Le Luxembourg identifie plusieurs types de covid long
Première du genre, une étude menée par un consortium de chercheurs révèle que le covid long n’est pas une maladie unique, mais peut prendre diverses formes avec des symptômes et des traitements potentiels à adapter selon les cas.
La perte du goût et de l’odorat semble caractériser un type de covid long en particulier. © PHOTO: Illustration: Shutterstock
Le but initial des chercheurs des différentes institutions de recherche luxembourgeoises était d’étudier la population nationale en synergie, afin de chercher à identifier les facteurs pouvant contribuer aux variations de la gravité du covid-19 long et de ses symptômes associés.
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Pour ce faire, a été mise en place l’étude «CoVaLux» en novembre 2021, (Covid-19, Vaccination & conséquences sanitaires à long terme du Covid-19 au Luxembourg) coordonnée par Research Luxembourg et un consortium d’institutions de recherche luxembourgeoises, dont le Luxembourg Institute of Health (LIH).
Dans leurs travaux les plus récents parus le 5 août dans la revue en accès libre Open Forum Infectious Diseases (OFID), les équipes ont pu démontrer que les personnes ayant connu des cas modérés à sévères du coronavirus étaient plus susceptibles de connaître «une fréquence et une charge accrues de symptômes après 12 mois», avec des conséquences sur la qualité de vie.
CoVaLux c'est quoi?
Il s'agit d'un programme de recherche dirigé par Research Luxembourg en coopération avec l’Institut luxembourgeois de la santé (LIH), l’Université du Luxembourg (uni. lu), le Centre luxembourgeois de biomédecine des systèmes (LCSB), la Biobanque intégrée du Luxembourg (IBBL), le Laboratoire national de santé (LNS), l’Institut luxembourgeois de recherches socioéconomiques (LISER), l’Institut luxembourgeois de science et de technologie (LIST), le Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), le Centre hospitalier neuropsychiatrique (CHNP), le Rehazenter (Centre national de rééducation fonctionnelle et de réadaptation) et Mondorf Domaine Thermal.
Aurélie Fischer, coordinatrice scientifique au sein de l’unité de recherche Deep Digital Phenotyping du LIH et auteure principale de l’étude «Long COVID Symptomatology After 12 Months and Its Impact on Quality of Life According to Initial Coronavirus Disease 2019 Disease Severity», explique dans un communiqué du LIH que cette enquête «fournit une description exhaustive des symptômes présents 12 mois après l’infection au covid-19 et met en évidence un fardeau important pour les personnes vivant avec le covid long. Avec ce travail, nous contribuons à décrire le covid long et à confirmer qu’il est multisystémique et présente différents groupes de symptômes. Ces résultats permettront à terme de mieux l'identifier en milieu clinique et contribueront à la définition de stratégies de santé de précision pour améliorer la prise en charge des personnes qui en sont atteintes.»
L'étude a en effet permis de repérer «des schémas dans les symptômes des participants, ce qui suggère que le covid long est probablement constitué de plusieurs sous-catégories plutôt que d’une seule maladie».
L'observation de ces symptômes et la façon dont ils avaient tendance à se regrouper chez les individus ont rendu possible l'anticipation du type de covid long contracté par une personne. Par exemple, la perte du goût et de l’odorat semble caractériser un type de covid long en particulier, tandis qu’un autre pourrait être mieux décrit par des symptômes gastro-intestinaux comprenant des nausées, des diarrhées ou encore des brûlures d’estomac. Des informations qui pourraient s’avérer précieuse pour les chercheurs, qui cherchent à mieux définir la maladie et surtout à développer des thérapies efficaces.
289 participants adultes pour vérifier la théorie
Pour étayer les travaux dirigés par Aurélie Fischer, les chercheurs ont eu recours à 289 participants adultes atteint du covid, lesquels ont rempli un questionnaire sur une période d'observation de 12 mois après l'infection. Parmi eux, près de 60% ont signalé au moins un symptôme, sur une moyenne de 6 symptômes pouvant aller de la fatigue et de l’essoufflement, plus connus, à des problèmes moins connus comme la perte de mémoire et les problèmes gastro-intestinaux.
Autre observation significative, les scientifiques ont pu constater que les volontaires qui avaient contracté une forme modérée ou sévère de l'infection étaient plus de deux fois plus susceptibles de présenter des symptômes longs après une année, à l'inverse de ceux qui avaient pour leur part développé une infection légère ou qui avaient été asymptomatiques. Des résultats qui indiquent que le covid long et sa gravité sont fortement liés à la gravité de l’infection initiale.
Le principal espoir des chercheurs suite à ces résultats est que cela puisse mettre davantage en lumière la nature propre du covid-19, afin d'aider à prédire les résultats selon les patients et à en apprendre plus sur cette maladie ayant causé la mort de plus de cinq millions de personnes depuis son apparition.