilité ferroviaire et 10 millions pour différents parkings-relais à la frontière française.

Agrandissement de la ligne Thionville-Zoufftgen

En ce qui concerne le rail, "nous avons déjà investi 550 millions d'euros pour le dédoublement de la ligne Luxembourg-Bettembourg et 170 millions d'euros pour l'agrandissement de notre gare centrale. Mais ces investissements-là n'ont aucun sens si on ne fait rien sur la ligne Thionville-Zoufftgen", poursuit le ministre.

C'est pourquoi, le Luxembourg a décidé d'investir, avec la France, dans l'agrandissement de cette ligne en Lorraine, qui permet aux frontaliers de se rendre à Luxembourg.

Deux parkings-relais à Thionville, Longwy et sur l'A31

A l'horizon 2022-2024, il est projeté de faire circuler des trains allongés (UM3), offrant une capacité totale d'environ 1.000 places assises par rame par rapport à une offre actuelle de 333 places en UM simple et 666 en UM double. D'où l'intérêt de rénover également les gares et voies du côté français.

Les aménagements suivants seront réalisés:

  • allongement des quais dans les principales gares françaises le nécessitant,

  • renforcement de l'alimentation électrique de la ligne en France de façon à pouvoir faire circuler l'ensemble des trains UM3,

  • aménagement de 2 parcs-relais à proximité des gares de Thionville et Longwy, de capacités respectives de 700 et 660 places.

François Bausch a également ajouté que des parkings-relais sur l'A31 seront aussi à l'ordre du jour.

Pour l'horizon 2028-2030, d'autres aménagements vont suivre:

  • une troisième voie exclusivement pour le fret sera créée de part et d'autre de la frontière franco-luxembourgeoise,

  • l'aménagement du nœud ferroviaire de Metz est aussi au programme.

"Nous allons tripler la capacité ferroviaire d'ici 2028"

A terme, la France et le Luxembourg souhaitent ainsi faire circuler 10 trains par heure et par sens durant les heures de pointe, soit 8 TER (maximum de 8.000 passagers par heure), 1 TGV et 1 train fret.

"Nous allons tripler la capacité ferroviaire d'ici 2028", souligne François Bausch. Le but? Décongestionner les axes autoroutiers et privilégier le covoiturage.

En effet, le ministre a tenu à ajouter qu'actuellement, "250.000 sièges sont vides à bord des voitures qui se rendent au Luxembourg". Les deux gouvernements souhaitent donc travailler à la fois sur le ferroviaire et l'autoroutier pour réduire les flux de voitures vers le Grand-Duché.

"La réduction du trafic automobile qui résulte de tous ces investissements permettra de délester de façon considérable les espaces urbains et d'augmenter sensiblement la qualité de vie dans nos villes", conclut le ministre des Infrastructures.

Du côté des frontaliers, le changement devrait commencer à se faire sentir d'ici 2020-2021, lorsque l'agrandissement de la gare centrale sera terminé et que le dédoublement des voies entre Luxembourg et Bettembourg sera opérationnel. Viendront alors les aménagements côté français, avec toujours, rappelons-le, de plus en plus de frontaliers en route vers le Luxembourg...

Jean Rottner: "Les choses devraient se faire sentir d'ici 2022"

Le président de la région Grand-Est, Jean Rottner, était invité à participer à ce séminaire intergouvernemental sur Paris. Très "heureux d'avoir été invité en tant que représentant des collectivités", il a également tenu à souligner le "mouvement du Luxembourg qui est prêt à investir et à participer avec la France" à améliorer les conditions de transports des frontaliers.

"C'est un premier pas. Il faudra par la suite poursuivre cette collaboration et s'adapter. J'ai déjà travaillé par le passé avec le Luxembourg et je suis content de poursuivre dans cette voie. Nous sommes dans un espace européen singulier et il faut répondre aux attentes des citoyens et au niveau économique.

Les choses devraient se faire sentir dès 2022, c'est certain, et je m'en réjouis", conclut le président.

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