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Chenilles et acariens

Les files d'attente s'allongent devant les pharmacies

Déjà fortement sollicitées pour les tests covid et l'accueil de clients de plus en plus fragiles, les officines sont «débordées» depuis ce weekend suite à une explosion des cas d'urticaire au Luxembourg. Explications.

Marie Dedeban

Des files d'attente devant les pharmacies, des stocks épuisés en quelques heures, des grossistes qui peinent à faire face à la pénurie... la situation a des airs de déjà-vu, et pourtant cette fois le covid n'y est pour rien. Déjà très mobilisées en raison de la pandémie, les 97 pharmacies du Grand-Duché se seraient bien passées de la hausse exponentielle des cas d'urticaire observée dans le pays depuis la fin de la semaine dernière.

Qu'il s'agisse de chenilles processionnaires du chêne ou d'acariens de l'herbe, le fait est que les officines doivent gérer une fréquentation inhabituelle. «En trois jours nous avons eu un tiers de clients en plus par rapport à d'habitude», relève Danielle Becker-Bauer. La propriétaire de la pharmacie du Trèfle à Bettembourg et vice-présidente du Syndicat des pharmaciens luxembourgeois n'a «jamais vu ça». «C'est une situation exceptionnelle, un de mes employés est en permanence au téléphone avec nos fournisseurs pour tenter de renouveler nos stocks», confie-t-elle.

Mais même lorsqu'elle parvient à récupérer quelques produits, les réserves s'épuisent de nouveau «en à peine quelques heures». Et la tendance est observée un peu partout dans le pays. «J'ai eu une livraison lundi et tout est parti avant midi», indique un pharmacien d'Esch-Belval à nos confrères de L'Essentiel, ajoutant enregistrer «le double de l'activité habituelle».

En Grande Région aussi

Les autorités belges ont également signalé des cas d'urticaire liés aux chenilles processionnaires ou acariens de l'herbe. En Moselle, les officines commencent aussi à être à court de traitement: «en une demi-journée, nous avons écoulé les réserves de l'année», révèle une pharmacienne thionvilloise.

Une situation exceptionnelle qui complique quelque peu «la logistique en officine», confie Danielle Becker-Bauer. «On est débordés, alors que la plupart de nos employés se dédient déjà aux tests covid», note-t-elle, ajoutant que cet afflux de clients supplémentaires ne fait que «s'ajouter à une charge de travail déjà conséquente».

D'autant que les employés en pharmacie ont «aussi fait partie des professions en première ligne face à la pandémie», estime la vice-présidente du Syndicat des pharmaciens. Avant les tests, ces professionnels de santé ont dû composer avec le risque de contaminations, les malades au sein des équipes, et surtout l'accueil de patients souffrant «de dépression, d'anxiété et de solitude».

Lire aussi :Des pharmacies malades de la pandémie

Une tension déjà palpable à laquelle est venue se rajouter une perte de revenus face à l'effondrement des ventes de médicaments contre la grippe ou les gastro hivernales. Une perte de chiffre d'affaires de l'ordre de 20%, indiquait en mars Cédric Degoutin, propriétaire de la pharmacie de la Liberté à Luxembourg-Ville. Quant à savoir si l'explosion des ventes de produits antihistaminiques permettra de compenser ce manque à gagner, difficile à dire. «Je refuse de me prononcer à ce sujet, il est encore beaucoup trop tôt et en pleine pandémie l'urgence est ailleurs», souligne Danielle Becker-Bauer.

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