Le nouveau gouvernement luxembourgeois en 8 points
Le nouveau gouvernement DP-Les Verts-LSAP est en place. Un peu plus de sept semaines après les élections législatives du 14 octobre, le Premier ministre reconduit, Xavier Bettel, et ses 16 ministres ont officiellement été assermentés par le grand-duc Henri ce mercredi. Voici les 8 points qui caractérisent le nouveau gouvernement.
La photo officielle du nouveau gouvernement DP-Les Verts-LSAP. © PHOTO: Pierre Matgé
La photo de groupe officielle du nouveau gouvernement du Premier ministre Xavier Bettel (DP), à peine réalisée suite à la très protocolaire cérémonie d'assermentation, ce mercredi 5 décembre 2018 en début d'après-midi au Palais grand-ducal à Luxembourg-Ville, la nouvelle équipe gouvernementale s'est mise au travail. Un premier Conseil de gouvernement s'est tenu dans la foulée.
Même s'il est reconduit en grande partie et qu'il s'inscrit dans une continuité politique, le second gouvernement dirigé par Xavier Bettel et deux Vice-Premiers ministres (c'est une première) a été repensé et remanié. Quels sont les 8 points remarquables et nouveautés que l'on peut retenir?
1. Le gouvernement compte 17 ministres, soit deux de plus
La coalition tripartite inédite en 2013 au Luxembourg et finalement reconduite grâce à un seul siège remporté dans la toute dernière ligne droite au soir des législatives du 14 octobre 2018, compte 17 ministres. Ce sont deux ministres de plus qu'il y a quelques semaines. Durant la législature écoulée, le gouvernement Bettel-Schneider comptait 15 ministres et 3 secrétaires d'Etat. Le nouveau gouvernement est plus grand et pourrait coûter un peu plus cher.
2. Un moment historique pour le DP et Les Verts
L'assermentation des 17 nouveaux ministres (6 libéraux, 6 socialistes, 5 écologistes) marque l'avènement et la confirmation des Verts en politique au Luxembourg. Les Verts, grands vainqueurs des élections législatives ont été plébiscités par les électeurs. Alors que les socialistes ont perdu 3 sièges au parlement et le DP un siège, les Verts en ont gagné 3. C'est la deuxième fois de leur existence que Les Verts participent à un gouvernement au Luxembourg après l'expérience réussie de 2013 à 2018. Et la première fois qu'ils ont autant de ministres (Felix Braz, François Bausch, Carole Dieschbourg, Sam Tanson et Claude Turmes) ) et de portefeuilles ministériels.
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On peut remarquer que le médiatique François Bausch reste ministre de la Mobilité et des Travaux publics mais qu'il est aussi devenu ministre vert de la Défense (une première au Luxembourg!) et de la Sécurité intérieure.
L'assermentation de Xavier Bettel est aussi une grande première puisque c'est la première fois que le Premier ministre est issu successivement du Parti démocratique (DP).
3. Deux Vice-Premiers ministres
C'est une première au Luxembourg. Les résultats électoraux obligent, le nouveau gouvernement DP-Les Verts-LSAP dispose d'une tête tricéphale: Xavier Bettel (DP) ne sera pas épaulé d'un Vice-Premier ministre mais de deux: Etienne Schneider (LSAP) et Felix Braz (Les Verts).
C'est une configuration inédite dans l'histoire politique luxembourgeoise. Jusqu'en 2013, les coalitions gouvernementales successives étaient toujours formées de deux partis. Soit le CSV et les socialistes. Soit le CSV et le DP. Le Premier ministre était jusqu'ici, très longtemps, issu du rang du Parti chrétien-social. Comme c'était le cas de Jean-Claude Juncker par exemple.
Cela s'explique: les élections d'octobre 2018 ont nettement changé le rapport de force entre les trois partis au pouvoir. Grands vainqueurs du scrutin, Les Verts (les seuls à avoir gagné des sièges au parlement) pèsent bien plus lourd aujourd'hui. La distribution des trois postes les plus prestigieux met les trois partenaires de coalition sur un même pied d'égalité.
4. Un ministère pour les consommateurs
Parmi tous les portefeuilles ministériels distribués, un seul est fondamentalement nouveau: le ministère de la Protection des consommateurs. Il a été attribué à Paulette Lenert (LSAP).
On notera au passage l'attribution d'un ministère de la Digitalisation à Xavier Bettel (DP). C'est bien Marc Hansen (DP) qui suivra les dossiers en tant que ministre délégué.
Autre nouveauté remarquable: la séparation, pour la première fois dans l'histoire récente, des ministères de l'Economie et des Classes Moyennes. Etienne Schneider (LSAP) appauvri de plusieurs portefeuilles reste le ministre de l'Economie mais Lex Delles (DP) se voit confier celui des Classes Moyennes.
5. Quatre nouveaux visages
A y regarder de près, le nouveau gouvernement Bettel affiche seulement quatre nouveaux visages.
Trois personnalités politiques qui ont déjà siégé au parlement ou assumé de grandes responsabilités communales: Lex Delles (DP), le jeune député-maire de Mondorf-les-Bains est nommé ministre du Tourisme et des Classes Moyennes.
Sam Tanson (Les Verts), l'ancienne échevine de la Ville de Luxembourg devient pour la première fois ministre du Logement et de la Culture.
Taina Bofferding (LSAP), députée et conseillère communale d'Esch-sur-Alzette est nommée ministre de l'Intérieur et ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes.
Paulette Lenert (LSAP) est issue de la Fonction publique. Première conseillère au gouvernement au sein du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative jusqu'ici, devient ministre de la Protection des consommateurs et ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire.
6. Deux nominations surprises
Pas franchement connue du grand public, Paulette Lenert (LSAP) n'en est toutefois pas à son premier coup d'essai en politique. Le nom de l'ex-directrice de l'Institut national d'administration publique avait déjà été cité en juillet 2015 lorsqu'il avait été question de remplacer le ministre du Travail, Nicolas Schmit, devant partir à la Cour des comptes européennes.
Autre nomination surprise mais stratégique, celle de Taina Bofferding. La sociologue et députée socialiste sortante avait manqué de peu sa réélection à la Chambres des députés dans la circonscription du Sud, en octobre. En 2013, elle était entrée à la Chambre des députés (où elle est devenue vice-présidente de la commission de la Famille et de l'Intégration) à la faveur de l'appel d'air créé par le jeu de chaises musicales de l'entrée de plusieurs élus socialistes de la circonscription Sud au gouvernement. Parmi les «éléphants» de son parti au gouvernement, elle incarne la jeunesse socialiste.
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7. Moins d'un tiers de femmes ministres
Le nouveau gouvernement est loin de la parité rêvée par les socialistes. Il se compose seulement de 5 femmes sur 17 postes ministériels. C'est moins du tiers de l'équipe. Soit une seule du côté du DP (Corinne Cahen), deux du côté des socialistes (Paulette Lenert et Taina Bofferding) et deux pour Les Verts (Carole Dieschbourg et Sam Tanson).
Le précédent gouvernement à trois partis formé en 2013 sous la houlette de Xavier Bettel était formé de 4 femmes sur 15 ministres, plus une secrétaire d'Etat à l'Economie, Francine Closener (LSAP).
8. Trois ministres non élus
Parmi les 17 nouveaux ministres deux n'ont pas été élus députés le 14 octobre 2018: l'ancien ministre du Logement et ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, Marc Hansen (DP) n'a pas été confirmé dans la circonscription du Nord en finissant derrière ses collègues du parti, Fernand Etgen (ministre de l'Agriculture sortant et futur président de la Chambre des députés) et André Bauler (ancien secrétaire d'Etat à l'Education nationale, à l'Enfance et à la Jeunesse, secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche).
Taina Bofferding, nouvelle ministre de l'Intérieur, a connu le même sort dans le fief électoral des socialistes, la circonscription Sud. Elle a glané 18.787 voix aux élections législatives du 14 octobre, a terminé devant Lydia Mutsch (ministre de la Famille sortante) mais s'est classée 7e élue chez les socialistes. Les six premiers sont rentrés au parlement.
Paulette Lenert (LSAP) ne s'est pas présentée aux élections législatives du 14 octobre 2018.
Le nouveau gouvernement et les ministères attribués:
Xavier Bettel (DP): Premier ministre, ministre d’État, ministre des Communications et des Médias, ministre des Cultes, Ministre de la Digitalisation, ministre de la Réforme administrative
Étienne Schneider (LSAP): Vice-Premier ministre et ministre de l’Économie et de la Santé
Felix Braz (Les Verts): Vice-Premier ministre et ministre de la Justice
Jean Asselborn (LSAP): Ministre des Affaires étrangères et européennes; ministre de l’Immigration et de l’Asile
Romain Schneider (LSAP): Ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural et ministre de la Sécurité sociale
François Bausch (Les Verts): Ministre de la Défense; ministre de la Mobilité et des Travaux publics et ministre de la Sécurité intérieure
Pierre Gramegna (DP): Ministre des Finances
Dan Kersch (LSAP): Ministre des Sports, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire
Claude Meisch (DP): Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse et ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Corinne Cahen (DP): Ministre de la Famille et de l’Intégration; Ministre à la Grande Région
Carole Dieschbourg (Les Verts): Ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable
Marc Hansen (DP): Ministre de la Fonction publique; ministre aux Relations avec le Parlement; ministre délégué à la Digitalisation; ministre délégué à la Réforme administrative
Claude Turmes (Les Verts): Ministre de l’Aménagement du territoire et ministre de l’Énergie
Paulette Lenert (LSAP): Ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire et ministre de la Protection des consommateurs
Sam Tanson (Les Verts): Ministre de la Culture et ministre du Logement
Taina Bofferding (LSAP): Ministre de l’Intérieur et ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes
Lex Delles (DP): Ministre des Classes moyennes et ministre du Tourisme.