«Les autres usagers de la route sont le plus grand danger»
Le printemps est là et les motards ont à nouveau enfourché leurs machines. Une passion qui n'est cependant pas sans danger, comme le rappelle un moniteur de moto-école.
Tous les candidats au permis moto doivent réussir le parcours d'obstacles lors de l'examen de conduite. © PHOTO: Anouk Antony
(m. m. avec Jean-Philippe SCHMIT) - Environ 950 motards débutants terminent cette année leur période d'essai et ne sont donc plus soumis à aucune limitation de puissance. Ils sont autorisés à démonter la bride de leur moto ou à acheter directement une nouvelle machine. Et certaines atteignent des performances impressionnantes. Les motos les plus rapides disponibles chez les concessionnaires atteignent des pointes de 300 km/h et accélèrent aussi vite qu'une voiture de Formule 1.
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Les motards sont de plus en plus nombreux sur les routes : au cours des cinq dernières années, le nombre de nouveaux permis a augmenté de près d'un tiers. C'est ce qui ressort des chiffres rassemblés par le ministère de la Mobilité et la Sécurité routière.
La Route 66 en Harley
«Le motard type n'existe pas», estime Gilbert Bertrand, qui a repris la moto-école Bertrand de son père en 1975. «L'éventail des élèves conducteurs va du jeune de 18 ans à la retraitée de 66 ans», dit-il. Cette dernière voulait réaliser un rêve d'enfant et parcourir la Route 66 sur une Harley. Avant d'avoir le permis en main, elle a sué de grosses gouttes. Mais cela en valait la peine car les vacances aux Etats-Unis ont été une réussite.
Tom Bertrand a fait de sa passion son métier. © PHOTO: Anouk Antony
«Le motard type n'existe pas», estime Gilbert Bertrand, qui a repris la moto-école Bertrand de son père en 1975. «L'éventail des élèves conducteurs va du jeune de 18 ans à la retraitée de 66 ans», dit-il. Cette dernière voulait réaliser un rêve d'enfant et parcourir la Route 66 sur une Harley. Avant d'avoir le permis en main, elle a sué de grosses gouttes. Mais cela en valait la peine car les vacances aux Etats-Unis ont été une réussite.
«Un candidat au permis moto sur trois est une femme», ajoute Tom, le fils et successeur de Gilbert Bertrand. La moto-école Bertrand propose également des stages de conduite de sécurité pour les motards déjà expérimentés. Le terrain d'entraînement de l'école de conduite n'est donc pas uniquement fréquenté par des apprentis motards.
En effet, de nombreuses personnes possèdent le permis, mais n'ont pas conduit de moto depuis longtemps, voire n'ont même jamais enfourché leur machine. Autrefois, le permis moto était souvent offert avec le permis voiture.
Il suffit de s'asseoir et de rouler
«En principe, même après une pause de plusieurs années, il suffit de s'asseoir et de rouler», explique Tom Bertrand. C'est comme faire du vélo, cela ne s'oublie pas. Mais les routines doivent être réapprises avant de pouvoir rouler en toute sécurité. Les petits détails, comme éteindre le clignotant une fois le virage terminé ou déplier la béquille latérale, sont souvent oubliés et font partie des erreurs les plus fréquentes commises par les débutants.
La moto est considérée comme une passion au Luxembourg.
«Le renversement à l'arrêt fait partie des accidents les plus fréquents», explique Tom Bertrand. Selon lui, un stage de sécurité routière en début de saison est toujours utile. «Les cours facultatifs proposés par le centre de formation de Colmar ne sont pas mal non plus», ajoute le père.
Manque de terrains d'entraînement
Il y a cependant un manque de terrains d'entraînement au Luxembourg, souligne Tom Bertrand. Il y en a un au Findel et un autre à Erpeldange. En revanche, il n'y en a pas dans la région de la Minette. «Celui qui passe son permis moto dans le sud du pays doit d'abord se rendre à moto jusqu'au terrain d'entraînement», explique Gilbert Bertrand. Ce qui n'est pas sans poser quelques difficultés.
La moto comme hobby
Une fois le permis passé, rares sont ceux qui utilisent la moto pour se rendre d'un point A à un point B. Au Luxembourg, les motos sont considérées comme un loisir et non comme un moyen de transport. Il existe de nombreux clubs de motards qui organisent des sorties communes, mais le Luxembourgeois se rend généralement à son travail sur quatre roues. «La moto est considérée comme une passion ici», explique Gilbert Bertrand. «Même si le prix de l'essence passait à quatre euros le litre, on ferait quand même le plein et on roulerait.»
Mais il y a de plus en plus de gens qui découvrent la moto comme substitut à la voiture et qui roulent aussi toute l'année, estime le fils. «Ils passent le permis A2 pour ensuite s'acheter une 300», dit Gilbert Bertrand. D'ailleurs, les ventes de deux-roues motorisés entre 125 et 500 cc augmentent, et pas seulement au Luxembourg. En revanche, les motos sportives restent dans les showrooms des concessionnaires.
«Le Luxembourg ne connaîtra pas de situation comme l'Italie ou l'Espagne, où des milliers de scooters et de motos légères envahissent les rues», estime Gilbert Bertrand. Le temps est trop mauvais pour cela. Ceux qui roulent l'hiver sont rares. Dans son club de motards, il n'y a qu'une seule personne qui porte ses vêtements de protection par-dessus sa combinaison en hiver et qui se rend ainsi chaque jour au travail à moto.
Y aller doucement au début
Presque toutes les autres motos passent l'hiver au chaud au garage. «Au début de la saison, il faut y aller doucement», souligne Tom Bertrand.
Malheureusement, on se surestime trop souvent.
Pourtant, pour beaucoup, la tentation est grande de sortir la moto du garage dès le premier week-end ensoleillé et de tourner la poignée des gaz à fond. Ce qu'il vaut mieux éviter. Le pilote et la machine doivent retrouver progressivement leurs habitudes de fonctionnement. «Malheureusement, on se surestime trop souvent».
Car les dangers sont nombreux sur une moto. Une vitesse excessive, une chaussée glissante, la perte de contrôle de sa propre moto ou la surestimation de ses propres capacités sont les causes d'accident les plus fréquentes, selon le ministère de la Mobilité. «Une moto n'a pas de zone déformable et il n'y a pas non plus de ceinture de sécurité», précise le communiqué de presse. Résultat : le risque d'accident mortel est 20 fois plus élevé sur une moto que dans une voiture.
Le nombre d'accidents mortels augmente
Contrairement à la tendance générale, le nombre de motocyclistes victimes d'un accident mortel a augmenté ces dernières années. En 2020, sept motards ont été victimes d'un accident mortel, selon la Sécurité routière. «Les autres usagers de la route sont désormais le principal danger pour eux», explique Tom Bertrand.
Il arrive régulièrement que des automobilistes ne voient pas les motos qui s'approchent en tournant à gauche. En tant que conducteur de voiture, il faut se réhabituer aux motos qui surgissent subitement. De nombreux virages ont déjà été fatals aux motocyclistes.
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En ce qui concerne les victimes d'accidents mortels, le nombre de motards venant de l'étranger est remarquablement élevé, note Tom Bertrand. «Dans le Mullerthal, l'Oesling ou la Moselle, il y a beaucoup de beaux parcours».
Le Grand-Duché est en effet très apprécié des motards belges et néerlandais. «Le Luxembourg est proche et pourtant si différent», fait la publicité d'une agence de voyage néerlandaise spécialisée dans les circuits à moto. De leur point de vue, le Luxembourg a surtout deux avantages : «des routes magnifiques» et «une essence bon marché». De plus, le parcours à travers les paysages vallonnés et les routes sinueuses de l'Ardenne belge est déjà en soi une expérience.
Des campagnes sur la sécurité
Une fois arrivés au Luxembourg, des affiches de la nouvelle campagne de sécurité invitent les motards à porter un équipement de sécurité adéquat. «Bien équipé, bien protégé», tel est le slogan de la campagne cette année.
Les campagnes de sécurité sont certes importantes, mais elles ne restent pas dans la mémoire des motocyclistes, estime Tom Bertrand. «Quand je passe devant une affiche, je n'y pense plus après deux jours».
Selon lui, il serait préférable de mettre les motards en relation avec des collègues accidentés dans le cadre d'une formation continue. «Une fois, je suis allé avec une classe dans un centre de rééducation», se souvient Tom. Là, le groupe a rencontré cinq personnes qui avaient survécu à un grave accident de moto et dont la vie a été bouleversée suite à ce drame. «Même si c'était il y a des années, j'y pense encore aujourd'hui...»
« Bien équipé, bien protégé »
Un casque, une veste en cuir et un jean ne suffisent plus comme équipement de sécurité, même si la loi n'impose que le port du casque, qui doit avoir une homologation européenne.
La campagne conjointe de la Sécurité routière et du ministère de la Mobilité conseille, tout comme les moniteurs d'auto-école, d'utiliser des casques intégraux fermés qui protègent également le visage.
En ce qui concerne les vestes et les pantalons, vous devez vous assurer qu'ils sont équipés de protections et qu'ils sont fabriqués dans des matériaux résistants à l'abrasion tels que le cuir ou le Kevlar. Des gants et des bottes de moto complètent cet équipement. Gilbert Bertrand précise qu'il existe aussi des gilets airbag pour les motards. Lors de l'achat d'une moto, vous devez également vous assurer qu'elle est équipée d'un système ABS.
Et afin d'être remarqué par les autres usagers de la route, vous devez être visible de loin, grâce à des couleurs vives. «Un casque jaune vif associé à un gilet jaune se reconnaît plus rapidement», précise le moniteur d'auto-école.