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Santé

Les médecins passent au numérique, mais lentement

Le recours au dispositif de remboursement accéléré des frais médicaux n'est que très peu populaire auprès des médecins luxembourgeois.

Seules 0,11% des demandes de remboursement de frais médicaux enregistrées par la CNS entre le 23 septembre 2021 et le 31 mai 2022 ont été envoyées par voie numérique.

Seules 0,11% des demandes de remboursement de frais médicaux enregistrées par la CNS entre le 23 septembre 2021 et le 31 mai 2022 ont été envoyées par voie numérique. © PHOTO: Shutterstock

Journaliste

Six semaines maximum. C'est le délai qu'il convient actuellement de patienter afin de recevoir son remboursement d'honoraires et de factures relatif à des soins médicaux délivrés au Luxembourg. Pourtant, il est possible d'aller bien plus vite grâce à la procédure de remboursement accéléré, lancé au mois d'octobre dernier.

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Cette dernière n'est cependant que faiblement utilisée par les médecins et médecins-dentistes du pays. Au premier trimestre de l'année 2022, ils ne sont en effet que 39 à avoir eu recours au dispositif, selon une réponse parlementaire du ministre de la Sécurité sociale Claude Haagen (LSAP). Ce dernier indique que la Caisse nationale de santé (CNS) ne dispose en revanche pas de statistiques précises quant au nombre de médecins ayant refusé de participer au processus.

Ainsi, sur les quelque 2.957.687 mémoires d'honoraires et factures remboursés par la CNS entre le 23 septembre 2021 et le 31 mai 2022, 3.165 demandes ont été effectuées numériquement. Celles-ci ont été traitées par la caisse dans les 24h suivant leur réception, si cette dernière a eu lieu lors d'un jour ouvrable. L'utilisation de la procédure de remboursement accéléré 100% digitale n'a donc concerné que 0,11% des factures relatives aux soins médicaux délivrés dans le pays lors de la période.

Interrogé par Carole Hartmann (DP) sur la date à laquelle tous les médecins luxembourgeois seront en capacité de proposer ce service, le ministre de la Sécurité sociale a botté en touche. Ce dernier souligne que les professionnels médicaux ne sont aucunement obligés d'avoir recours aux outils digitaux, ce qui rend l'estimation de ce délai impossible.

Des incitations gouvernementales

Un constat qui n'empêche pas l'exécutif de prendre des mesures pour inciter les praticiens à mettre en œuvre le remboursement accéléré, comme le paiement par la CNS d'une «indemnisation trimestrielle des coûts numériques à charge de l'assurance maladie-maternité pour garantir la création et la transmission sécurisée des documents numériques». Claude Haagen aimerait d'ailleurs voir cette aide financière relevée.

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Pour le ministre, un travail d'analyse des raisons qui poussent un si faible nombre de médecins à participer au dispositif s'impose, et est d'ailleurs en cours de réalisation, afin que des obstacles éventuels puissent être supprimés. Rappelons que l'agence eSanté, la plateforme permettant notamment l'émission des demandes de remboursement numériques, entre autres services, avait fait l'objet de vives critiques de la part de l'Association des médecins et médecins-dentistes.

Pourtant, la CNS ne tient pas à s'arrêter de sitôt dans son projet de digitalisation. Les prochains mois, elle espère pouvoir offrir davantage d'options numériques à ses assurés, à l'image des «agences virtuelles» ou chatbot, afin de soulager son personnel pour qu'il puisse se dédier à la résolution des problèmes les plus complexes.

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