Le patron d’Avrox à nouveau privé de liberté
La société basée au Luxembourg avait livré des millions de masques finalement considérés comme non conformes à la Belgique. L’administrateur délégué d’Avrox aura la possibilité de demander sa libération lundi devant la chambre du conseil.
Des doutes sur une possible toxicité en raison de la présence de nanoparticules d’argent et de dioxyde de titane ont eu raison de la distribution de ces protections buccales gratuites. © PHOTO: Crédit: D.R.
Que de rebondissements dans le dossier Avrox. Remettons-nous dans le contexte: au printemps 2020, l'ensemble des pays européens cherchent à se fournir en masques de protection.
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En Belgique, le ministère de la Défense avait à l'époque jeté son dévolu sur la société luxembourgeoise Avrox. Cette dernière devait fournir suffisamment de masques pour protéger l'ensemble de la population. L'entreprise luxembourgeoise n'a toutefois jamais été en mesure de fournir dans le temps imparti les quantités commandées.
Pire encore, la distribution des masques, dans les pharmacies belges notamment, avait dû être interrompue. Des doutes sur une possible toxicité en raison de la présence de nanoparticules d’argent et de dioxyde de titane ont eu raison de la distribution de ces protections buccales gratuites. Face à ces déconvenues en cascade, la justice belge avait lancé une enquête. Celle-ci avait notamment débouché sur l'arrestation des responsables de la société luxembourgeoise. Le parquet de Bruxelles avait d'ailleurs confirmé en décembre dernier que quatre personnes sont soupçonnées de fraude dans le cadre de cette transaction évaluée à 32 millions d'euros.
Des voitures de luxe saisies
Nos confrères du Soir ont annoncé ce vendredi que Laurent Hericord, le patron d’Avrox, avait une nouvelle fois été privé de liberté après une nouvelle audition. Selon eux, des voitures de luxe appartenant à la société Avrox, dont l’objet social initial est la location de véhicules, ont récemment été saisies au Luxembourg, bien que son patron ait affirmé ne pas en être propriétaire.
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Contacté par nos confrères, Laurent Kennes, l’avocat de Laurent Hericord, a confirmé le mandat d’arrêt de son client tout en indiquant «ne pas comprendre la nécessité de le détenir préventivement alors qu’il était même encore libre durant toute son audition auprès des policiers», comme l'indique Le Soir. «Les mesures prises dans ce dossier sont disproportionnées. Mon client répète que l’Etat belge n’a pas été escroqué de 32 millions d’euros, les masques ont été livrés et les paiements ont été faits sur la base de ces livraisons», lance l'avocat, tout en démentant fermement toute infraction de blanchiment.
L’administrateur délégué d’Avrox aura toutefois la possibilité de demander sa libération lundi devant la chambre du conseil.
En avril dernier, on apprenait qu'environ 7 millions de masques attendaient toujours dans une caserne. Le gouvernement belge avait annoncé que ce stock serait prochainement détruit, tout comme quelque 98,5 millions d'euros de masques, matériel de testing et de médicaments. Une décision qui s'explique par la date de péremption du matériel concerné dépassée ou encore en raison d'une qualité insatisfaisante. La valeur des masques Avrox serait ainsi estimée à 17,3 millions d'euros.