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Les positions s'affirment en vue de la tripartite

Ils seront conviés à partir du 3 mars prochain au château de Senningen, sur invitation du gouvernement. Syndicats et patronat nous ont livré leurs attentes concernant cette prochaine réunion tripartite.

Les négociations se tiendront dans l'enceinte du château de Senningen à partir du vendredi 3 mars prochain.

Les négociations se tiendront dans l'enceinte du château de Senningen à partir du vendredi 3 mars prochain. © PHOTO: Guy Jallay

Journaliste

Près de cinq mois après avoir signé leur dernier accord, syndicats, patronat et gouvernement vont reprendre le chemin de la table des négociations. La prochaine réunion tripartite, convoquée par Xavier Bettel (DP) à la lumière des dernières prévisions du Statec sur l'inflation, se tiendra à partir du 3 mars prochain.

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La précédente période de pourparlers est encore bien présente dans les esprits. «La dernière fois, on était dans l'urgence, ce qui a fait que l'on a dû se voir jour et nuit pendant une semaine, c'était éprouvant», rappelle Nora Back, présidente de l'OGBL. L'accord n'en a pas moins été efficace, selon les dernières données de l'Institut national de la statistique et des études économiques. Celles-ci mettent en évidence le succès du plafonnement des prix de l'énergie, qui a permis à l'inflation de connaître un net ralentissement depuis le mois d'octobre.

À l'aube de cette nouvelle réunion, Patrick Dury, président du LCGB, se dit confiant. «J'y vais de façon constructive et optimiste, de façon à avoir les meilleurs résultats possible.» Le LCGB, l'OGBL et la CFPG, le syndicat de la fonction publique, entendent bien faire bloc, selon Nora Back. «Nous allons nous réunir pour préparer la rencontre en amont, afin de commencer les négociations en bonne forme.»

Deux points à l'ordre du jour

Si Jean-Paul Olinger, directeur de l'Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), estime de son côté que cette réunion était «attendue», Romain Wolff, président de la CGFP se dit surpris que cette tripartite se tienne dès le mois de mars. «C'est encore un peu tôt pour discuter de mesures qui s'appliqueront l'année prochaine. Personne ne peut dire comment la situation peut évoluer dans les prochains mois», estime le syndicaliste. Pour ce dernier, des décisions d'une telle envergure doivent être prises en deuxième moitié de l'année. «Tout cela s'explique sûrement par la tenue des prochaines élections.»

À deux semaines de la réunion, l'ordre du jour n'est pas entièrement inconnu. Il comportera au moins deux points, comme l'a annoncé le Premier ministre lors de la convocation du comité de coordination. L'éventuel étalement de la fin des mesures de la précédente tripartite sera ainsi discuté, afin d'éviter le choc inflationniste prédit par le Statec, tandis que Xavier Bettel souhaite également aborder le sujet de la compensation de la probable tranche indiciaire additionnelle.

Il faudra continuer d'agir sur les prix énergétiques, mais surtout cibler les ménages à faibles revenus.
Nora Back, présidente de l'OGBL

«Le point le plus important est le choc inflationniste qui menace le pays en cas d'arrêt des mesures d'aide, se rajoutant à la 3e tranche d’indexation qui frappera les employeurs de plein fouet le 1er janvier 2024. Il faut voir les sujets supplémentaires qui seront abordés, mais il est certain que le contexte des élections ne va pas rendre les choses plus faciles», prédit Jean-Paul Olinger.

Au-delà d'une prolongation des mesures, Nora Back entend bien défendre leur amélioration, en particulier en ce qui concerne les modalités d'obtention de ces aides. «Il faudra continuer d'agir sur les prix énergétiques, mais surtout cibler les ménages à faibles revenus», souligne de son côté la présidente de l'OGBL.

Par rapport à l'index, les syndicats sont fermes.

Par rapport à l'index, les syndicats sont fermes. © PHOTO: Carlo Nilles

Au-delà d'une prolongation des mesures, Nora Back entend bien défendre leur amélioration, en particulier en ce qui concerne les modalités d'obtention de ces aides. «Il faudra continuer d'agir sur les prix énergétiques, mais surtout cibler les ménages à faibles revenus», souligne de son côté la présidente de l'OGBL.

Alors que des voix, à l'image de celle de la Chambre de commerce, s'élèvent pour réclamer une réforme du système d'indexation, les syndicats y restent fermement opposés. «L'index est la seule garantie des salariés du secteur privé pour leur pouvoir d'achat. C'est le garant de la paix sociale pour notre pays», martèle Patrick Dury, du LCGB.

Un avis partagé par Romain Wolff, qui indique de son côté qu'«aucune manipulation de l'index ne doit avoir lieu». Nora Back rejoint la position des autres syndicats, tout en revendiquant l'adaptation du barème d'imposition à l'inflation. «Ce sera une de nos revendications phares pour la tripartite», fait savoir la syndicaliste.

«Si on veut faire des politiques sociales, on peut le faire par les impôts. L'index n'est pas là pour faire de la politique sociale», plussoie Patrick Dury. La CGFP ne dit pas autre chose, et indique que «la question très importante du barème adapté à l'inflation doit être tranchée lors de la prochaine tripartite».

Des solutions constructives

Le directeur de l'UEL, lui, ne cache pas son envie de remettre le système d'indexation en question. «Il faut être prêt à discuter, et à se demander s'il est normal que ce soient ceux qui gagnent le plus qui reçoivent le plus», avance notamment Jean-Paul Olinger, qui considère une augmentation des impôts moins utile. «Il serait important que cet argent reste au sein des entreprises.»

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Autant du côté des syndicats que celui du patronat, le succès des mesures décidées lors de la dernière tripartite n'est pas remis en question. Mais dans un contexte d'instabilité géopolitique qui se prolonge, la menace de l'inflation plane toujours. Des solutions constructives sont donc attendues de cette nouvelle réunion tripartite, par les salariés et par les sociétés.

«Je pense que cette tripartite ne va pas refaire le monde», confie Nora Back, qui se prépare à une série de réunions. «On ne peut pas se réunir une fois et avoir des résultats. On doit prendre le temps d'échanger pour réussir à s'accorder sur des mesures efficaces.» De son côté, Romain Wolff confie «espérer que le moment où les mesures ne seront plus nécessaires arrivera bientôt».

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