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Aménagement du territoire

«Les gens ont peur de la croissance»

Pays amené à héberger 300.000 habitants supplémentaires d'ici à 2050, le Luxembourg rencontre de réelles difficultés en matière d'aménagement du territoire. En cause, «une myriade de raisons», à en croire le «monsieur PAG» du ministère de l'Intérieur.

Pour Frank Goeders, les craintes suscitées par les effets du développement économique du pays aboutissent à «de nombreux blocages» dans la réalisation de nouveaux logements.

Pour Frank Goeders, les craintes suscitées par les effets du développement économique du pays aboutissent à «de nombreux blocages» dans la réalisation de nouveaux logements. © PHOTO: Guy Jallay

Contrairement à l'adage lié aux enfants, vivre dans un petit pays ne signifie pas forcément petits problèmes. Les questions de l'aménagement du territoire et du logement au Luxembourg en sont la preuve, à en croire Frank Goeders, chef de service de la direction de l'Aménagement communal et du développement urbain au ministère de l'Intérieur.

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Dans une interview publiée vendredi par nos confrères du Land, le haut fonctionnaire assure qu'«il existe une myriade de raisons pour lesquelles certains projets n'avancent pas». Mais l'une des principales causes tiendrait dans le fait que «les gens ont peur de la croissance» car «ils ne veulent pas se retrouver dans les embouteillages», ni «voir se développer un grand quartier derrière leur jardin».

Un effet Nimby (trad. «Not in my backyard») qui serait à l'origine «de nombreux blocages» selon le fonctionnaire et qui amène l'Etat et les communes à se retrouver «dépendants de la volonté des propriétaires d'entamer des travaux». Car, particularité du Luxembourg, la très large majorité des terrains constructibles disponibles se trouvent dans les mains de personnes privées. Des biens concentrés d'ailleurs au sein d'une minorité, selon les résultats d'études du Liser et de l'Uni.

A cette situation s'ajoute également ce que Frank Goeders nomme «l'héritage du passé». A savoir le classement, dans les années 1980-1990, de terrains en zones constructibles «alors que tous ne s'y prêtaient pas» et qu'il serait «très difficile» de faire changer. Une équation complexe à laquelle vient également s'ajouter la pression du marché de l'immobilier «qui pousse clairement vers les petits logements, plus rentables par mètre carré», selon cet architecte-urbaniste de formation.

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Une tendance dictée par le déséquilibre entre l'offre et la demande et influencée par la recherche de firmes internationales «de studios pour leurs employés célibataires» qui entraînerait des effets pervers en termes de qualité de vie pour les résidents. «Car pour fédérer des relations de voisinage, il faut que les habitants y vivent un certain temps» afin de «s'impliquer dans la vie sociale de leur quartier», estime Frank Goeders qui rappelle que cette approche est désormais privilégiée dans les PAG.

Mais ce dernier d'indiquer également que «les planifications urbanistiques d'aujourd'hui ne se réaliseront qu'au cours des 15 prochaines années». Pour mémoire, à l'horizon 2035, la capitale devrait héberger 180.000 résidents et 220.000 emplois, selon les dernières prévisions avancées par les responsables de Luxembourg-Ville en se basant uniquement sur les PAP validés.

Soit une hausse de 44% en ce qui concerne le nombre de résidents par rapport à la situation actuelle et de 32% pour les emplois abrités dans la seule capitale. Au niveau national, la population générale devrait croître de 300.000 nouveaux résidents d'ici 2050, selon l'Observatoire interrégional du marché de l'emploi.

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