Le traitement des patients covid long en sursis au Rehazenter
Avec le départ de deux médecins de l'entité traumatologique du Rehazenter, la prise en charge de nouveaux patients atteints d'une forme longue du covid s'annonce plus que compliquée.
Au Rehazenter, les patients soignés pour une forme de covid long sont ceux souffrant de désaturation à l'effort. © PHOTO: Guy Jallay
(Laura BANNIER avec Sibila LIND) Ils sont déjà plus de 700 à avoir été pris en charge dans le cadre du projet covid long. Qu'ils soient traités au Centre hospitalier neuro-psychiatrique, à la station thermale de Mondorf-lès-Bains, au Rehazenter ou encore au Centre hospitalier de Luxembourg, tous sont atteints de symptômes persistants de plus de trois mois après avoir été infectés par le covid-19.
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Pour l'ensemble de ces malades, la procédure est la même. Après avoir consulté leur généraliste puis été redirigé vers le programme Covid Long par ce médecin, le patient réalise une consultation au CHL. Cette dernière vise avant tout à confirmer que ces symptômes soient bien associés au covid long, afin de pouvoir proposer un parcours de prise en charge pluridisciplinaire au malade, dans le but qu'il retrouve une meilleure qualité de vie.
Mais si les rendez-vous s'enchaînent pour les spécialistes du CHL, comme la docteure Thérèse Staub, la prise en charge des patients s'annonce plus compliquée que prévu pour ces prochains mois. «Les délais sont déjà assez importants, puisque les patients que l'on voit maintenant seront vus en novembre ou en décembre. Alors qu'il s'agit des patients les plus graves que nous voyons», souligne la médecin spécialiste des maladies infectieuses au centre hospitalier de Luxembourg.
Deux médecins sur le départ
Un constat qui ne risque pas d'évoluer, en particulier pour ce qui est du parcours de prise en charge au centre national de rééducation fonctionnelle et de réadaptation, le Rehazenter. L'établissement de santé situé dans la capitale prend en charge des patients du projet Covid Long au sein de son entité traumatologique depuis le mois d'août 2021. Seulement, deux des spécialistes assurant le suivi et le traitement de ces malades vont quitter leurs fonctions. Si le premier est d'ailleurs déjà parti, le second médecin suivra ses pas dans les semaines à venir.
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«Les effectifs médicaux sont beaucoup moins importants que ce qu’ils étaient quand on a commencé le projet. Et donc le Rehazenter va avoir beaucoup de difficultés à prendre en charge les patients covid long», souligne la docteure Thérèse Staub. La spécialiste s'inquiète de l'impact de ces départs sur les délais d'attente déjà conséquents, alors que les salles de consultations ne désemplissent pas de malades nécessitant un suivi. En effet, 10% des malades ayant contracté une forme aiguë du covid-19 présentent encore des symptômes trois mois plus tard.
Maux de têtes, fatigue extrême, problèmes d'attention, mais aussi difficultés respiratoires, anxiété ou encore douleurs thoraciques, les patients concernés peuvent souffrir de symptômes multiples. De quoi rendre le diagnostic et la prise en charge de la maladie particulièrement compliqués. Au Rehazenter, les patients soignés pour une forme de covid long sont ceux souffrant de désaturation à l'effort, ou qui pratiquaient une activité sportive importante avant leur infection.
À partir d'octobre ou novembre, il n'y aura plus qu'un seul médecin.
Pour pallier ces deux départs au sein de son entité traumatologique, le Rehazenter cherche activement à recruter. Une tâche particulièrement ardue, selon la docteure Thérèse Staub. Le covid long étant une pathologie dont le corps médical sait encore peu de choses, difficile de trouver de nouveaux médecins formés sur le sujet. «Donc à partir d'octobre ou novembre, il n'y aura plus qu'un seul médecin. Cela va encore allonger les délais donc on espère que le Rehazenter va trouver une solution pour pouvoir prendre les patients en charge.»
Difficile, pour le moment, de dire comment évoluera cette liste d'attente. Une chose est sûre, les patients covid long ne sont pas les seuls à être soignés au sein de l'établissement de santé. «La structure ne peut pas prendre en charge les patients covid long au détriment des autres patients traumatologiques, tels que les polytraumatisés, les gens qui ont des accidents de la route. Ainsi, je comprends que les personnes présentant de multiples fractures soient prioritaires, mais cela reste quand même un problème pour nos patients», conclut la spécialiste.