Lutter pour le climat oui, être taxé non
Pour son troisième volet, le Politmonitor s'est intéressé à l'avis des électeurs sur les différentes mesures annoncées ou proposées par les politiciens. L'occasion de découvrir celles qui sont bien accueillies et celles qui ne le sont pas.
Favorables à la hausse des aides en faveur de l'électromobilité, les électeurs s'opposent à une hausse généralisée de l'imposition pour financer la lutte contre le changement climatique. © PHOTO: Hendrik Schmidt/ZB/dpa
L'annonce du gouvernement de rendre les transports publics gratuits pour tous à partir du 1er mars 2020 a fait l'effet d'une bombe, fin 2018. Une mesure qui a trouvé un large écho dans la presse internationale et qui reste largement populaire, à cinq mois de son entrée en vigueur. Dans le Politmonitor, réalisé par TNS Ilres pour le compte du Luxemburger Wort et de RTL entre le 3 et le 14 octobre 2019, 64% des personnes interrogées étaient convaincues de son bien-fondé.
Les électeurs du DP (81%) apparaissent comme les plus favorables à la mesure qui figurait dans le programme de campagne des libéraux, suivis de Déi Gréng (77%) et des électeurs du LSAP (70%). Venue de la triple coalition, l'idée ne séduit pas la majorité des électeurs du CSV (47%). Seuls les jeunes de 18 à 24 ans, électeurs chrétiens-sociaux souhaitent largement la mesure (76%).
Autre sujet qui truste l'actualité, le débat sur la sauvegarde du climat. Une thématique pour laquelle les électeurs luxembourgeois indiquent être prêts à changer leur comportement et leurs habitudes. 62% des répondants du Politmonitor croient que la taxe sur les véhicules devrait être liée à la puissance des véhicules. Sans surprise, les électeurs écologiques adhèrent le plus à cette idée (70%), alors qu'ils ne sont que 60% chez les soutiens du DP. Les électeurs du LSAP et du CSV, eux, affichent des valeurs comparables (62 et 63 %). Il est intéressant de noter que l'approbation augmente avec l'âge. Les 18-24 ans sont les moins convaincus (39 %) et ce chiffre passe progressivement à 78 % chez les plus de 65 ans.
Cependant, cette tendance générale cache bien des nuances, puisque toutes les mesures proposées ou avancées ne recueillent pas le même satisfecit. Si une hausse des subventions en faveur de l'électromobilité est préconisée par 44% des électeurs, le financement de la lutte contre le changement climatique par une augmentation généralisée des taxes ne séduit que 34% du panel interrogé. 57% y sont opposés, particulièrement parmi les 35-44 ans. À noter que plus le niveau d'éducation est élevé et plus le revenu est élevé, plus le soutien en faveur d'une taxe climatique est important.
© PHOTO: AFP
Le rejet d'une hausse substantielle de la taxe sur les voitures est encore plus prononcé que pour la taxe climatique. 66% s'y opposent, contre seulement 27% de soutien. Dans ce domaine, ce sont les 45-54 ans qui s'y refusent avec le plus de véhémence (70 %). Et là aussi, plus le niveau d'éducation et le revenu sont élevés, plus le soutien en faveur d'une taxe automobile plus forte est important.
Ce que les électeurs n'approuvent pas du tout, c'est l'obligation de posséder une voiture électrique à partir de 2025, conséquence de l'idée de n'autoriser l'immatriculation que ce type de véhicule. 78% sont contre et seulement 11% pour. Les plus jeunes apparaissent comme les plus modérés, avec un refus à 67% contre et 16 % pour. Le non reste majoritaire, quels que soient le niveau d'instruction et le revenu.
Enfin, l'introduction d'une limitation de vitesse permanente à 90 km/h sur les autoroutes divise les électeurs. 49 % sont pour, 43 % contre. Seuls les électeurs Déi Gréng soutiennent largement cette idée (62 %), même si le taux d'approbation augmente avec l'âge. Les jeunes électeurs trouvent l'idée peu attrayante (26% en faveur), la majorité des plus de 65 ans la trouve bonne (65%).
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La question de la légalisation du cannabis à des fins récréatives obtient pour sa part un soutien majoritaire, puisque 50% des répondants s'y disent favorables - contre 39% d'opposants. Seuls 10% des sondés n'avaient pas d'opinion ou n'ont pas répondu à la question. Sans surprise, l'approbation se trouve être la plus élevée parmi la très jeune génération d'électeurs (67 %) et diminue avec l'âge. Autre fait intéressant : 17 % des jeunes de 18 à 24 ans n'ont pas d'opinion sur le sujet ou n'ont pas répondu à la question.
Le Politmonitor montre également que les électeurs veulent voter sur la nouvelle Constitution (59%) et veulent une circonscription électorale uniforme (51%). Toutefois, l'enquête montre également que de nombreux électeurs n'ont pas exprimé d'opinion ou répondu à ces questions. Pour la circonscription unique, le taux atteint les 13 %, contre 19 % pour le référendum, soit près d'un cinquième des personnes interrogées.
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La question de l'expropriation est clairement une question sensible au sein de la classe politique. Une crispation que les électeurs ne semblent pas ressentir, puisque 42% d'entre eux se disent en faveur de la mesure si elle sert l'intérêt général. Seulement 36 % des répondants s'y opposent. À noter toutefois que 22% n'ont exprimé aucune opinion ou déclarent ne pas avoir d'opinion sur la question. Le pourcentage est le plus élevé chez les jeunes de 18 à 24 ans, soit 49%. Le taux d'approbation dans ce groupe d'âge est très faible, soit 20%, mais il augmente avec l'âge. Pour atteindre 57% parmi les plus de 65 ans.
Enfin, la question du financement de la Cour grand-ducale par des fonds publics apparaît comme potentiellement explosive. Seuls 29% y sont favorables et plus de la moitié des répondants (51%) s'y opposent. Une différence entre les hommes et les femmes sur ce point apparaît clairement, les premiers soutenant la mesure à hauteur de 36%, contre 22% pour les secondes. Les niveaux d'approbation les plus bas se retrouvent chez les 18 à 24 ans et les 25 à 33 ans (21 et 19 %). Mais leur indécision est encore plus grande (34 % et 21 %).
Le sondage d'opinion représentatif Politmonitor a été réalisé par TNS Ilres pour le compte du Luxemburger Wort et de RTL. Au cours de la période du 3 au 14 octobre 2019, 1 027 résidents admissibles ont été sondés. L'enquête a été réalisée en ligne via MyPanel de TNS Ilres. Les données brutes ont été pondérées en fonction des variables suivantes : groupe d'âge, sexe, zone résidentielle, profession et niveau d'éducation (données Statec). La marge d'erreur pourrait se situer entre 1,3 et 3,1 points de pourcentage. Les données méthodologiques ont été fournies par l'ALIA (notamment alia.lu).