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Le loup montre les crocs en Rhénanie-Palatinat

Les loups errent à nouveau en Allemagne. Dans le Westerwald, une première meute pourrait même être en cours de formation. Si les défenseurs de la nature sont heureux, les bergers ont des sentiments plus partagés.

Pas de panique : ce loup se tient sagement debout dans le zoo Hexentanzplatz, dans les montagnes du Harz

Pas de panique : ce loup se tient sagement debout dans le zoo Hexentanzplatz, dans les montagnes du Harz © PHOTO: dpa

Un loup a attaqué deux brebis et un bélier, dans le Westerwald fin mai 2019. «Ce n'était pas beau à voir», témoigne le chasseur Gerhard Schneider. L'animal sauvage a également dévoré un agneau à Dürrholz, avant de disparaître. Selon le ministère de l'Environnement de Mayence, sept à onze loups ont probablement été signalés en Rhénanie-Palatinat depuis que ces prédateurs sont revenus en Allemagne. Ils enrichissent la diversité des espèces et suscitent aussi des craintes, surtout chez les bergers et certains marcheurs.

L'attaque des moutons à Dürrholz a une fois de plus alimenté le débat sur la manière de traiter ces prédateurs. Selon le ministère allemand de l'Environnement, 19 animaux d'élevage et quatre animaux sauvages ont été déchiquetés par les loups depuis 2012. Mais à la vérité, le loup, timide, n'a jamais attaqué un être humain en Rhénanie-Palatinat depuis la création de l'Etat fédéral en 1946.

Lire aussi :La peur du loup tourne au débat politique en Allemagne

Werner Neumann, président de l'Association des éleveurs de moutons et de chèvres de Rhénanie-Palatinat, souligne : «Quand un loup s'introduit dans un troupeau, ce ne sont pas seulement plusieurs moutons qui meurent. L'ensemble du troupeau se retrouve totalement traumatisé pendant un trimestre ou un semestre. En outre, les moutons peuvent paniquer sur les autoroutes ou les routes de glace et causer des accidents.»

Lisa Vesely, l'un des rares bergers errants de Rhénanie-Palatinat, explique de son côté: «Après une apparition subite du loup, les moutons peuvent aussi être mort-nés. Ou les agneaux se retrouvent piétinés à mort par leurs mères dans la panique».

En transit

La Rhénanie-Palatinat constitue, tout comme le Luxembourg, un pays de transit pour les loups. Sachant qu'ils peuvent marcher plusieurs kilomètres par jour. Mais il est aujourd'hui démontré qu'une louve s'est installée définitivement en Rhénanie-Palatinat, sur l'ancienne zone d'entraînement militaire Daaden dans le Westerwald.

«La création d'une meute ne peut donc être exclue à long terme si un autre loup s'installe dans cette région», informe le ministère de l'Environnement. La fédération de protection de la nature (Nabu) rappelle donc que «les loups se trouvent depuis de nombreuses années en Allemagne et en Europe sous une protection stricte et ne peuvent plus être abattus»

Ce loup se tient tranquille dans son enclos au parc animalier d'Eekholt.

Ce loup se tient tranquille dans son enclos au parc animalier d'Eekholt. © PHOTO: dpa

Le ministère de l'Environnement se félicite également du retour du loup et fait référence à l'aide aux bergers. Les districts d'Altenkirchen, de Westerwald, de Neuwied ainsi que la ville de Coblence et de petites parties des districts de Mayen-Koblenz et Rhein-Lahn sont désignés comme zones de prévention.

Selon le ministère, l'achat de clôtures électriques et de chiens de protection pour les moutons a été subventionné à 100%, au lieu de 90%, depuis cette année. Il y a même une indemnisation de 100% à l'échelle nationale pour les animaux d'élevage déchiquetés par les loups.

Plus de loups, moins de troupeaux

Au total, 3.134 euros ont été versés pour 19 animaux d'élevage tués depuis 2012. Des récompenses de 100€ pourraient être versées pour la preuve photographique d'un nouveau loup. Cela s'est produit deux fois jusqu'à présent.

Selon le président Werner Neumann, l'association nationale des éleveurs de moutons compte encore environ 500 bergers, y compris leurs collègues amateurs. «Le nombre d'animaux et de gardiens est en baisse depuis des années de toute façon. Plus de loups peuvent encore accélérer cette baisse.» Une prime aux animaux de pâturage serait finalement nécessaire, c'est-à-dire une certaine somme d'argent par animal et par an. Le ministère de l'Environnement s'y est également engagé au niveau fédéral.

Et au Luxembourg?

Depuis septembre 2017, il ne fait aucun doute que le loup est également de retour au Luxembourg, après 124 ans. Dans la nuit du 13 au 14 juillet 2017, un loup a mis à mal huit moutons dans un pâturage entre Garnich et Holzem, à l'ouest du pays.

Une analyse d'ADN a été commandée et quatre plaies par morsure ont été examinées par l'Institut Senckenberg en Allemagne pour la recherche de traces d'ADN. Le résultat était clair : c'était bien un loup qui s'en était pris à ces moutons.

L'analyse a également permis de mieux comprendre le schéma de migration du loup. L'animal est originaire des Alpes françaises ou italiennes. Les loups peuvent ainsi parcourir de longues distances en peu de temps. Il n'est donc pas surprenant que l'on trouve des animaux des Alpes dans les Vosges, en Lorraine, en Rhénanie-Palatinat ou au Luxembourg.

Lire aussi :Le passage du loup à Koerich n'est pas attesté

Dans la région de Koerich/Simmern, il y a eu une autre suspicion de présence de loup, en décembre 2018. Ici, cependant, une analyse génétique n'a pas permis de tirer des conclusions précises - il y avait trop peu de matériel génétique disponible.

Pour préparer le retour du loup, l'Administration de la nature a élaboré début 2018 le plan d'action Loup. Dans une brochure, également disponible en ligne, les citoyens peuvent savoir comment se comporter en cas de rencontre avec un loup.

Cette photo a été prise par un agriculteur à Leudelange, dans la soirée du 5 juillet 2017. L'animal ressemblant à un loup n'a pas pu être clairement identifié. Des experts de l'administration de la nature ont évalué la photo en collaboration avec des experts internationaux et ont déclaré qu'il s'agissait "très probablement" d'un loup.

Cette photo a été prise par un agriculteur à Leudelange, dans la soirée du 5 juillet 2017. L'animal ressemblant à un loup n'a pas pu être clairement identifié. Des experts de l'administration de la nature ont évalué la photo en collaboration avec des experts internationaux et ont déclaré qu'il s'agissait "très probablement" d'un loup. © PHOTO: Gaston Origer /SIP

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