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Vaccination obligatoire contre le covid

Le groupe d'experts appelle à réagir rapidement

Face à une potentielle nouvelle vague cet automne, le groupe d'experts sur la vaccination a appelé ce mardi à réagir rapidement pour être le mieux préparé possible. Il plaide notamment pour la vaccination obligatoire des plus de 50 ans.

L'étude montre que pour les plus de 50 ans, une troisième dose anti-covid permet de réduire à 95% une hospitalisation en soins intensifs, alors que ce taux ne dépasse pas les 75% avec uniquement une deuxième injection.

L'étude montre que pour les plus de 50 ans, une troisième dose anti-covid permet de réduire à 95% une hospitalisation en soins intensifs, alors que ce taux ne dépasse pas les 75% avec uniquement une deuxième injection. © PHOTO: Guy Jallay

Journaliste

Après de longues semaines d'attentes, le groupe d'experts chargé par le gouvernement de se prononcer sur la vaccination obligatoire a enfin rendu public son nouvel avis ce mardi matin. Un nouvel avis demandé par le gouvernement après celui donné en janvier, rappelle le professeur Claude Muller. «En six mois, beaucoup de paradigmes ont changé avec Omicron. C'est une autre pandémie que lors de la vague liée au variant Delta»

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«Nous sommes pour une vaccination obligatoire pour les personnes de plus de 50 ans, car elle permet de réduire le nombre de cas graves», explique le Dr Vic Arendt. Le rapport des experts indique que cette tranche d'âge est la plus représentée dans les taux d'hospitalisation (80% en soins intensifs) et de décès (98%).

Le besoin d'une dose de rappel

30.000 personnes de plus de 50 ans n'ont encore reçu aucune dose anti-covid et 20.000 personnes au-delà de 50 ans n'ont qu'une, voire deux doses. Claude Muller appelle les médecins à convaincre leurs patients non vaccinés à franchir le pas. Le virologue au Luxembourg Institute of Health souligne qu'ils ont près de 20 fois plus de risque de se retrouver en soins intensifs que ceux qui ont reçu leur injection anti-covid.

L'étude montre également que pour les plus de 50 ans, une troisième dose anti-covid permet de réduire à 95% une hospitalisation en soins intensifs, alors que ce taux ne dépasse pas les 75% avec uniquement une deuxième injection. «Le vaccin actuel est moins efficace contre Omicron pour se protéger d'une infection, mais il reste efficace contre le développement de cas graves», souligne Vic Arendt.

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Selon les experts, dans un scénario type Omicron (soit une haute virulence du virus), un schéma vaccinal complet avec 3 doses permettrait de réduire de 9% le nombre de patients pris en charge en soins intensifs. Dans le cas de figure d'un scénario type Delta (transmissibilité modérée avec une virulence accrue), l'injection de trois doses avec une dose «booster» après cinq mois réduirait de 97% le nombre de cas en soins intensifs.

Les experts ont étudié deux scénarios avec d'une part les plus de 50 ans avec un schéma vaccinal complet (3 doses) et d'autre part deux ou trois doses avec un rappel si la dernière injection remonte à plus de cinq mois. La première option permet de réduire le nombre de cas en soins intensifs jusqu'à 25%, la dose de rappel (33%) se montre plus efficace avant une nouvelle vague. «On peut conclure qu'une obligation vaccinale est justifiée contre un variant similaire à Delta si on reçoit un rappel avant la vague», ajoute Claude Muller. Ce dernier considère d'ailleurs qu'il n'y a qu'une solution pour éviter les cas graves en soins intensifs: «La seule mesure durable, c'est la vaccination».

Impact de la vaccination obligatoire en nombre absolu

Selon le rapport des experts basé sur trois injections anti-covid et sur base des cas précédents, une vaccination obligatoire éviterait, dans le régime Delta, 89 hospitalisations en soins normaux, 29 cas en soins intensifs et 22 décès.

Dans un scénario Omicron, la vaccination éviterait 139 cas en soins normaux et 15 en soins intensifs, ainsi que 23 décès.

Concernant le secteur des soins, le groupe d'experts plaide plutôt pour une transparence concernant le statut vaccinal des salariés plutôt qu'une obligation vaccinale. «Le vaccin actuel n'a pas assez d'efficacité pour réduire la transmissibilité et en 3 mois cette protection diminue», résume le Dr Vic Arendt. En revanche, indiquer son statut vaccinal est nécessaire pour gérer les patients à risques pour Claude Muller: «Il est inacceptable que le droit au secret médical d'une minorité du personnel du secteur soit placé au-dessus du droit à l'intégrité physique des personnes vulnérables qui leur sont confiées.»

Sur les ondes de 100.7 ce lundi, le directeur de la Santé Jean-Claude Schmitt parlait d'une nouvelle vague d'été au Luxembourg avec près de 800 contaminations au covid par jour. Vic Arendt considère pour sa part qu'il est normal que les contaminations augmentent avec la levée des mesures sanitaires et les vacances. Et pour être prêt cet automne, il souhaite qu'un texte de loi sur une vaccination obligatoire pour les plus de 50 ans soit voté dès ce mois de juillet: «Il ne faut pas le faire en automne sinon, ce sera trop tard.»

Une loi pour réagir rapidement

«Les responsables politiques ont le devoir d'anticiper la prochaine vague, qu'elle arrive ou non», a insisté de son côté le Dr Gérard Schockmel, médecin spécialiste en maladies infectieuses aux Hôpitaux Robert-Schuman .

Pour Claude Muller, il est nécessaire que pour le futur, une loi permette au gouvernement de réagir rapidement selon l'évolution de la pandémie: «Il faut qu'on prenne notamment comme critère le nombre de cas en soins intensifs par rapport au nombre de lits pour que le gouvernement puisse agir quand la situation l'exige.»

L'avis des experts sera discuté lors du Conseil du gouvernement ce vendredi 8 juillet. Un débat à ce sujet sera ensuite organisé dans la foulée le vendredi après-midi à la Chambre à 14 heures.

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