Les routes de campagne bien trop mortelles
La circulation sur les autoroutes et axes urbains a été responsable de six accidents mortels, en 2019. Mais seize personnes ont perdu la vie sur de petits axes ruraux, également cadres de 45% des accidents graves constatés l'an passé.
68% des accidents graves ou mortels impliquaient des conducteurs ou motards luxembourgeois, en 2019. © PHOTO: Pierre Matgé
Le Luxembourg peut-il se satisfaire d'enregistrer sur une année, 988 accidents corporels de la circulation, dont 22 mortels comme en 2019. Pour François Bausch (Déi Gréng) ces statistiques sont à classer au rang de «relativement bonne année». Il est vrai que le ministre de la Mobilité a connu des données d'accidentologie bien pires à présenter en sept années. «La première fois que je me suis livré à l'exercice, les chiffres 2013 indiquaient 46 décès sur nos routes. Aujourd'hui, il y en a moitié moins. Ce doit être pris comme un facteur de satisfaction».
Toutefois, d'expérience, le ministre sait combien ces chiffres peuvent vite grimper. La preuve, déjà en 2020, 17 morts figurent déjà dans les statistiques officielles. Mais la tendance baissière est à mettre en avant, selon lui, car elle s'inscrit dans un environnement qui aurait dû faire grimper en flèche le nombre de victimes de la circulation au Luxembourg. Et François Bausch d'expliquer : «Si l'on prend la période 2009-2019, on s'aperçoit tout de même de l'augmentation incroyable du trafic. La population du Grand-Duché a augmenté de 25%, les frontaliers non résidents de 35%, le parc automobile de 25% et malgré cela, sur la décennie, on note une diminution du nombre d'accidents mortels ou graves de -8%».
Mercredi, en présentant le bilan 2019 des accidents de la route, François Bausch a multiplié les constats. Celui que conducteurs ou passagers automobiles constituaient à eux seuls 16 des 22 tués de l'an passé. Suivi par les motocyclistes (4) et les piétons (2). Que l'été restait la saison la plus dangereuse pour la circulation. Que la vitesse restait la cause la plus marquante dans la plupart des cas (dans 59% des accidents mortels) suivie de près par la consommation abusive d'alcool. Ou alors que l'âge des auteurs présumés d'accidents corporels se situait entre 25 et 34 ans.
Les statistiques du ministère de la Mobilité ont même déterminé le type de voirie ayant vu, l'an passé, le plus de morts et blessés. Et ce n'est pas l'autoroute qui monte sur la première marche (tragique) du podium. Même si elle voit circuler le flux le plus conséquent de véhicules. En fait, 72% des accidents mortels ont eu lieu sur des routes de campagne. Même contexte pour 45% des accidents graves. Il est vrai, qu'en longueur, ces axes constituent la majeure partie du réseau luxembourgeois.
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Se montrer plus sévère face aux chauffards, améliorer les conditions de circulation, développer le réseau des radars (fixes ou mobiles) : François Bausch sait qu'il faudra actionner tous ces leviers pour faire encore baisser les chiffres. 1.296 blessés à déplorer sur les routes et 22 vies perdues, c'est encore bien trop.