Nourriture gratuite ou au tiers du prix pour les plus démunis
A peine ouverte, la première épicerie sociale gérée par Caritas à Luxembourg compte déjà 50 clients actifs. Des personnes qui sont momentanément dans une passe difficile y achètent pour pas grand-chose, voire rien, des denrées et produits de base. C'est bien plus qu'une épicerie.
Produits laitiers, fruits frais, légumes, huile, pâtes... sont vendus un tiers du prix du marché dans la «Caritas Buttek» à ceux qui disposent d'une carte d'accès que délivre l'Office social de la Ville de Luxembourg aux plus démunis. «En économisant sur leur budget alimentaire, ils peuvent payer leurs factures», explique Sylvie Debernade en charge des épiceries sociales chez Caritas. © PHOTO: Maurice Fick
Par Maurice Fick
A peine ouverte, la première épicerie sociale gérée par Caritas à Luxembourg compte déjà 50 clients actifs. Des personnes qui sont momentanément dans une passe difficile y achètent pour pas grand-chose, voire rien, des denrées et produits de base. «La viande part souvent très très vite», témoigne la responsable. C'est bien plus qu'une épicerie.
«La pauvreté a tendance à augmenter au Luxembourg. Nous avons de plus en plus de familles monoparentales car ce sont elles qui souffrent le plus de la pauvreté», voit bien Sylvie Debernade, responsable des épiceries sociales chez Caritas.
Entrent uniquement ceux qui disposent du sésame: une carte d'accès personnalisée. Elle est délivrée par les assistants sociaux de la Ville de Luxembourg. A ceux qui se trouvent momentanément dans une situation financière précaire. «En économisant sur leur budget alimentaire, ils peuvent payer leurs factures», explique Sylvie Debernarde.
«Cette gratitude qu'on vous montre et ces sourires qu'on vous donne... c'est formidable», glisse Claudio Mongiat à la caisse. © PHOTO: Maurice Fick
«Un bon de 25 euros, c'est vraiment pas mal avec les prix pratiqués ici», témoigne Paco (prénom d'emprunt) qui fait les courses «pour sa mère malade des os». Elle peut se servir gratuitement une fois par semaine dans les rayons et les frigos à viande de l'épicerie sociale.
Trois prix affichés sur les rayons
«Regardez avec quoi je pars!», sourit Paco en soulevant trois sachets remplis de «poivrons, oignons, courgettes, saucissons mais aussi de viande de porc et choux blancs pour faire de la soupe albanaise». Un bon est valable au maximum pour trois mois. Il s'élève, en règle générale, à 25 euros par semaine pour un adulte et à 20 euros par semaine pour un enfant.
Sur les étals soigneusement rangés, sont affichés trois prix. Sur fond blanc, le prix réel. Celui pratiqué chez Auchan ou chez Cactus. Il est barré. Sur fond jaune, le prix à payer par ceux qui n'ont pas obtenu la gratuité. C'est le tiers du prix pratiqué sur le marché pour le même produit. Les clients de la «Caritas Buttek» peuvent acheter un kilo de spaghetti de marque pour 0,91 euro ou un bon faux-filet de boeuf de 800 grammes pour 8,45 euros par exemple.
Le troisième «prix» c'est zéro euro pour tous les bénéficiaires. «Ce sont des denrées et produits de première nécessité estampillés du Fonds européen d'aide aux plus démunis (FEAD)», explique Sylvie Debernade en montrant un rayon où se bousculent huile, paquets de sucre, shampoings, etc. Le Fonds soutient les actions menées par les pays de l'UE pour apporter une assistance matérielle aux plus démunis.
Peu de choix, beaucoup d'écoute
Ce qui saute aux yeux, c'est la simplicité de l'offre. Le «client» trouve tout ce dont il a besoin pour s'alimenter de façon équilibrée. Il n'a pas le choix entre plusieurs marques comme au supermarché. Excepté pour les pâtes. Le faux-filet est un vrai produit de luxe ici.
Les étals sont moins alléchants dans l'épicerie sociale qu'en grande surface. En revanche, l'accueil est particulièrement soigné. Individualisé. Le gérant commence par faire le tour du magasin avec le bénéficiaire dont il ne connaît pas la situation privée difficile. «D'abord nous expliquons le fonctionnement de l'épicerie et le principe des bons», résume Leonora Lika, la gérante. L'épicerie est ouverte les mardis et jeudis de 10 à 18 heures en continu. Les lundis, mercredis et vendredis après-midi de 14 à 18 heures.
Aidée de Claudio Mongia, son rôle est d'écouter et de conseiller ceux qui sont envoyés ici par les offices sociaux. «J'ai déjà reçu un jeune homme qui ne savait absolument pas quoi acheter. Il s'est rué sur les pots de sauce bolognaise. Je lui ai montré que nous avions des blancs de poulet et je lui ai imprimé des recettes vraiment faciles à réaliser avec du poulet», raconte Leonora Lika avec son éternel sourire accueillant.
La convivialité est le maître-mot. Le client peut prendre un café avec le gérant. Si besoin, accéder à un ordinateur pour imprimer un CV.
70 passages en caisse par jour, «c'est énorme»
«Nous avons une forte fréquentation dans nos magasins», sait Leonora. Voilà quatre ans qu'elle accueille ceux qui sont dans le besoin aux quatre coins du pays. Dans «notre épicerie sociale de Diekirch, nous avons 250 clients actifs par mois! Certains jours, nous enregistrons jusqu'à 70 passages en caisse. C'est énorme pour une épicerie sociale», témoigne Léonora.
Elle voit bien que là-dehors tout ne tourne pas rond mais elle adore son job dans ce magasin pas comme les autres. «Ce qui me plaît beaucoup, c'est ce contact avec les personnes, savoir leur donner quelques produits bien sûr mais surtout... un sourire».
Situés au 21, rue Michel Welter dans le quartier de la gare, dans un immeuble de logements sociaux, les locaux de la «Caritas Buttek» sont mis à disposition par la Ville de Luxembourg. Elle prend entièrement en charge les frais de fonctionnement.
C'est la douzième épicerie sociale ouverte au Grand-Duché. Huit sont gérées par la Croix-Rouge luxembourgeoise et quatre par Caritas Luxembourg.