Le salaire, un critère secondaire face à la qualité de vie
Bouleversée par la pandémie, la vision du travail des salariés luxembourgeois a été disséquée dans une étude menée par JLL Luxembourg, la première du genre.
Pour les travailleurs luxembourgeois, le bureau, davantage que le télétravail, reste le lieu idéal pour collaborer. © PHOTO: Marc Wilwert
Attirer des travailleurs, mais surtout les garder au sein de son entreprise, une mission devenue de plus en plus ardue pour les recruteurs luxembourgeois. Un constat d'ailleurs mis en exergue dans un récent classement sur l'attractivité, dans lequel le Grand-Duché a chuté de quatre places. Dans ce contexte de véritable guerre des talents, le baromètre des préférences des salariés 2022 mené par JLL Luxembourg permet d'en savoir un peu plus sur les attentes des employés du marché belgo-luxembourgeois.
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Sans surprise, cette étude confirme l'attrait des travailleurs pour le télétravail. En moyenne, les répondants ont indiqué que le fait de travailler depuis chez eux un jour par semaine était le quota idéal, plaçant ainsi le Grand-Duché en dessous de la moyenne mondiale, fixée à 2,3 jours par semaine. «59% des salariés interrogés ont révélé qu'ils aspiraient à télétravailler, et 55% d'entre eux ont renseigné qu'ils télétravaillaient déjà. Ce baromètre nous montre donc que le travail hybride a atteint une forme d'équilibre au Luxembourg», a décrypté Emna Rekik, Head of Tenant Representation chez JLL Luxembourg.
À l'échelle du pays, 58% des sondés ont indiqué préférer la solution de travail hybride. C'est 2% de moins que la moyenne mondiale. Interrogés sur leur productivité lorsqu'ils travaillent depuis chez eux, 80% des salariés luxembourgeois ne se sentent pas plus efficaces à la maison. «Tout ceci est en train de souligner l'importance pour les employeurs de prendre l'hybride en compte pour augmenter leur attractivité», souligne l'agente.
Le bureau reste ainsi le lieu idéal pour collaborer dans l'esprit des salariés. 57% ont d'ailleurs indiqué manquer d'interactions humaines lorsqu'ils se trouvent en télétravail, tandis que 40% jugent que le travail d'équipe est affecté par l'activité à distance. Pour JLL Luxembourg, il est donc primordial que ces aspects soient pris en compte par les entreprises au moment de désigner les espaces de travail, dans le but d'offrir au salarié ce qui lui manque à distance. «Le bureau devient un véritable endroit de rencontre, et favorise ainsi le sentiment d'appartenance à l'entreprise», poursuit Emna Rekik.
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Un manque de soutien technique
Par ailleurs, les travailleurs luxembourgeois s'attendent à davantage de soutien technique de la part de leur employeur. 78% des 300 personnes interrogées ont ainsi réclamé un meilleur support technologique, une aide qui passe notamment par des équipements de pointe, et plus complets. À noter qu'en Belgique et au Luxembourg, 46% des sondés ont estimé qu'il faudrait leur attribuer un bonus financier pendant la période de télétravail.
La compensation financière arrive après la qualité de vie, ce qui témoigne d'une véritable évolution des mentalités.
S'il y a bien un mot d'ordre qui ressort de ce baromètre, c'est la «flexibilité». Alors que 39% des sondés estiment que leur entreprise est un excellent lieu de travail et que 18% envisagent de quitter leur société -43% se disent indifférents- cette flexibilité pourrait bel et bien influer sur le recrutement et la rétention des talents. 86% des salariés de Belgique et du Luxembourg trouvent intéressant le fait de pouvoir moduler leur propre temps de travail, tandis que seulement 33% d'entre eux y sont actuellement autorisés. La semaine de quatre jours de travail est, elle, plébiscitée par 80% des salariés.
Finalement, les travailleurs belgo-luxembourgeois attendent de leur entreprise une meilleure prise en compte de leur bien-être. Ils sont même 75% à indiquer vouloir travailler dans une société qui promeut la santé mentale, la sécurité et le bien-être en général, contre 71% à l'échelle mondiale. Plus que les autres pays, les salariés luxembourgeois mettent donc un point d'honneur à avoir un bon équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie familiale.
«Pour les employés, la compensation financière arrive après la qualité de vie, ce qui témoigne d'une véritable évolution des mentalités», souligne Emna Rekik. Les priorités des salariés interrogés sont ainsi d'atteindre une bonne qualité de vie pour 63%. Le salaire, lui, ne récolte que 49%, se classant par conséquent troisième sur la liste des attentes des travailleurs. De quoi faire évoluer les offres d'emploi du marché luxembourgeois?