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Le Luxembourg en manque de cannabis médical

En juillet, le pays n'a pas reçu la quantité souhaitée pour le traitement des quelque 440 patients bénéficiant de cette médication. C'était le troisième incident de la sorte depuis février 2019, et l'autorisation d'importation du produit.

Le pays dispose actuellement d'une autorisation à hauteur de 270 kg d'importation de cannabis à usage thérapeutique.

Le pays dispose actuellement d'une autorisation à hauteur de 270 kg d'importation de cannabis à usage thérapeutique.

Patrick Jacquemot

Pour 2020, les autorités sanitaires luxembourgeoises ont prévu d'acheter pour 270 kilogrammes de cannabis. Cannabis médical exclusivement. La précision vient de la ministre de la Santé. Paulette Lenert qui, dans une réponse parlementaire, reconnaît que les tensions enregistrées sur le marché du médicament ces derniers mois, ont privé le Luxembourg d'une livraison attendue. De quoi empêcher la distribution de ce traitement anesthésique en juillet dernier.

Et ce n'est pas la première fois que pareille mésaventure arrive. C'est même la troisième, reconnait la ministre dans un courrier adressé aux députés Martine Hansen et Jean-Marie Halsdorf (CSV). Outre les difficultés particulières dans ces temps d'épidémie et de lockdown planétaire, Paulette Lenert rappelle que l'importation de cannabis médical fait l'objet «de procédures complexes et parfois de longs délais». Sans compter que la plante médicinale doit répondre à des critères de qualité bien spécifiques qui en limitent parfois la production.

Qui prend quoi?

En 2019, le ministère de la Santé avance que du cannabis médical a été prescrit «au moins une fois» à 415 patients au Luxembourg. Pour cette année, ce nombre est actuellement de 441 personnes sous traitement. "Depuis le début de l'expérimentation (février 2019) un total de 630 patients ont été traités avec du cannabis médical.

Il faut ainsi compter entre trois et quatre semaines pour se voir livrer un nouveau lot, et donc permettre à la pharmacie du Centre hospitalier Emile-Mayrish d'en assurer la distribution selon les ordonnances établies. Afin d'éviter de se retrouver à court trop souvent, les autorités sanitaires assurent avoir amélioré leur organisation. Numérisation du circuit administratif pour l'importation de stupéfiants, meilleur suivi des stocks et des seuils d'alarme permettent ainsi d'anticiper les commandes. Dans tous les cas, si rupture il y a, médecins et pharmaciens hospitaliers sont avertis de la difficulté temporaire.

Pour mémoire, l'emploi du cannabis médical est légalisé au Grand-Duché depuis février 2019. Et un premier bilan de l'expérimentation sera tiré en février 2021, assure la ministre aux deux députés d'opposition. Le dossier fait toutefois l'objet d'un suivi continu «par un groupe de travail intégrant aussi bien des membres du ministère de la Santé que des professionnels de santé concernés et un comité scientifique».

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A charge pour ces spécialistes de noter non seulement l'évolution du nombre de prescriptions, les produits demandés (fleurs, huiles, etc) mais aussi le type de malades bénéficiaires, les quantités mais aussi les modes d'administration par exemple.

Pour l'heure, la ministre de la Santé ne revient ni sur la possibilité de voir le Luxembourg produire, sur son territoire, les quantités attendues dans le cadre médical. Pas plus que la ministre ne détaille ce qu'il advient de la dépénalisation annoncée du cannabis récréatif dans le pays. Paulette Lenert dévoile toutefois que le pays est de plus en plus demandeur.

Si au départ, le Grand-Duché avait fait une demande à l'International Steering Point Control Body pour 183 kg, ce seuil a été relevé. Pour «répondre à la demande croissante», le pays a reçu l'autorisation d'acheter jusqu'à 270 kg du médicament recommandé -notamment- dans le traitement des douleurs ou dans l'accompagnement des malades souffrant d'une sclérose en plaques.

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