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Mix énergétique

Le Luxembourg entend carburer à l'hydrogène

En parallèle des efforts réalisés pour électrifier les secteurs de l'industrie ou du transport, le gouvernement entend multiplier les approches pour tenter d'atteindre la neutralité carbone en 2050. D'où la présentation, ce lundi, d'une stratégie dédiée à l'essor du H2.

Voué à être utilisé de manière ciblée, l'hydrogène doit permettre de réduire «de un à deux millions de tonnes CO2 équivalents par an» les gaz à effet de serre au Luxembourg, selon Claude Turmes.

Voué à être utilisé de manière ciblée, l'hydrogène doit permettre de réduire «de un à deux millions de tonnes CO2 équivalents par an» les gaz à effet de serre au Luxembourg, selon Claude Turmes. © PHOTO: Anouk Antony

Pour atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050, le Luxembourg n'entend pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Si le pays - et l'ensemble des pays de l'UE - mise avant tout sur «l’électrification directe» pour compenser la baisse programmée du recours aux énergies fossiles, il souhaite diversifier son mix énergétique en misant sur l'hydrogène vert, ce «vecteur énergétique décarboné» produit à partir d'énergies renouvelables, selon l'expression utilisée lundi lors de la présentation de la stratégie nationale liée à l'hydrogène.

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Bien qu'utilisée depuis plusieurs décennies dans l'industrie ou le secteur spatial, cette technologie ne constituera pas la panacée puisque son rendement énergétique et ses coûts de production la rendent moins efficace que d'autres énergies renouvelables. Raison pour laquelle Claude Turmes (Déi Gréng) assure que l'hydrogène sera utilisé «dans certains secteurs difficiles à décarboner, comme dans certains procédés industriels».

En clair, les véhicules fonctionnant avec une pile à combustible et rejetant de l'eau ne sont pas encore prêts à envahir les routes. Ou le rail. Dans un horizon à moyen terme, cette technologie devrait surtout concerner les bus, poids-lourds et autres camions, «ainsi que des véhicules avec des temps de disponibilité élevés et devant parcourir de longues distances», précise le ministre. La future et première station dédiée devrait donc rester unique en son genre pendant un temps au Grand-Duché.

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Pourtant, le potentiel de l'hydrogène encourage le gouvernement à vouloir réaliser des investissements «ciblés» afin de développer de nouvelles solutions. L'exécutif croit particulièrement dans la «photo-électrolyse» - conversion de l'eau en hydrogène et oxygène via l'énergie solaire -, la «méthanation du dioxyde de carbone avec l’hydrogène» ou bien encore «la gazéification de déchets». Autant de procédés sur lesquels différents acteurs luxembourgeois se sont d'ores et déjà positionnés et qui doivent faire du pays «un centre mondial d'innovation».

En termes d'objectifs, Claude Turmes évoque la volonté de substituer les quelque 450 tonnes annuelles d'hydrogène issues des énergies fossiles consommées dans l'industrie par de l'hydrogène vert et l'essor de biocarburants basés sur l'hydrogène pour le secteur des transports. Mais pour ce faire, le pays devra adopter de nouvelles stratégies en lien direct avec les importants besoins en électricité nécessaire à la production d'hydrogène. Et donc soit importer plus d'électricité verte pour alimenter ses catalyseurs, soit importer de l'hydrogène vert.

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Deux approches que le ministre de l'Energie étudie, notamment dans le cadre de ses échanges avec son homologue belge, mais aussi allemand et français. Selon les estimations actuelles, la mise en place de cette stratégie devrait permettre de réduire «de un à deux millions de tonnes CO2 équivalents par an» sur les onze millions de tonnes produites par le Grand-Duché.

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