Les rivières à l'heure de la toilette
Près de deux mois après les intempéries de la mi-juillet, l'Administration de la gestion de l'eau poursuit le grand nettoyage des cours d'eau luxembourgeois. Ceux-ci ont en effet charrié bien des déchets et doivent en être débarrassés au plus tôt.
(pj avec Steve REMESCH) Ici un panier à linge, plus loin une chaise, là des sacs plastiques pris dans les hautes herbes. Si, après les crues inédites des 14-15 juillet derniers, les rivières sont sagement retournées dans leur lit, l'épisode a laissé bien des traces. «Nous avons tout de suite commencé par un inventaire», explique Yves Reder, ingénieur à l'Administration de la gestion des eaux (AGE). Partout dans le pays, il a fallu faire l'état des lieux et maintenant redonner toute sa place à la nature, et un peu moins aux débris.
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Bien sûr, comme en ce petit matin sur les bords de l'Our près de Bëttel, on ne se contente pas de retirer les petits détritus emportés par les eaux rendues folles. Il faut aussi se préoccuper des arbres déracinés, des talus ravinés. La main de l'homme ne suffit alors plus, place aux pelles à grappin et autres tronçonneuses.
«Au moment des pluies, il fallait agir rapidement aux points critiques pour que l'eau s'évacue à nouveau correctement. C'était indispensable pour éviter des dommages encore plus importants aux ponts et autres structures», précise Yves Reder . Ensuite, l'AGE a utilisé le congé collectif pour planifier les travaux de restauration à venir en les coordonnant avec les projets prévus précédemment.
C'est ce qui se passe maintenant, sur l'Our et la Sûre, par exemple. «Enlever la végétation, stabiliser les berges là où c'est nécessaire, faire des travaux de réparation : voilà ce que nous faisons», poursuit le chef de projet. Par la suite, des études sont prévues pour analyser là où les eaux ont réussi à passer, déborder et voir comment, à l'avenir, éviter une telle ampleur des inondations. Le tout en prenant soin des équilibres faune-flore.
D'ailleurs, les travaux de l'AGE ne se limitent pas à enlever les détritus humains ou végétaux. Ainsi, certains bois morts sont sagement replacés en bord de rivière, afin de créer un nouveau biotope propice au retour de la vie. Il faut aussi replacer ces pierres au fond des rivières qui constitueront autant d'abris pour les poissons et autres animaux aquatiques; pierres qui ont pu être charriées par les courants. Qui sait, demain, elles serviront peut-être de frayères et permettront aux cours d'eau de voir leur population se reproduire.
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Depuis juillet, les équipes de l'Administration de la gestion de l'eau sont déjà intervenues sur plus de 200 sites. Avec donc comme ligne de conduite la «protection contre les inondations et amélioration écologique». Pour l'heure, les techniciens et les ouvriers ont essentiellement travaillé le long de l'Ernz (blanc et noir), la Clerve, l'Our, la Blees et la Sûre. Mais tous savent qu'il reste des années avant que l'impact des crues 2021 ne soit plus qu'un mauvais souvenir.
Au moins, la «catastrophe naturelle la plus importante de l'histoire du Luxembourg», dixit Xavier Bettel, aura eu comme mérite d'accélérer certaines réflexions autour de l'aménagement du territoire et de la gestion des eaux.