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Le racisme ordinaire manque de données

Confronté à une étude européenne sur le sujet, la ministre de l'Intégration ne nie pas le problème, tout en appelant à prendre avec des pincettes les chiffres évoqués. Corinne Cahen (DP) a aussi rappelé les initiatives prises pour combattre le racisme.

Interrogé sur le racisme dans le pays, le gouvernement a botté en touche, reconnaissant néanmoins l'existence du problème.

Interrogé sur le racisme dans le pays, le gouvernement a botté en touche, reconnaissant néanmoins l'existence du problème. © PHOTO: DR

La discrimination de la population noire du Grand-Duché apparaît comme une réalité. C'est ce qui ressort de la réponse de Corinne Cahen (DP) à une question parlementaire, publiée mardi. Faisant référence à l'étude publiée en 2018 par l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (ADF) et intitulée «Being Black in the EU», la ministre de la Famille et de l'Intégration admet l'existence d'un «certain nombre de défis» pour le pays.

La ministre de la Famille et de l'Intégration minimise la portée de l'étude européenne, dont les conclusions sont sévères pour le Luxembourg.

La ministre de la Famille et de l'Intégration minimise la portée de l'étude européenne, dont les conclusions sont sévères pour le Luxembourg. © PHOTO: Guy Jallay

Dans sa réponse au député Dan Biancalana (LSAP), Corinne Cahen (DP) relativise les conclusions de cette étude européenne. «Les résultats doivent être interprétés avec beaucoup de prudence», insiste-t-elle, rappelant les nuances apportées par les auteurs eux-mêmes. En cause, l'absence de «données de référence» luxembourgeoises à disposition des sondeurs. En effet, les 402 personnes du Grand-Duché interrogées par les chercheurs, sur les 5.803 au total, ne sont pas représentatives de la population.

Lire aussi :Victimes du racisme ordinaire au Luxembourg

Mettant en valeur les actions entreprises par le gouvernement dans le domaine de la lutte contre les discriminations, la libérale Corinne Cahen cite notamment le Centre pour l'égalité de traitement (CET). Cet organisme recueillerait «une vingtaine de dossiers par année en moyenne», soit «un taux de déclaration largement inférieur à celui de l'enquête ADF». Poursuivant sa défense, elle ressuscite également un sondage mené par l'Observatoire des discriminations en 2015, dans lequel 37 des 1.020 personnes interrogées ont «déclaré avoir été victimes d'une discrimination au motif de la race» entre 2012 et 2014.

Dans les versions précédentes de ce sondage, menées en 2009 et 2011, la «référence à l’ethnie ou à la couleur de peau» n'était même pas listée comme critère de discrimination. Plus de quatre ans après la dernière étude menée sur le sujet, le ministère conclut sa missive en évoquant les mesures déjà en place, comme la Charte de la diversité Lëtzebuerg, qui «promeut la diversité».

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