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Parité en politique

«Les quotas sont un moyen de contrecarrer les stéréotypes»

Bien qu'exigée sur les listes électorales des législatives, la parité n'est pas imposée pour les élections communales. Une situation que Maxime Miltgen, co-tête de liste LSAP pour la capitale, souhaite voir évoluer.

Présidente des femmes socialistes depuis 2019, Maxime Miltgen se positionne en faveur de l'instauration de quotas de candidates pour les élections communales.

Présidente des femmes socialistes depuis 2019, Maxime Miltgen se positionne en faveur de l'instauration de quotas de candidates pour les élections communales. © PHOTO: Chris Karaba

Journaliste

Lente. Peu d'autres mots viennent à l'esprit quand il s'agit de qualifier la progression de la proportion de femmes élues au fil des élections communales au Luxembourg. De 15% en 1999 à 25% en 2017, le chemin vers la parité semble encore long. Aux yeux de Maxime Miltgen, co-tête de liste LSAP dans la capitale pour les élections communales et membre de la plateforme Journée internationale des femmes depuis 2019, ce manque de représentation des femmes en politique est l'un des exemples flagrants des inégalités qui persistent entre les genres.

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«Il n'y a que 16 femmes bourgmestre, un tiers des députés sont des femmes, et le gouvernement ne compte que six ministres féminines: on a encore beaucoup de pain sur la planche pour atteindre la parité en politique», souligne la présidente des femmes socialistes. En cette journée internationale des droits des femmes, Maxime Miltgen se positionne en faveur de la mise en place de quotas de femmes candidates sur les listes des élections communales, à l'image des obligations déjà en vigueur pour les élections législatives et européennes.

En réalité, le LSAP n'a pas attendu l'entrée en vigueur d'une quelconque loi sur le sujet pour prendre des mesures en faveur de l'égalité. Lors de l'édition 2021 de son congrès, le parti a acté qu'il y aura au moins 40% de femmes candidates sur ses différentes listes aux élections communales de 2023.

Des compétences remises en question

Pourquoi ne pas pousser jusqu'à 50% et ainsi atteindre la parité parfaite? Le parti s'est fondé sur les quotas déjà exigés lors des élections législatives et européennes, fixé à 40% depuis 2016. Sur ses 22 listes déjà déposées, dont sa propre liste, Maxime Miltgen assure que cet objectif est atteint. «Pour la capitale, nous avons onze candidates et seize candidats, ce qui porte la proportion de femmes sur notre liste à 41,3%», indique la femme politique.

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Alors qu'elle aurait préféré une parité parfaite, la présidente des femmes socialistes se console avec une tête de liste paritaire, qu'elle partage avec Gabriel Boissante et qu'elle juge tout aussi importante. «Je pense que les quotas sont le meilleur moyen d'atteindre une représentation égale entre les femmes et les hommes en politique. Les compétences des femmes sont toujours remises en question, et elles doivent travailler plus durement que les hommes pour être jugées compétentes. Les quotas sont un moyen de contrecarrer ces stéréotypes.»

Interrogée en janvier dernier sur la question, Taina Bofferding (LSAP), ministre de l'Intérieur et de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a indiqué que l'absence de contraintes légales visant à imposer la parité au niveau communal reposait notamment sur la difficulté des petites communes à recruter des candidats. «Pour ce scrutin, nous privilégions pour le moment le travail de communication avec des témoignages inspirants, à l'image de la nouvelle campagne ''Egalitéit Liewen''», avait affirmé le membre du gouvernement.

Aux yeux de Maxime Miltgen, ce travail de communication est loin d'être inutile, et fait partie intégrante des actions qui peuvent être menées pour accélérer les processus d'égalité. «Ces témoignages sont un très bon moyen de montrer aux femmes qu'elles sont capables. Les workshops organisés en parallèle sont également efficaces pour pousser les femmes à avoir confiance en elles et à se lancer. Ce n'est que lorsque les femmes seront représentées dans les instances politiques que leurs besoins spécifiques seront pris en compte», estime la jeune candidate de 29 ans.

Avoir du temps

Présidente des femmes socialistes depuis 2019, elle n'ignore pas les problématiques de recrutement de candidats sur les listes électorales, qui touchent en particulier les communes rurales. «Cela devient de plus en plus compliqué de trouver des personnes qui s'engagent bénévolement en politique. Trouver des femmes candidates est encore plus dur, car ce sont elles qui assurent tout le travail du care, c'est-à-dire le ménage, les enfants, etc. Elles ont une charge de travail sur leurs épaules plus importante que celle des hommes.»

À cette inégalité, qui a été exacerbée par la crise sanitaire, Maxime Miltgen a la solution toute trouvée: la réduction du temps de travail. Selon la candidate socialiste, cette réorganisation «pourrait aider dans l'égalité des genres» en permettant un meilleur partage des tâches domestiques, et en laissant aux femmes davantage de temps pour s'engager politiquement.

Au-delà d'avoir du temps, les potentielles candidates doivent aussi être formées afin de pouvoir envisager leur potentiel mandat avec plus de sérénité. Un tel travail se prépare «tout au long d'une législature», selon Maxime Miltgen. «Il ne faut pas commencer à chercher des candidates un an avant les élections, surtout des personnes qui n'ont pas encore eu d'expérience dans le domaine de la politique. Six mois ou un an pour se préparer, cela peut faire peur. Il faut proposer un encadrement à l'avance.»

La présidente des femmes socialistes se réjouit tout de même de constater que la parité en politique est un sujet dont se sont emparés plusieurs partis. «Même s'il y a encore du travail à faire, en tant que jeune femme politique, je suis satisfaite de voir que je suis très prise au sérieux, que mon engagement est respecté. Mais au-delà de la parité, il est également essentiel d'avoir une diversité. J'espère que l'abolition de la clause de résidence au niveau communal va encourager une évolution dans ce sens.»

Une marche féministe

Comme tous les ans depuis qu'elle a rejoint la plateforme JIF, ce 8 mars, Maxime Miltgen fera partie du cortège de la marche féministe. Cette année, le rendez-vous est donné ce mercredi à 17h à Hamilius. La manifestation s'élancera en direction de la Chambre des députés par la rue Notre-Dame avant de finir sa course place d'Armes par la Grand-Rue. «Le parcours est plus court cette année, afin de donner plus de place aux prises de parole qui interviendront à la fin», explique la femme politique.

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