Les doses de vaccins trouvent difficilement preneurs
Alors que le rythme de la vaccination diminue à mesure que la campagne avance, des doses de vaccins commandées par le Grand-Duché arrivent à leur date de péremption. Ces dernières ne peuvent pas toutes faire l'objet de dons envers des pays tiers.
Début juin, des doses de vaccin du laboratoire Johnson&Johnson arrivent à leur date de péremption, et devront être détruites. © PHOTO: AFP
Les semaines se suivent et se ressemblent du côté des centres de vaccination luxembourgeois. Après une fin 2021 et un début 2022 mouvementé par la campagne de rappel vaccinal contre le covid-19, les candidats à la piqûre se font de plus en plus rares. Sur fond d'accalmie épidémique, les structures sont d'ailleurs nombreuses à fermer leurs portes. Après la fermeture des centres de vaccination Esch-Belval et Ettelbruck depuis le 16 avril, seul celui du Hall Victor Hugo administre encore des sérums, soutenu par l'Impfbus.
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Alors que moins de 1.000 doses avaient été administrées au cours de la semaine du 18 avril, un léger rebond a tout de même été enregistré lors de la semaine suivante, en raison de l'ouverture de la quatrième dose aux personnes de plus de 80 ans. Du 25 avril au 1er mai, 2.067 doses ont été administrées, dont 1.346 étaient des deuxièmes doses complémentaires par rapport à un schéma complet, selon le dernier bilan hebdomadaire de la santé.
Un nombre qui ne suffit cependant pas à écouler les larges stocks qui dorment dans les frigos luxembourgeois. Conséquence: les doses qui arrivent à leur date de péremption finissent inévitablement à la poubelle, comme nous l'écrivions au début du mois d'avril.
Des pertes inévitables
Ce constat a particulièrement alerté le député Pirate Sven Clement, qui a interpellé la ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), au sujet de cette quantité de sérums anti-covid gâchée dans une question parlementaire. Pour éviter la destruction des quelque 4.700 doses d'AstraZeneca qui arrivent à leur date de péremption à la fin du mois, mais également sauver un paquet de doses du laboratoire Johnson&Johnson qui doit connaître le même sort début juin, le parlementaire se questionne sur la place des dons de vaccin vers des pays partenaires.
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Mais ce n'est pas si simple, selon la ministre, qui rappelle dans sa réponse parlementaire du 10 mai que la perte de doses de vaccins est inévitable lors d'une campagne de vaccination mondiale, comme celle contre le covid-19. Parallèlement à sa propre campagne de vaccination, le Luxembourg, à l'image de plusieurs pays européens, s'est engagé dans Covax, un programme de dons multilatéral. Coordonné par Gavi, l'Alliance du Vaccin, Covax permet à des pays en développement d'avoir accès à des doses de vaccin anti-covid.
Il peut parfois arriver que des doses ne trouvent pas preneurs auprès d'un pays, elles sont alors allouées à d'autres Etats en développement «jusqu'à ce que la date de péremption rende impossible, pour des raisons de sécurité, l'administration de ces doses de vaccin», indique la ministre de la Santé. De telles situations ont lieu lorsque les capacités d'absorption des pays concernés sont limitées, mais également lorsque l'intérêt de la population pour la campagne de vaccination est faible.
Ces derniers temps, la disponibilité des vaccins dans le monde a fortement augmenté et, par conséquent, la demande de dons a diminué.
Outre Covax, le Luxembourg s'est également engagé dans des dons de vaccin par voie bilatérale. Ces derniers ont déjà été livrés. Ils sont plus compliqués à organiser, «car il faut d'abord trouver les pays intéressés», souligne la ministre, mais également car ces dons doivent être encadrés légalement par des contrats. Dans le cadre d'un don bilatéral, le transport des doses, qui se trouvent être de petites quantités, est finalement peu rentable et plus compliqué.
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«Ces derniers temps, la disponibilité des vaccins dans le monde a fortement augmenté et, par conséquent, la demande de dons a diminué», poursuit Paulette Lenert. Difficile, donc, de trouver des pays intéressées par des doses de vaccin anti-covid. Le Luxembourg a sollicité ses partenaires au cours de ces derniers mois, mais n'a récemment reçu aucune demande de don, fait savoir la ministre. Par conséquent, les 4.700 doses d'AstraZeneca arrivant à date de péremption qui dorment dans les réfrigérateurs luxembourgeois seront effectivement détruites, à l'image des vaccins du laboratoire Johnson&Johnson.
«En plus des dons de vaccins, le Luxembourg a également fait des dons de réfrigérateurs», ajoute Paulette Lenert. De quoi stocker les doses, afin de mieux respecter la chaîne du froid dans les pays en développement, pour qu'ils puissent organiser au mieux leurs campagnes de vaccination, et d'éviter au maximum la destruction des vaccins.