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Les dessous des sondages électoraux

A chaque élection des sondages apparaissent dans les médias. Au Grand-Duché le Politmonitor et notamment la Sonndesfro sont repris par les médias. Mais comment sont-ils réalisés?

Comment les sondages sont-ils réalisés? De nombreux docteurs sont venus raconter leurs procédés.

Comment les sondages sont-ils réalisés? De nombreux docteurs sont venus raconter leurs procédés. © PHOTO: Noémie Koppe

(NK) - «Les sondages c'est pour que les gens sachent ce qu'ils pensent» disait Coluche. Alors que les élections législatives approchent à grands pas, les sondages sont déjà sortis dans les médias, notamment la Sonndesfro - une des questions du sondage du Politmonitor - commandée par le Luxemburger Wort et RTL.

Apparus en 2004 au Luxembourg, les sondages sont devenus indispensables en période d'élection. A l'occasion de la conférence sur «les sondages électoraux», Agnieszka Walczak, responsable du Centre de données du Liser, Christophe Ley, professeur en statistique mathématique à l'université de Gand et Tommy Klein, directeur du service client chez TNS Ilres, ont présenté les dessous des sondages.

Christophe Ley SLS et UGent, Agnieszka Walczak SLS et LISER, Tommy Klein TNS Ilres

Christophe Ley SLS et UGent, Agnieszka Walczak SLS et LISER, Tommy Klein TNS Ilres © PHOTO: Anouk Antony

Pourquoi fait-on autant attention aux sondages avant les élections? Pourquoi les médias s'attardent-ils autant dessus? Nombreux sont les politiques qui commandent des sondages pour savoir ce que pense la population luxembourgeoise et ceux-ci ne sont pas divulgués. Mais quels sondages sont publiés? Et bien il s'agit des sondages de confiance dans les partis politiques et dans le gouvernement, de la sympathie et des compétences du gouvernement et de la Sonndesfro. Ces trois catégories sont recensées dans le Politmonitor.

Réaliser un sondage est quelque chose de très précis. Dans le cas du Politmonitor, les sondages sont réalisés sur une période de 6 mois afin d'avoir un panel étendu pour refléter au maximum la population luxembourgeoise. Pour ce faire, plusieurs étapes sont nécessaires: poser les questions via un questionnaire ou par téléphone, récolter les données, les traiter, élaborer les résultats, puis les publier. «Aujourd'hui on utilise internet pour élargir et augmenter la qualité de l'échantillon», explique Tommy Klein.

En effet, avec la forte présence des réseaux sociaux dans la société, les sciences sociales s'attardent de plus en plus sur l'exploitation des réseaux sociaux pour sonder l'opinion. Mais il y a également le panachage qui doit être pris en compte dans la récolte des résultats, c'est-à-dire: considérer ceux qui distribuent leurs votes à parts égales aux partis et ceux qui les distribuent de part et d'autre, afin de disposer d'un échantillon complet.

L'«effet mouton»

Mais il y a tout de même des limites à ces sondages. Les agences rencontrent fréquemment de nombreux problèmes, comme ceux de la couverture, qui pose la question de l'exhaustivité. De nombreux sondages sont faits via internet, écartant les personnes n'ayant pas accès au web. Les problèmes vis-à-vis des personnes qui ne répondent pas, qui sont indécises ou qui mentent dans les questionnaires, augmentant alors la marge d'erreur des sondages.

Le problème du calibrage, c'est-à-dire la représentation de la population luxembourgeoise et de ses caractéristiques dans les sondages. Enfin il y a ce fameux problème appelé «effet mouton», où les sociétés de sondages peuvent ajuster le résultat d'un sondage actuel au sondage antérieur ou faire converger le résultat vers la moyenne collective des sondages publiés par d'autres sociétés.

Une cinquantaine de personnes étaient présentes à la conférence sur les sondages électoraux au Cercle Cité.

Une cinquantaine de personnes étaient présentes à la conférence sur les sondages électoraux au Cercle Cité. © PHOTO: photo Anouk Antony

Les sondages indispensables lors des élections?

Si les politiques en sont très friands, la population n'a pas l'air de s'en préoccuper. «On associe souvent démocratie et sondages, mais est-ce qu'elle a vraiment besoin de sondages? La réponse est simple: la démocratie a très bien fonctionné sans eux, surtout que les sondages électoraux au Luxembourg sont assez récents. On a eu des élections parfaitement valides sans sondages», explique Jean-Lou Siweck, directeur général d'Editpress.

Pourquoi les médias font-ils des sondages? Outre l'aspect commercial évident, il y a surtout cette envie de connaître demain. «C'est humain et c'est toujours très intéressant quand on regarde par exemple, les présidentielles américaines. Le lendemain des élections, tous les spécialistes en la matière commençaient à discuter des élections dans 4 ans», rajoute l'ancien journaliste.

Malgré tout, les sondages restent les plus influents mais ils devront tenir compte des opinions sur les réseaux sociaux, qui perdurent ou évoluent dans le temps. Mais il ne faut pas oublier les forums. Raphaël Kies chercheur adjoint à l'Université du Luxembourg, a mené une étude sur ceux de l'Essentiel et de RTL, qui se révèlent être proches de ce que pensent les Luxembourgeois.

«Je me suis intéressé à la question du droit de vote des étrangers et j'ai regardé dans [leurs] forums de discussions […] Est-ce que les opinions qui sont exprimées dans ces forums sont représentatives du résultat final?» raconte Raphaël Kies. «Pour RTL on avait une représentation de 80% et 20% contre, donc ça représentait véritablement le résultat et pour l'Essentiel, c'était quand même entre 60% et 70% qui étaient contre».

L'avenir des sondages tend donc à évaluer avec les réseaux sociaux mais aussi avec les forums de discussions, afin d'informer et de représenter au plus près la population luxembourgeoise.

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