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Une mesure pas justifiée à ce stade

Les partis se montrent réticents à la vaccination obligatoire

Ce vendredi après-midi, le Premier ministre Xavier Bettel (DP) a indiqué que le gouvernement renonçait à l'heure actuelle à une vaccination vaccinale, alors que la plupart des partis s'opposent aussi pour le moment à une telle mesure.

En janvier DP et déi Gréng avaient exprimé leur accord par rapport à l'obligation vaccinale, à présent ces deux partis se montrent plus réticents.

En janvier DP et déi Gréng avaient exprimé leur accord par rapport à l'obligation vaccinale, à présent ces deux partis se montrent plus réticents. © PHOTO: dpa

Journaliste

Le sujet de la vaccination obligatoire pour les plus de 50 ans pour lutter contre le covid revient sur la table, suite à l'avis rendu par le groupe d'experts ce mardi. Ce vendredi-après-midi, le Premier ministre Xavier Bettel (DP) a indiqué que le gouvernement renonçait à l'heure actuelle à une vaccination vaccinale. «Cette décision n'est pas simple. Il est du devoir du gouvernement de soupeser, de justifier les atteintes aux droits fondamentaux, mais également de protéger la santé des citoyens.»

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La question de la vaccination obligatoire recommandée par les experts est délicate à trancher pour les différents partis de la majorité à un peu plus d'un an des prochaines élections législatives en octobre 2023.

Le revirement de la majorité

Sur les ondes de RTL ce vendredi matin, le nouveau président du DP Lex Delles a souligné que l'actuel rapport du groupe d'experts était plus «nuancé» que le premier avis donné au mois de janvier. Avec le taux de vaccination élevé des plus de 50 ans (85%), le ministre du Tourisme et des Classes moyennes affirme que le DP n'est «pour le moment» pas favorable à une «vaccination obligatoire à tout prix». Une mesure que Lex Delles juge «pas proportionnelle» avec les données actuelles.

La ministre de la Justice Sam Tanson (déi Gréng) s'est également exprimée ce vendredi matin sur la vaccination obligatoire. Au micro de 100.7, elle a considéré qu'une telle mesure n'était actuellement pas justifiée pour effectuer «une telle atteinte aussi grave aux libertés individuelles», alors qu'il n'est pas certain que les projections émises par les experts se réaliseront.

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Pour rappel, en janvier, DP et déi Gréng avaient exprimé leur accord par rapport à l'obligation vaccinale, alors que leur partenaire socialiste s'était montré plus frileux à ce sujet. Le président du groupe parlementaire du LSAP Yves Cruchten avait ainsi déclaré en début d'année que le parti socialiste se positionnait en faveur d'une obligation vaccinale, mais seulement si la situation l'exige.

Le président du CSV Claude Wiseler se dit favorable à ce qu'un texte de loi sur l'obligation vaccinale soit préparé et étudié par le Conseil d'Etat, mais que ce texte ne soit voté que quand la situation l'exige avec l'apparition d'un variant plus virulent. Claude Wiseler estime qu'introduire une obligation vaccinale dès à présent sans contrainte soit difficilement applicable et souligne que l'hypothèse des experts se base sur 100% de personnes vaccinées dans le scénario d'une nouvelle vague virulente.

Le député CSV dit douter de l'efficacité d'avertissement taxés si les personnes refusent de se faire vacciner et que cela créerait une forme d'injustice pour ceux qui n'ont pas les moyens. En revanche, Claude Wiseler demande à ce qu'un texte de loi sur la pandémie soit voté dès ce mois de juillet pour pouvoir agir rapidement selon l'évolution de la situation sanitaire.

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Claude Wiseler demande aussi comme le groupe d'experts à ce que dans le secteur des soins, l'employeur connaisse le statut vaccinal de ses salariés pour protéger les personnes vulnérables.

Le «manque de courage de la majorité»

La coprésidente du groupe CSV Martine Hansen regrette pour sa part que l'étude des experts ne prenne pas en compte les personnes qui ne peuvent pas se faire vacciner pour raisons médicales. «Ce sont des cas qu'il ne faut pas ignorer», souligne la députée du Nord.

«Mettre en place une obligation vaccinale serait une trop grande atteinte aux libertés individuelles par rapport au petit bénéfice que permet une telle mesure», considère, quant à lui, Sven Clement. Le député Pirate dénonce également le «manque de courage politique de la majorité»: «Quatre partis (ndlr avec le CSV) ont réclamé une obligation vaccinale en absence de toute base scientifique, mais parce qu'ils n'ont pas osé de prendre une décision politique, il a été demandé à des scientifiques de donner un avis, mais cet avis n'a finalement pas été suivi concernant l'obligation vaccinale pour les plus de 50 ans. Ce revirement est assez impressionnant.»

Sven Clement estime que la majorité aurait dû trancher dès le mois de janvier au lieu de faire appel à des experts et de ne pas suivre leur avis. «Cela nous aurait permis de nous consacrer à d'autres sujets importants pour le pays.»

La question du personnel médical

Marc Goergen, président du nouveau parti Fokus, déclare être opposé à une vaccination obligatoire en raison des conditions actuelles. «Si le personnel médical qui travaille directement en contact avec des personnes vulnérables n'est pas contraint à se faire vacciner parce que le vaccin n'empêche pas la transmission du virus, alors on ne peut pas non plus faire croire à la population qu'une vaccination obligatoire est nécessaire à la protection de la santé publique. Par conséquent, notre parti est pour la responsabilité individuelle où les personnes décident de se faire vacciner ou non», explique l'ancien secrétaire général du DP.

Les experts expliquaient dans leur avis rendu ce mardi sur l'obligation vaccinale qu'ils étaient favorables à une obligation vaccinale pour les plus de 50 ans, car la piqûre contre le covid permet de réduire les formes graves et les décès. En revanche contrairement à leur premier rapport, ils ne se sont pas prononcés pour une vaccination obligatoire dans le secteur des soins, parce qu'une telle mesure ne serait selon eux pas assez efficace.

En effet, dans le cas du variant Delta, deux doses de vaccin ont encore eu un effet de 64,4% permettant d'éviter la transmission du virus. Avec le variant Omicron, qui domine depuis le début de l'année et probablement encore pour les deux prochains mois, se protéger soi ou les autres d'une infection tombe à 35,8% par rapport aux personnes non vaccinées. Ce n'est que chez les vaccinés que le taux est de 59,8%, mais il diminue déjà après deux ou trois mois. Comme les experts se sont fixé la limite de 50% pour se prononcer en faveur d'une vaccination obligatoire, cette efficacité vaccinale n'est pas suffisante.

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