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Selon le Statec

Le Luxembourg se dirige tout droit vers la récession

Entre des bonnes et des mauvaises nouvelles, le Statec prévoit également une nouvelle tranche d'indexation pour le premier trimestre 2023.

Il apparait que dans la zone euro, le rythme de hausse des prix des logements semble avoir atteint un plafond.

Il apparait que dans la zone euro, le rythme de hausse des prix des logements semble avoir atteint un plafond. © PHOTO: Shutterstock

Journaliste

La récession guette de nombreuses économies à travers le monde, le Luxembourg ne fait pas exception. Rappelons qu'officiellement, on considère qu'il y a récession lorsque la croissance économique d'un pays est négative lors de deux trimestres consécutifs. Durant cette période, le chômage tend à augmenter rapidement et les ventes diminuent fortement. Pour l'institut national de statistiques luxembourgeois, il n'y a malheureusement pas l'ombre d'un doute: la tendance récessive se confirme.

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Dans sa dernière note de conjoncture, on y apprend que le contexte de guerre et d'inflation continue de dégrader l'économie, tout en laissant «entrevoir la possibilité d'une récession». «Si l'activité a bien résisté au 2e trimestre en zone euro en profitant de la levée des restrictions, elle s'est inscrite en baisse au Luxembourg», résume ainsi le Statec.

Concrètement, l'activité est entrée en phase de contraction depuis le mois de juillet et ce, aussi bien pour l'industrie que pour les services. Et, sauf redressement sur les prochains mois, le repli de l'activité sera encore plus marqué au 4e trimestre, ce qui signifierait une entrée en récession pour la zone euro.

Un PIB en recul

Ainsi, au Luxembourg, le PIB a reculé de 0,5% au 2e trimestre 2022, après une hausse de 0,7% au 1er trimestre. «L'industrie et la construction, qui avaient relativement bien performé au 1er trimestre, y affichent les contributions les plus négatives. Le secteur financier a mieux résisté, mais sa valeur ajoutée en volume demeure inférieure aux niveaux atteints sur la fin de 2021.»

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Tous les indicateurs ne sont pas mauvais pour autant. L'institut note par exemple que les prix des matières premières suivent depuis l'été une tendance à la baisse résultant d'une combinaison de facteurs. «Notamment, la hausse des coûts de stockage, l'appréciation du dollar, et, plus généralement, une baisse de la demande reflétant les anticipations de récession économique». De plus, le prix des métaux est inférieur à celui d'avant la guerre. Cela s'explique par le cours du dollar et le ralentissement de la croissance économique mondiale.

Cela dit, les prix des énergies se maintiennent au-dessus des premières incertitudes. Néanmoins, les efforts de réduction de la consommation de gaz se font d'ores et déjà ressentir. «De janvier à septembre, le Luxembourg a consommé environ 20% de gaz de moins qu'en moyenne sur les 5 dernières années», assure le Statec.

Le Luxembourg respecte l'accord européen

Un tiers de cette baisse s'explique par la fermeture d'une usine de l'industrie du verre et le remplacement d'un four atteignant la fin de vie. Un autre tiers s'explique par une vingtaine d'entreprises industrielles énergivores, pour lesquelles on observe depuis juin une baisse de la production industrielle. «Cette évolution pourrait refléter une perte de compétitivité suite à la flambée des prix du gaz jusqu'au mois d'août. Le tiers restant s'expliquerait par une moindre utilisation du gaz pour le chauffage: le nombre de degrés-jours de chauffe était inférieur de 5% par rapport à la moyenne des 5 années précédentes», fait remarquer l'institut, précisant que le Luxembourg est toujours en ligne avec l'objectif européen de réduire la consommation de gaz d'au moins 15%.

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Pour le reste, les prix de vente des logements affichent une progression de 11,5% sur un an au 2e trimestre, contre 10,3% au 1er. «La tendance de fond reste cependant au ralentissement, en particulier du côté des prix des logements anciens. Du côté des biens neufs, dont les prix sont plus volatiles, le nombre de transactions tend comme sur les trimestres précédents à diminuer.» Il apparait donc que dans la zone euro, le rythme de hausse des prix des logements semble avoir atteint un plafond. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la demande de prêts immobiliers tend à diminuer au Luxembourg et en zone euro.

Vers une hausse du chômage

Le Statec informe par ailleurs d'une augmentation du chômage dans sept des dix-neuf pays de la zone euro, dont le Grand-Duché. «Au Luxembourg, l'augmentation du chômage reste pour l'instant limitée de 4,7% de la population active en avril-juillet à 4,8% en août et septembre, et le niveau du chômage demeure historiquement faible, mais la tendance est à la hausse et devrait s'accentuer sur les mois à venir. Les créations d'emplois restent encore élevées au 3e trimestre 2022 mais là aussi, la tendance est au ralentissement.»

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Des emplois qui coûtent de plus en plus cher. En effet, au second trimestre 2022, le coût salarial moyen (CSM) par personne a augmenté de 7,8% sur un an, le CSM horaire de 6,2%. «Ces progressions ont été soutenues par les pressions inflationnistes qui ont déclenché une tranche indiciaire en avril 2022 après celle d'octobre 2021», précise le Statec qui prévoit toujours un nouvel index pour le premier trimestre 2023.

L'institut souligne en tout cas la bonne tenue des recettes publiques. « A l'issue des trois premiers trimestres, les impôts collectés par l'État affichent une croissance de 7,5% sur un an. La progression prévue des recettes fiscales collectées sur toute l'année 2022 pourrait être un peu plus faible, pour des raisons méthodologiques, mais aussi car le dernier trimestre de 2021 avait été particulièrement fort, stimulé par une indexation des salaires.»

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