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Les bars craignent d'être des «boucs émissaires»

Alors que la nouvelle loi covid entre en vigueur ce vendredi, les établissements ne respectant pas les règles sanitaires risquent désormais gros. Si 23 d'entre eux ont d'ores et déjà été sanctionnés par une amende, certains bars et cafés pris en flagrant délit jugent le dispositif disproportionné.

Pour certains bars, les sanctions sont lourdes de conséquences et non adaptées aux foyers d'infections identifiés par le gouvernement.

Pour certains bars, les sanctions sont lourdes de conséquences et non adaptées aux foyers d'infections identifiés par le gouvernement. © PHOTO: Lex Kleren

Anne-Sophie de Nanteuil

Avec pas moins de 1.475 nouvelles infections au covid-19 enregistrées depuis le 1er juillet, le gouvernement a fait le choix de renforcer son arsenal législatif pour tenter de contrer cette «deuxième vague». Dans le viseur notamment de la nouvelle loi covid, le secteur de l'Horeca qui aurait besoin d'«une nouvelle campagne de sensibilisation au respect des gestes barrières», à en croire Paulette Lenert (LSAP), ministre de la Santé.

Mais si le renforcement des sanctions est présenté par l'Horesca, syndicat représentant les acteurs de l'hôtellerie, de la restauration et des cafés, comme justifié, tous n'abondent pas dans le sens du regain de sévérité à venir. «Nous avons le sentiment d'être des boucs émissaires», s'écrit Franco Anelli, gérant d'un bar de Hollerich sanctionné par la police pour non-respect des règles sanitaires. En l'occurrence, pour ne pas avoir fermé les portes de son établissement à minuit.

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Selon les données officielles, la police a ainsi dressé 40 procès-verbaux. 23 amendes ont également été distribuées, détaillait la ministre de la Santé la semaine dernière. Autrement dit, un peu plus de la moitié des sanctions ont été jugées comme suffisamment graves pour engendrer une amende allant de 250 euros à 4.000 euros. Une somme pouvant grimper jusqu'à 8.000 euros pour les récidivistes.

Et parmi les établissements sanctionnés, des bars dans des lieux prisés des fêtards, comme dans l'hyper-centre de la capitale ou sur les rives de Clausen. Mais rares sont ceux qui acceptent d'en parler. Si Franco Anelli reconnaît lui qu'une quarantaine de personnes étaient présentes dans son bar vers une heure du matin, il assure que «toutes les règles d'hygiène étaient respectées». Toutes ? Non, puisque les policiers venus le contrôler ne portaient eux pas de masque, ironise-t-il.

S'il regrette son entrave à la loi, il juge toutefois la sanction sévère. Faisant référence aux données du ministère, l'entrepreneur se défend ainsi d'être un vecteur de la propagation du virus. Et pour cause. Au total, seuls trois foyers de contaminations dans des bars et restaurants sur 33 ont été officiellement recensés à ce jour. Soit moins de 10%.

En outre, ajoute-t-il, «qu'il soit minuit ou une heure du matin, cela ne change rien». Cette limitation a en revanche un impact important sur son chiffre d'affaires. Car habituellement, ses clients arrivent «après minuit». Les restrictions sanitaires imposées par le gouvernement le privent ainsi de près d'un tiers de son chiffre d'affaires.

Un couvre-feu que dénoncent d'ailleurs les représentants de l'Horesca. «Ça n'a pas de sens», s'insurge ainsi François Koepp. Car une fois le rideau baissé, «les jeunes vont se regrouper pour continuer à faire la fête» comme au parc des Trois Glands ou au Kinnekswiss. Or, «mieux vaut qu'ils la fassent là où c'est contrôlé».

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Mais finalement, «c'est à chacun de prendre ses parts des responsabilités.», souligne François Koepp. Car si les bars peuvent être pointés du doigt, les clients ont eux aussi des consignes à respecter, telles que le port du masque ou l'obligation de consommer assis. Pour rappel, les récalcitrants risquent une amende jusqu'à 250 euros.

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