Le télétravail a sauvé des vies
Ce n'est pas un nouvel appel pour contrer le virus mais un constat. Le travail à domicile a fortement prémuni la santé des salariés luxembourgeois jusqu'ici, indique la directrice du LISER. Alors même que le télétravail a explosé, constate le Statec.
Le Luxembourg a réussi à bien survivre ces derniers mois, du fait que le pays était déjà plus adapté au travail à domicile, note Aline Muller, directrice du LISER. © PHOTO: Christophe Olinger
Dès le début de la crise sanitaire liée au coronavirus, le télétravail s'est rapidement imposé à nombre de résidents et frontaliers à l'échelle du Luxembourg. D'une manière qui a même pu surprendre durant le confinement, cette pratique, en discussion depuis des années au Luxembourg, s'impose finalement comme une solution viable. Cela alors qu'elle était restreinte par nature avant la pandémie. Mais ça, c'était avant.
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Le coronavirus a ainsi chamboulé l'organisation même du travail. Si bien qu'aujourd'hui, «le télétravail sauve des vies», comme l'affirme ce mardi le Dr Aline Muller, sur RTL. La directrice de l'Institut luxembourgeois de recherche socio-économique (LISER) estime que par rapport à d'autres pays, le Luxembourg a mieux réussi à traverser ces derniers mois, du fait que le pays était déjà plus adapté au travail à domicile et donc mieux à même de le mettre en place.
Aline Muller affirme que si les salariés avaient dû cesser complètement de travailler «la situation aurait été beaucoup plus compliquée et nous aurions perdu plus du double du PIB». Et si ces mêmes employés avaient dû se rendre au bureau, les conséquences auraient pu être encore plus dévastatrices. Ce scénario, selon l'institut, aurait pu engendrer un triplement des infections. De plus, si le confinement avait perduré jusqu'à la fin de l'année, l'institut a calculé que le PIB aurait pu chuter d'environ 22%.
69% des actifs sont passés au télétravail
Aujourd'hui «le télétravail explose» et se lit comme «une expérience jugée positive par la majorité des travailleurs», assure ce mardi le Statec qui publie les premiers résultats sur le sujet. Le bilan tient en deux pourcentages et tout l'écart du chemin parcouru à marche forcée: avec le confinement 69% des personnes actives sont passées au télétravail contre 20% en 2019.
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Dans le détail, l'Institut national de la statistique relève que «48% des travailleurs ont été en télétravail complet et 21% en télétravail en alternance». A contrario, presque un salarié sur trois - 31% précisément - a continué à se rendre au bureau.
Sans surprise, les enseignants (74%), les agents des services administratifs et financiers (61%) et les fonctionnaires d'Etat (47%) sont ceux qui déclarent avoir le plus télétravaillé.
Autre constat de l'étude: le type de domicile «ne semble pas impacter les conditions de travail» et le travail à domicile convient davantage aux salariés plus âgés. Ainsi, le télétravail est plus répandu chez les plus de 55 ans, «probablement» à cause de la vulnérabilité au coronavirus qui est plus élevée avec l'âge, pose le Statec.
Deux pétitions lancées sur le télétravail
Ouverte à signatures sur le site de la Chambre des députés depuis un mois, la pétition publique 1556 qui vise à modifier le code du travail pour introduire un droit au télétravail, a déjà collecté à ce jour 5.555 paraphes. Nombre de frontaliers ne peuvent que sous-signer à l'idée prônée d'«augmenter le bien-être des travailleurs et de réduire la pollution atmosphérique».
Dans la même veine, a été publiée le 8 mai, la pétition n°1596 pour créer une base légale permettant de rendre le télétravail obligatoire «au moins une fois par semaine pour les professions le permettant». La pétition reste ouverte à signature jusqu'au 25 juin et en a déjà collecté 308.