Les images pédopornographiques en nette augmentation
Le nombre de photos et de vidéos à caractère sexuel mettant en scène des enfants a quadruplé en l'espace de trois ans au Luxembourg. Trois ministres confessent le «manque généralisé» de personnel au sein de la police.
2.327 images pédopornographiques hébergées au Luxembourg ont été signalées en 2019 à la police. © PHOTO: Shutterstock
Les chiffres décrivent à eux seuls le phénomène grandissant sur la toile. Ces trois dernières années, autant le nombre de cas signalés au Kanner-Jugendtelefon (KJT) que le nombre de transmissions de dossiers à la police grand-ducale ont augmenté de manière significative.
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Sur les 3.039 signalements d'images pédopornographiques effectués l'an passé, 2.521 ont effectivement été classés comme illégaux. Seuls 2.327 ont été transmis à la police qui ne prend en compte que les cas signalés et hébergés au Luxembourg.
En 2018, pas moins de 1.728 cas avaient été transmis aux policiers, contre 591 en 2017. Ce sont les données confirmées ce 17 février par les ministres de la Justice, Sam Tanson (Déi Gréng), de la Sécurité intérieure, François Bausch (Déi Gréng) et du ministre de l'Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch (DP) à la question parlementaire posée par la députée Nancy Arendt (CSV) .
La police est déjà sur le qui-vive mais le phénomène grandissant de ces images qui circulent sur le net nécessitent d'autres moyens humains, laisse sous-entendre la députée dans ses questions. L'objectif étant de «réagir plus vite». Les trois ministres reconnaissent, eux, qu'«il y a actuellement une pénurie générale de personnel au sein du corps policier».
Des enquêteurs attendus
Le trio gouvernemental précise, dans la foulée, que le «Plan de recrutement extraordinaire» initié par François Bausch en juin 2019, «permettra de renforcer, dans les années à venir», aussi bien le service de la police judiciaire que le département de la «Protection de la jeunesse et des infractions à caractère sexuel» de ce même service.
Actuellement, 31 fonctionnaires travaillent directement dans le domaine de la protection des mineurs (dont 13 sont enquêteurs au sein de la Protection de la jeunesse et infractions à caractère sexuel et 18 dans le domaine de la maltraitance contre mineurs et délinquance juvénile). Mais les ministres se gardent bien de répondre aux interrogations de la parlementaire sur le nombre d'agents nécessaires selon eux dans le service clef de la Protection de la jeunesse et des infractions à caractère sexuel et à quelle date arriveront des renforts. Quant au KJT, il a été «étoffé» d'un demi-poste cette année. De sorte que le service compte désormais 4.875 emplois temps plein.
Des thérapies mais non contraignantes
Bien que la lutte et la traque contre la pédopornographie ait fait l'objet de 250 enquêtes ces cinq dernières années, les agents ont des moyens limités pour infiltrer et démanteler les réseaux criminels. Reste que 25 personnes ont été condamnées en 2019 au Luxembourg pour des faits liés à la pédopornographie.
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Mais «il n'existe pas de thérapie individuelle ou universelle au Luxembourg pour les auteurs de ces crimes», soulignent les ministres. En cas d'une première condamnation pour pédopornographie, la personne est généralement condamnée à une peine avec sursis de cinq ans et l'obligation de suivre une thérapie «même si celle-ci n'a lieu que deux fois dans l'année».
Si l'auteur est condamné à une peine de prison ferme, des thérapies lui sont proposées au centre pénitentiaire de Strassen ou au centre pénitentiaire de Givenich. Mais l'emprisonné ne peut être contraint à un traitement thérapeutique. Il est possible de vérifier si la thérapie a bien eu lieu mais pas de savoir si elle a effectivement eu un effet sur l'auteur de l'infraction.