Les Luxembourgeois moins réticents face au «no cash»
Une enquête menée par LHoFT Foundation et Payments Association EU révèle l’évolution des comportements des Luxembourgeois quant aux solutions de paiement. Pas de grande révolution en vue, mais la crise du covid-19 contribue à faire bouger les lignes.
61% des Luxembourgeois interrogés utilisent au moins cinq modes de paiement différents. © PHOTO: Shutterstock
(MKa avec Nadia DI PILLO) À l'heure de PayPal, ApplePay et autres moyens de paiement mobiles, de nombreux Luxembourgeois préfèrent encore payer avec pièces et billets. Toutefois, la crise sanitaire a poussé certains à réfléchir et à changer d'avis. En effet, la moitié des personnes interrogées se verrait vivre dans une société sans argent liquide. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par la LHoFT Foundation et Payments Association EU auprès de 1.192 personnes interrogées.
Lire aussi :L'activité bancaire a su s'adapter à la pandémie
L'étude, réalisée avec le soutien de TNS Ilres du 28 septembre au 13 octobre, s'adressait aux citoyens luxembourgeois âgés de 18 ans et plus. Les résultats ont été résumés dans un rapport intitulé Payments in Luxembourg : A Glance into the future.
«L'objectif était d'arriver à une compréhension plus approfondie du comportement des clients, de leurs préférences», explique Jérôme Verony, Research and Strategy Associate chez The Lhoft Foundation.
Sécurité avant tout
L'enquête révèle que 61% des personnes interrogées utilisent au moins cinq modes de paiement différents. Les cartes de crédit (82%), les virements (77%) et les espèces (76%) sont aujourd'hui les trois moyens de paiement les plus populaires. La sécurité joue un rôle important dans ce domaine.
«Elle est de loin l'attribut le plus demandé, suivi par la vie privée et la protection des données personnelles», explique Jérôme Verony. Les mécanismes de sécurité des paiements en ligne sont largement considérés comme faciles à utiliser. Et «les utilisateurs semblent s'être largement habitués à ces mécanismes».
A l'avenir, les porte-monnaie et les solutions de paiement mobiles devraient continuer à gagner des parts de marché, selon l'enquête. «Parmi les principaux moyens de paiement, c'est l'argent liquide qui perd du terrain», déclare Thibault de Barsy, vice-président et directeur général de Payments Association EU. La part des paiements en espèces au Luxembourg a chuté de 39 % à 30 % entre 2017 et 2019, tandis que les transactions en monnaie électronique ont plus que triplé au cours des sept dernières années.
Le paiement sans friction séduit
L'intérêt pour des concepts avancés tels que les paiements intégrés et sans friction est surtout suscité par les personnes déjà familiarisées avec les néobanques ou les paiements sans contact, explique Jérôme Verony. Ce sont surtout les personnes interrogées âgées de 25 à 34 ans qui pensent qu'elles vont réduire leur utilisation des cartes de crédit et des virements à l'avenir.
Le Luxembourg est-il donc en train de devenir une société sans argent liquide ? «Les sondages précédents ont montré que l'aversion pour une société sans argent liquide était beaucoup plus importante», fait remarquer Thibault de Barsy. Un sondage ING de 2017, par exemple, montrait que seuls 28 % des personnes interrogées aimeraient payer sans liquidités. Dans un autre sondage réalisé par la Commission européenne en 2017, 95 % des personnes interrogées dans l'UE se sont prononcées contre les restrictions en matière de paiements en espèces.
Cette réticence n'est désormais plus aussi forte. Les personnes titulaires d'un master ou d'un diplôme équivalent (38%), les clients de la néobanque (37%), les personnes âgées de 25 à 34 ans (29%) et les habitants de la capitale (29%) pourraient être favorables à l'idée d'une société sans argent liquide.
Il ressort également de l'enquête qu'une «légère majorité» des personnes interrogées est intéressée par les paiements dits intégrés et sans friction. Jérôme Verony prend l'exemple des achats dans un magasin: «Vous entrez dans un magasin, scannez un code QR avec votre téléphone, remplissez votre panier et quittez le magasin sans passer par une caisse. Le montant correspondant aux achats est automatiquement débité. L'enquête montre que 53% des personnes interrogées sont intéressées par une telle solution (contre 44% qui ne le sont pas)».
Un attrait certain pour la diversité des moyens
Sept pour cent des personnes interrogées invoquent le respect de la vie privée et la protection des libertés individuelles pour justifier leur refus. 15% estiment que le caractère physique de l'argent liquide permet d'avoir un meilleur aperçu de ses propres dépenses. Enfin, 11% craignent de ne plus pouvoir payer en cas de panne du système de paiement numérique.
Si des progrès ont donc été réalisés vers une société sans argent liquide, le Luxembourg en est encore loin. «Les résultats de l'enquête montrent clairement que les consommateurs continueront à apprécier la flexibilité. Ils chercheront probablement le bon moyen de paiement pour la bonne tâche», estime Jérôme Verony.
Alors que les paiements mobiles ont clairement le vent en poupe et qu'il existe une grande ouverture à l'innovation, les consommateurs luxembourgeois continuent d'accorder une grande importance à la sécurité. «Dans ce contexte, les banques luxembourgeoises sont également bien ancrées en tant qu'élément central du puzzle des paiements», constate Jérôme Verony. La collaboration entre les établissements établis et les start-up innovantes permettrait de «combiner le meilleur des deux mondes» dans le domaine des paiements.