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D'après les données «Global Slavery Index»

Le Luxembourg peut s'améliorer pour éradiquer l'esclavage moderne

L'esclavage moderne augmente. Et le Luxembourg n'en fait pas assez pour lutter contre ce fléau, selon les données du «Global Slavery Index».

Le nombre de victimes de l'esclavage moderne a augmenté depuis 2016.

Le nombre de victimes de l'esclavage moderne a augmenté depuis 2016. © PHOTO: Pixabay

En 2021 il y avait 49,6 millions d’esclaves dans le monde, soit 10 millions de plus qu’en 2016. C’est ce que dévoile le «Global Slavery Index» de l’ONG australienne Walk Free. Paru le mercredi 24 mai, cet index insiste sur l’augmentation de l’esclavage moderne.

Ces situations d’asservissement sont intrinsèquement liées aux défis de notre époque, comme le changement climatique, les inégalités de genre, le covid-19 ou les guerres, détaille l’ONG. Elle estime que l’esclavage est le plus répandu en Corée du Nord, avec 104,6 esclaves pour 1.000 habitants. Suivent ensuite l’Érythrée (90,3) et la Mauritanie (32). Au contraire, la Suisse et la Norvège sont les deux pays avec le moins de victimes de l’esclavage (0,5), à côté de l’Allemagne (0,6).

Dans la Grande Région, l’esclavage toucherait 135.000 personnes en France, et 11.000 en Belgique. Le Luxembourg n’échappe pas à ces constats préoccupants. L’ONG Walk Free n’a pas mesuré la présence de l’esclavage dans le pays. Elle a cependant analysé la politique menée par le gouvernement en la matière.

Le Luxembourg n’en fait pas assez comparé aux autres pays européens

Walk Free a mesuré les efforts nationaux mis en œuvre pour éradiquer l’esclavage moderne, en se basant sur 141 indicateurs. Le Luxembourg obtient la note de 51,3%, ce qui paraît insuffisant. Il se situe ainsi derrière l’Afrique du Sud (52,6%) ou encore derrière la Thaïlande (55,1%).

Le pays est dès lors à la traîne par rapport aux autres pays européens. La Belgique se situe à 59% ; la France et l’Allemagne à 61,5%. L’écart se creuse avec le Luxembourg, alors même que sa richesse est la plus élevée sur les 175 pays étudiés.

Le Luxembourg a l'une des notes les moins élevées d'Europe.

Le Luxembourg a l'une des notes les moins élevées d'Europe. © PHOTO: Walk Free, «Global Slavery Index»

Avec un PIB par habitant de 117.846$, davantage d’actions contre l’esclavage pourraient ainsi être entreprises. Le Royaume-Uni a un PIB deux fois moins élevé (46.527$) mais il domine le classement, avec la meilleure réponse gouvernementale (67.9%).

Pour en revenir au Luxembourg, la criminalisation de l’esclavage, du travail et du mariage forcés n'est qu’en partie achevée, selon le «Global Slavery Index». Il en est de même pour l’exploitation des enfants et des migrants. Plus globalement, la fondation remarque que la politique des gouvernements n’a pas beaucoup évolué ces cinq dernières années.

L’esclavage ne concerne cependant pas que les pays en voie de développement. Il touche aussi le Luxembourg.

L’esclavage moderne existe aussi au Luxembourg

L’esclavage moderne renvoie à plusieurs réalités. Outre le mariage forcé, il recouvre le travail forcé et l’exploitation sexuelle à des fins commerciales.

Au Luxembourg, la principale forme d’esclavage est l’exploitation par le travail, suivie de la mendicité forcée et de l’exploitation sexuelle. Cela ressort du rapport d’octobre 2022 du groupe d’experts du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (GRETA). Selon cette étude, entre 2018 et 2021, 68 personnes ont été victimes de la traite d’êtres humains au Luxembourg. Elles étaient toutes étrangères et venaient principalement de Roumanie, de Chine, d’Ukraine et du Portugal.

Lire aussi :Les réfugiés, une chance pour le Luxembourg ?

Le GRETA recommandait alors la mise en place de mesures législatives plus dissuasives. De son côté, l’ONG Walk Free conseille entre autres à l’Etat de mener des actions contre le travail forcé.

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