Virgule
Ecologie au Luxembourg

Le premier écovillage de la Grande Région verra le jour à Esch

Peu avant la frontière française, on tombe sur un immense chantier, celui du premier restaurant zéro déchet du Luxembourg qui doit ouvrir au printemps.

Le premier restaurant zéro déchet du Luxembourg verra le jour à Esch.

Le premier restaurant zéro déchet du Luxembourg verra le jour à Esch. © PHOTO: Gerry Huberty

(S.MN. avec Franziska JÄGER) Il s'est déjà passé beaucoup de choses sur le futur terrain de l'écovillage dans le quartier d'Esch-Grenz et pourtant, voilà déjà un bon bout de temps que celui-ci aurait dû voir le jour. Au printemps 2020, la crise sanitaire s'est mise en travers du projet phare d'Esch et de la Grande Région.

Lire aussi :Dix principes écolo pour des entreprises plus vertes

Deux ans plus tard, il règne toujours une grande ambiance de chantier sur place : des panneaux de bois ouvrent un chemin branlant au-dessus d'un sol boueux, des échafaudages s'accrochent à des façades vierges, de profondes tranchées sillonnent la surface de 2.000 mètres carrés derrière la maison située au numéro 32 de la rue d'Audun.

Mais Georges Kieffer reste confiant. L'initiateur du projet Benu Village, initiative écologique favorisant l'économie circulaire, déborde d'idées et non moins d'envie d'agir. «C'est ici que le premier écovillage de la Grande Région verra le jour», déclare avec conviction l'homme en faisant visiter le chantier. L'écovillage poursuit des objectifs purement socio-écologiques qui sont bénéfiques pour l'environnement et la cohésion sociale au sein de la société. L'écovillage doit remplacer le bâtiment provisoire initial de Benu et devrait être terminé pour Esch en 2022. «Si tout se passe bien, nous déménagerons cet été», dit Kieffer.

En 2018, le Benu Village, composé de conteneurs maritimes mis au rebut et destinés à être fondus, a ouvert ses portes sur le parking de l'ancien supermarché Aldi. Le bâtiment est uniquement composé de matériaux usagés qui ont été recyclés de manière créative. En passant devant la place, on ne remarque pas seulement la façade en patchwork, mais aussi les fenêtres inclinées qui semblent avoir été placées sans but précis. Pourquoi les fenêtres sont-elles inclinées ? «Pour qu'elles se fassent remarquer», répond Kieffer.

On y trouve absolument de tout

Dans le bâtiment lui-même, qui semble plus petit de l'extérieur qu'il ne l'est en réalité, des personnes s'agitent sur trois étages avec des objectifs différents. Au rez-de-chaussée, la mode upcycling (recyclage par le haut, NDLR) est suspendue aux tringles à vêtements. On y trouve ainsi des masques de protection, des pantalons et des hauts colorés ainsi que des caleçons avec des motifs d'animaux dessus. Kieffer se souvient d'une histoire à ce sujet.

En octobre 2020, le Grand-Duc est venu inspecter les caleçons de plus près. «Malheureusement, il ne les a pas essayés, il était peut-être gêné», raconte Kieffer. Six mois plus tard, l'épouse du Grand-Duc est venue, Kieffer montre une photo sur son téléphone portable, «très chic dans son blazer jaune», elle se tenait là au milieu de la mode durable. «J'ai été un peu déçu, elle n'a pas pris de caleçon à essayer pour Henri». Peut-être lira-t-il ces lignes.

Lire aussi :La seconde main ne séduit pas les résidents

Le prix des tissus recyclés n'est toutefois pas négligeable. 75 euros pour un pull lilas et beige. «Je n'exploite pas mon personnel», explique Kieffer. «Nous prenons 30 euros pour chaque heure travaillée, il y a deux heures et demie de travail dans ce pull, tout simplement. Les ouvriers du Bangladesh ou d'Éthiopie doivent se contenter de 26 dollars par mois pour le même travail». Un étage plus haut, des hommes et des femmes de différentes nationalités sont assis devant des machines à coudre. «La couleur de peau de mes employés m'importe peu, j'attends simplement des connaissances professionnelles».

Tous ici sont des couturiers et couturières qualifiés, l'initiative compte également des apprentis. 27 employés de neuf langues maternelles sont réunis sous le toit de Benu. Au troisième étage, des gabarits en papier parchemin sont accrochés au mur. Pour chaque collection, les collaborateurs développent un design complet. La coupe reste toujours la même, seules les couleurs et les tailles varient. Entre 150 et 200 articles sont vendus chaque mois. Une garantie à vie est assurée pour chaque pièce.

«Trop de vêtements dans le monde»

La motivation derrière cette mode du recyclage est logique : «Il y a tout simplement trop de vêtements produits dans le monde. Les gens jettent leurs vêtements usagés dans les conteneurs de vêtements usagés et ont bonne conscience, alors qu'entre-temps, on n'aide plus seulement les personnes dans le besoin», s'inquiète Geroges Kieffer. «Le marché international est tellement inondé de restes de vêtements et de tissus que seuls 1,7% de tous les vêtements donnés par ce biais parviennent à ceux qui ont besoin d'aide. 30% sont incinérés, 36% vendus à l'étranger, détruisant ainsi le marché local du textile». Pour Kieffer, le commerce des vieux restes de tissu est donc loin d'être terminé et sera développé dans le futur écovillage à côté. Dans une menuiserie, des meubles seront upcyclés et utilisés dans la boutique et le restaurant. Ici aussi, pas de produits chimiques.

Le premier restaurant zéro déchet du Luxembourg devrait accueillir ses premiers clients au printemps - également selon les critères de l'économie circulaire, avec des plats végétaliens et végétariens préparés à partir d'aliments qui ne sont pas vendus dans les supermarchés pour des raisons visuelles. Les professionnels seront recrutés selon des critères sociaux et inclusifs.

Sur le même sujet

Sur le même sujet