«Le mobbing est plus que présent au Luxembourg»
Remise sur le devant de la scène médiatique via la sanction infligée à l'eurodéputée Monica Semedo, la question du mobbing sur le lieu de travail constitue une réalité au Luxembourg. Même en période de télétravail intensif. Un phénomène, à ce jour, toujours pas encadré par la loi.
Parmi les secteurs où les plaintes sont le plus souvent déposées figurent l'Horeca, le commerce et la Santé. © PHOTO: AFP
Après une enquête de plusieurs mois ayant abouti à la constitution d'un dossier de plus d'une centaine de pages, Monica Semedo (DP) a donc été officiellement suspendue de ses fonctions au Parlement européen. Sanction plutôt rare pour un eurodéputé, notamment en raison de l'origine de sa suspension: «harcèlement moral». Médiatisée car concernant une élue reconnue coupable d'«insultes, traitements agressifs, intimidations et attaques en public», selon un fonctionnaire européen cité par le site Politico, l'affaire serait l'illustration d'un phénomène répandu dans le monde du travail.
Selon les données les plus récentes du ministère du Travail, 306 demandes d'informations sur le mobbing ont été effectuées auprès de l'Inspection du travail et des mines (ITM) entre janvier et septembre 2020. Et huit plaintes ont été déposées. Un chiffre un peu moins élevé que les années précédentes qui trouverait son explication dans la généralisation forcée du télétravail, à compter du mois de mars. Un phénomène qui serait toutefois bien plus étendu à en croire la Mobbing asbl, l'association luxembourgeoise contre le harcèlement moral et stress au travail.
«En 2020, nous avons été contactés plus ou moins 600 fois, nous avons ouvert 155 dossiers et envoyé onze lettres à des employeurs», indique Magdalena Mida, directrice de l'Asbl conventionnée par le ministère du Travail. Un ordre de grandeur sans commune mesure avec les chiffres de l'ITM qui trouverait son explication dans «la peur des victimes» liée à l'absence d'une loi spécifique au Luxembourg. Si depuis 2017, selon les chiffres de l'ITM, aucun secteur d'activité n'est épargné, certains affichent des résultats moins flatteurs que d'autres.
Sur les 60 plaintes enregistrées officiellement, elles se concentrent principalement dans le commerce, l'Horeca et la Santé. «Ce type de situation se retrouve effectivement partout, cette thématique est plus que présente dans la société luxembourgeoise», assure Magdalena Mida qui estime que la seule manière de «briser ce cercle vicieux» consiste dans la mise en oeuvre d'un cadre légal basé sur «la prévention, la protection, la réglementation et des sanctions».
Dans une réponse parlementaire publiée en novembre dernier, Dan Kersch (LSAP) ministre du Travail, assurait être en train de combler ce vide juridique via la préparation d'«un avant-projet de loi contre le mobbing sur le lieu de travail». Aucun détail quant au contenu du texte et encore moins sur sa présentation n'avait été fourni.