Le stock belge des masques Avrox va être entièrement détruit
La société basée au Luxembourg avait livré des millions de masques finalement considérés comme non conformes à la Belgique. Ces derniers seront détruits prochainement.
Les magistrats veulent notamment savoir si Avrox n'a pas produit de faux documents pour être acceptée comme fournisseur du ministère de la Défense belge. © PHOTO: DR
Si la saga de la pénurie de masques semble désormais loin derrière nous au regard de la levée de la plupart des restrictions sanitaires, certains dossiers, témoins d'une situation sanitaire chaotique à l'époque, font toujours parler. Difficile de ne pas se souvenir du ramdam mondial survenu au printemps 2020, là où la plupart des pays européens cherchaient à se fournir en masques de protection.
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En Belgique, le ministère de la Défense avait à l'époque jeté son dévolu sur la société luxembourgeoise Avrox. Cette dernière devait fournir suffisamment de masques pour protéger l'ensemble de la population. Le gouvernement belge ne se doutait pas à l'époque que cette commande signifiait le début de toute une série de problèmes et de démêlés judiciaires. Ainsi, rappelons que l'entreprise luxembourgeoise n'a jamais été en mesure de fournir dans le temps imparti les quantités commandées (15 millions de masques, NDLR).
Des possibles nanoparticules dans les masques
La qualité des masques elle-même était mise en doute. Pire encore, la distribution des masques, dans les pharmacies belges notamment, avait dû être interrompue. Des doutes sur une possible toxicité en raison de la présence de nanoparticules d’argent et de dioxyde de titane ont eu raison de la distribution de ces protections buccales gratuites. C'en était trop pour le gouvernement. La justice belge avait d'ailleurs lancé une enquête. Celle-ci avait notamment débouché sur l'arrestation des responsables de la société luxembourgeoise. Le parquet de Bruxelles avait d'ailleurs confirmé en décembre dernier que quatre personnes sont soupçonnées de fraude dans le cadre de cette transaction évaluée à 32 millions d'euros.
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«La totalité des 15 millions de masques a bien été livrée à l'Etat belge, et tous étaient conformes aux exigences du contrat-cadre. Il ont d'ailleurs été validés par le commanditaire, à savoir la Défense belge», s'était défendu l'un des responsables d'Avrox dans nos colonnes.
Et les masques dans tout cela? Qu'est-il advenu de ceux-ci? En mars 2021, la ministre fédérale belge Ludivine Dedonder expliquait sur La Première qu'environ 7 millions de ces masques attendaient toujours dans une caserne. Aujourd'hui, il semblerait que le sort de ces protections buccales de piètre qualité soit scellé. En effet, selon le journal l'Echo, le gouvernement belge a dû se résoudre à la destruction de quelque 98,5 millions d'euros de masques, matériel de testing et de médicaments. Une décision qui s'explique par la date de péremption du matériel concerné dépassée ou encore en raison d'une qualité insatisfaisante.
Du matériel peu ou pas utilisé du tout
«Des quantités considérables de matériel ont dû être achetées à court terme sur un marché qui, à l'époque, ne fonctionnait pas de manière optimale», a reconnu le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke dans une note adoptée par le gouvernement et citée dans l'Echo. «Cette situation a conduit à l'achat de matériel parfois de moindre qualité ou à l'achat d'une trop grande quantité de matériel pour être certain de couvrir tous les besoins. Dans certains cas, on a également acheté du matériel qui n'a pas été utilisé par la suite en raison d’un changement d'approche».
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Le ministre fait donc ici totalement référence au scandale Avrox. Sur 98,5 millions de matériel bon à jeter à la poubelle, 52 millions d'euros concernent des équipements de protection individuelle, des masques en l'occurrence, dont ceux d'Avrox. La Défense a d'ailleurs expressément demandé la destruction de ces 7 millions de masques stockés en son sein. La valeur des masques Avrox serait ainsi estimée à 17,3 millions d'euros. Une coquette somme jetée par la fenêtre, en attendant toutefois la fin de l'instruction judiciaire et d'un éventuel procès.